Je suis Rage

Nous y voilà : enfin je peux m’atteler à l’écriture de cette revue de Je suis Rage, écrit par le talentueux Neil Jomunsi. C’est avec les images d’une épique et lyrique bataille en tête que j’écris ces mots, après quelques semaines de lecture acharnée. Il faut dire que la bête est épaisse, et moi un lecteur inconstant.

Je suis Rage… Tout un programme ! Je dois reconnaître avoir entamé ce livre sans vraiment faire attention à ce qu’il contenait. Face à un tel titre, je m’attendais au départ à un récit misanthrope comme on en a trop vu, ce qui m’aurait d’ailleurs certainement déçu. Devant les premières pages, je me suis attendu à un polar nerveux et haletant. Passé les premiers chapitres, j’ai enfin compris que Je suis Rage n’était pas le genre de livre qu’il fallait essayer de catégoriser.

Le livre s’attarde sur des rebuts de notre société, des laissés pour compte, des inadaptés. Il s’intéresse aussi aux sentiments qui dictent nos conduites et nos états d’âme, qui font de nous des animaux ou des êtres doués de conscience. Le livre s’intéresse aussi à Dieu, à la croyance, à la foi, à l’Humanité. Et bien sûr, n’oublions pas les nombreuses scènes violentes et torturées. Je suis Rage, c’est finalement un beau bordel bien difficile à résumer en quelques mots !

Hermann, le personnage principal, est un solitaire qui ne se sent pas franchement en adéquation avec l’espèce humaine. Différentes expériences malheureuses vont forger sa rage, jusqu’à la rendre matérielle à travers une boule qui lui pousse sur le crâne. A quelques quartiers de là, Lucie, gamine esseulée qui vit à travers ses rêves, est touchée par une expérience semblable puisque son ventre se gonfle lui-aussi d’une curieuse protubérance. Les deux personnages vont donner naissance malgré eux à deux incarnations terrifiantes : Rage et Peur qui, tout droit sortis des étrangetés physiques de leurs parents respectifs, vont semer le chaos dans une ville déjà secouée par les émeutes.

Sur ce pitch va se dresser progressivement un récit tantôt fantastique, tantôt épique, tantôt apocalyptique, sur fond permanent de rage et de violence. J’ai apprécié ce roman comme on apprécie une chose curieuse et inattendue. Je salue au passage l’imagination débordante de Neil Jomunsi, qui a écrit ici un texte vraiment original et qui sort du commun.

A chaque nouveau chapitre, je ne pouvais m’empêcher de penser que Je suis Rage était typiquement le genre de texte que le numérique pouvait propulser, car un livre si long et aussi peu habituel aurait finalement peu de chance d’être accepté dans l’édition traditionnelle, non pour son manque de qualité mais par le risque qu’il représentait pour tout éditeur.

Pour conclure, je recommande chaudement ce livre à tous les amateurs de bizarreries littéraires, en particulier aux personnes friandes de récits apocalyptiques, voire même de Fantasy. En revanche, je ne le recommande ni à un public trop jeune ni aux lecteurs ayant le cœur fragile et peu accroché !

Quoi qu’il en soit, je vous conseille de vous le procurer au plus vite, ne serait-ce que pour voir ce qu’il a dans le ventre ! Je suis Rage est disponible sur Amazon et Kobo au modeste prix de 3,60€. Vous pouvez également retrouver sa présentation sur le site de l’auteur, que je vous invite à suivre de près !

Retour écrit pour le club des lecteurs numériques

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6 réflexions sur “Je suis Rage

  1. Bonsoir,
    J’ai téléchargé hier soir ce livre sur « immateriel ». Et puis j’ai envoyé un mail à l’adresse de contact avec la simple question « pourquoi ce livre est-il gratuit ? ».
    Voici la réponse reçue aujourd’hui de l’éditeur Walrus. Je tiens à vous la communiquer car je la trouve… rafraîchissante, tonifiante… pas vous ? C’est en tout cas ce que je leur ai répondu.

    Réponse de Julien Simon (Walrus) :

    Bonjour M. Garnier,

    Je suis l’éditeur de « Je suis Rage » et votre message m’a interpellé. En effet, c’est une question que nous ne nous étions pas réellement posée dans ce contexte. « Pourquoi », tout simplement. Et bien pour vous répondre, il a tout d’abord été proposé gratuitement à l’occasion du premier anniversaire de notre maison d’édition numérique. Nous avions prévu de le laisser gratuit pendant quelques jours, puis devant l’engouement de téléchargement, nous sommes posé la question de l’accessibilité du texte. En effet, le ratio de téléchargement entre un titre payant et un titre gratuit est environ de 1 pour 100, quelquefois même 1 pour 500, voire 1 pour 1000…
    Étant donné la nature même du texte (notre premier texte, emblématique de notre maison, et probablement celui que nous préférons encore aujourd’hui et dans lequel nous voyons le meilleur potentiel littéraire) nous avons pensé qu’il serait un bon étendard. Une manière élégante de promouvoir la littérature numérique, la lecture dématérialisée. Il y a tellement de mauvais textes dans la nature. Celui-ci est excellent, et n’existe QUE en numérique. Nous pensons donc qu’il est une sorte de marque de fabrique pour nous. Et qu’à ce titre, il sert davantage notre cause en étant téléchargé librement et en touchant un maximum de lecteurs. Nous espérons que ce roman donnera envie à ses lecteurs de revenir voir notre catalogue.
    J’ajoute que l’auteur a été pleinement impliqué dans la réflexion, et que son aval a été la condition sine qua none à cette mise à disposition gratuite.
    Certains diront qu’un texte gratuit, c’est louche. Que c’est sûrement mauvais. Et c’est vrai dans beaucoup de cas.
    Nous pensons qu’avec ce roman exceptionnel gratuit, le mot passera d’une oreille à l’autre, d’un blog à l’autre. C’est ce qui se passe, lentement car c’est un roman exigeant et long, et nous sommes ravis de voir des lecteurs avoir envie de partager leur découverte. N’hésitez pas, si le roman vous plaît, à laisser votre avis sur les plateformes de téléchargement. C’est aussi une forme de « rétribution » possible.

    Dans tous les cas, je vous souhaite une excellente lecture en compagnie de « Je suis Rage » et de son héros Hermann.

    Bien à vous,

    Julien

    • Bonjour Jean-Christophe,

      Très bonne idée que de poser la question, et très bonne idée de placer ici la réponse de Julien. Pour suivre les Studios Walrus sur Twitter, cette réponse ne m’étonne pas d’eux !

      Il est vrai que ce choix de la gratuité peut étonner, d’autant plus que « Je suis Rage » est l’un des textes d’éditeur Pure player le plus long qu’il m’ait été donné de lire. Quand je vois que certains textes numériques sont critiqués car jugés trop courts, ça me fait bien sourire.

      En tout cas je partage votre avis : une réponse rafraichissante qui montre l’ouverture des petites éditeurs numériques et leur volonté de réussir.

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