L’auto-édition est-elle faite pour moi ?

La semaine dernière, je vous présentais sommairement le principe de l’auto-édition (disons plutôt l’auto-publication pour s’accorder les bonnes grâces de tous !). Outre la simple présentation de l’auto-édition, qui est bien gentille mais peu utile, je tenais davantage à orienter -ou non- les auteurs vers l’auto-édition, grâce à quelques modestes conseils. Cet article constituera donc le premier de ces conseils, qui est d’ailleurs davantage à considérer comme une simple introduction, nécessaire avant toute tentative d’auto-édition.

« L’auto-édition est-elle faite pour moi ? » : voici la question principale à se poser pour cette toute première étape. La question peut paraître stupide, et on aurait vite fait de passer à côté, mais elle est pourtant lourde de sens. L’auto-édition n’est pas une démarche bénigne, puisqu’elle demande du temps, un peu d’expérience et une solide motivation. Quand écrire un bouquin peut déjà s’avérer difficile (manque de motivation, découragement,..), l’auto-éditer peut devenir un vrai calvaire, voire être vécu comme un véritable échec personnel. Bon, comme je viens de déprimer une bonne partie de l’auditoire, on se reprend, on avale un Prozac COURTOISIL, et on répond à ce fameux questionnement ! Pour orienter votre pensée, et déterminer si oui ou non vous êtes fait(e) pour l’auto-édition, voici quelques questions qui serons, je l’espère, révélatrices :

  • Est-ce que j’ai tout fait pour être édité ? Parfois, même très souvent admettons-le, l’auto-édition est le second choix après l’édition à compte d’éditeur. Si votre seule envie est de voir votre livre publié mais que vous ne vous sentez pas forcément le courage de le faire vous-même, réfléchissez à la question ci-dessus ! Si vous réalisez que vous n’avez pas tout fait pour être édité, si vous avez à peine envoyé votre œuvre à quelques maisons d’édition, persévérez ! Multipliez les envois, assurez vous que vous visez des éditeurs qui concordent avec vos écrits, vérifiez que vos manuscrits sont soignés, soyez sûr d’avoir tout essayé, surtout si vous ne vous sentez pas instinctivement attiré par l’auto édition !
  • Mon œuvre mérite-t-elle vraiment la publication ? Les éditeurs, on n’est pas très gentils avec eux, on les accuse souvent d’être de vrais escrocs, de faire du copinage, de ne jamais lire les manuscrits, de boire du sang humain… Bref, des arguments souvent fondés, mais qui ne doivent pas servir de prétextes pour ne pas vous remettre en cause. Avant de vous lancer vraiment dans l’auto-édition, essayez de trouver des critiques sincères, et de déterminer si vous êtes un génie incompris, ou un mauvais auteur compris. Parfois, votre œuvre n’est tout simplement pas assez aboutie pour être publiée (que ce soit en édition traditionnelle ou en auto-édition), ou encore truffée de fautes d’orthographes. Si c’est le cas, l’auto-édition ne vous apportera jamais la consécration que vous attendiez !
  • Pourquoi est-ce que je veux être édité ? S’il s’agit d’une simple affaire d’égo, d’honneur, du plaisir de voir votre texte joliment imprimé sur un bouquin, je vous conseille de vous diriger vers les petites maisons d’édition, plus ouvertes aux auteurs inconnus. Si votre ambition est plutôt de relever un défi, de rencontrer votre lectorat, voire à terme de vivre de votre plume, mieux vaut alors tenter l’auto édition. Au sujet de la partie « vivre de votre plume », ne vous leurrez pas, les possibilités sont infimes : même les auteurs de Gallimard sont peu nombreux à ne vivre que de ça, alors imaginez chez les auto-édités !
  • Pourquoi est-ce que je fais ça ? Cette question, vous pouvez vous la poser quand vous réalisez que vous surfez sur un site internet dédié aux lémuriens depuis une demi-heure alors que vous étiez censés bosser. Vous pouvez aussi, plus concrètement, vous la poser avant de vous lancer dans l’auto-édition. Si vous réalisez que vous faites ça par passion, que vous aviez toujours voulu vous lancer, que c’est un défi que vous aimeriez relever ou encore que vous pensez que ce sera l’opportunité de faire des rencontres et d’améliorer votre plume, c’est une très bonne chose ! Si en revanche la réponse est « pour devenir riche », « pour draguer les filles » ou « parce que j’ai vu ça dans un épisode des Experts », vous gagneriez peut-être à intensifier la réflexion…
  • Ai-je le temps de me lancer ? Selon votre situation professionnelle, il sera peut-être impossible pour vous de consacrer suffisamment de temps à l’auto édition. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un commerce, et qu’il est nécessaire d’y consacrer un certain temps pour obtenir quelques résultats (parfois bien maigres malheureusement). Écrire, promouvoir, vendre… Tout cela prend du temps, et dépasse de loin le simple loisir qu’est l’écriture ! Par ailleurs, je vous déconseille d’abandonner votre emploi pour tenter l’aventure : l’auto-édition ne doit pas être vécue comme une ruée vers l’or !
  • Ai-je les moyens de me lancer ? Je suis plutôt du genre à dire qu’on peut tout faire par soi-même, sans débourser un centime, et je pense sincèrement que c’est en partie vrai ! C’est d’ailleurs le principe de l’auto-édition ! Seulement il vous faudra parfois, et malheureusement, débourser un peu d’argent dans votre activité (pour héberger votre site internet, pour investir dans un logiciel, pour imprimer des livres, pour payer un correcteur ou un graphiste, pour acheter un sandwich,…). Assurez-vous donc d’avoir un peu d’argent de côté ! Néanmoins, je vous conseille de conserver l’esprit «radin malin», et d’y réfléchir à deux fois avant d’investir le moindre euro : cela vous poussera à faire par vous-même et vous évitera surtout de tomber dans les arnaques courantes du milieu !
  • Suis-je suffisamment documenté ? Une dernière question à se poser avant de signer un contrat avec vous-même ! L’auto-édition, c’est un peu une forme de création d’entreprise, cela nécessite donc quelques connaissances préalables. Pire encore, comme l’auto-édition s’appuie sur une passion, il y aura toujours une bande de rapaces prêts à dépecer votre porte-monnaie dès que vous vous lancerez (des rapaces ? Qui a dit « compte d’auteur » ? Je veux un nom !). Bref, un peu d’information et de documentation ne vous fera jamais de mal, même si elle est parfois dure à trouver !

« Où trouverais-je l’information ?» me dites-vous les yeux mêlés de crainte et d’espoir : et bien je l’espère (entre autres) sur le Souffle Numérique, dès que l’auteur (qui parle parfois de lui à la troisième personne) aura fini de publier des articles stupides à base de question inutiles et de vaines plaisanteries. Pour être sûrs de ne louper aucun article, n’hésitez d’ailleurs pas à souscrire à ce blog ! Vous pouvez également vous abonner à notre offre Maxi Gold pour seulement 350 par mois, et recevoir des conseils personnalisés, des articles sur commande, un suivi adapté, des images de vampire, des gifs animés, des parts de pizza, des… Non : je plaisante !

N.B : Si l’auto-édition vous intéresse mais que vous n’avez rien à faire de l’édition numérique (ou vice-versa), n’hésitez pas à utiliser les catégories du blog pour trier les articles.

Cet article a été librement inspiré d’une fiche pratique de ma confection, postée sur mon compte Youscribe. Vous pouvez lire cette fiche ici et découvrir mon compte si le cœur vous en dit !

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10 réflexions sur “L’auto-édition est-elle faite pour moi ?

  1. J’aurai aussi préconisé la lecture du livre de Jiminy Panoz sur l’auto-publication dont les conseils pratiques sont pleins de bon sens à mon avis, mais on va m’accuser de copinage (alors qu’il ne m’a jamais payé la moindre bière, le moindre café).

    Je préciserai ou reformulerai un peu ton propos si tu le permets : on peut considérer l’auto-publication en dernier recours si et seulement si on est sûr et certain que son oeuvre mérite d’être publié. Cela sous-entend notamment qu’on a pas eu seulement des critiques dithyrambiques de son entourage familial, que l’on s’est fait relire (pour la grammaire et l’orthographe) par une personne compétente si ce n’est un professionnel. Et il faut absolument ne pas sous-estimer la partie technique : la couverture doit être professionnel, et le fichier ePub de qualité (mise en page notamment). Quand on voit ce dont sont capables certains spécialistes de l’auto-édition…

  2. Je reste persuadée que les éditeurs boivent du sang humain et gobent des yeux d’auteurs en apéritif !

    Bon article.
    Un peu comme la phrase de François Bon sur le choix du numérique AVANT l’écriture et non après l’échec : et si on choisissait l’auto-édition d’emblée ? Et non parce qu’on veut absolument être publié et qu’on nous a refusé partout ?

    Ça ôterait l’image « second choix » (donc de mauvaise qualité). Mais là, je sais que je rêve, l’espoir de tous est d’être publié à compte d’éditeur, non ? 😛

    Sinon, je confirme : choix volontaire, chemin ardu et grande richesse… intérieure, sprituelle, philosophique au rendez-vous !

  3. @JBB Panoz c’est un pingre, jamais il offre une bière ! 😀 Plus sérieusement, j’ai particulièrement apprécié la dernière partie de son petit guide, quand il reprend le parcours idéal de l’auto-publié et donne quelques petites idées bien malignes. Je ferai certainement une critique de son guide un de ces quatre, mais j’attends que sorte la version française !

    En effet, c’est surtout sur la partie technique comme tu le dis (mise en page, couverture,…) que je tendrais à nuancer mon côté radin pour dire « oui, un peu d’investissement de ce côté là ne fait pas de mal ». L’important est de donner un aspect super pro. Je trouve que quand on cherche à concurrencer une maison d’édition, il faut au moins pondre un livre aussi net que les leurs ! Du côté technique encore, si je parle numérique, je dirais qu’il est quasi impossible d’auto-publier un livre augmenté, à moins d’être soi-même graphiste et compagnie. Mais tout ça, c’est une autre histoire !

    @Paumadou Pour les yeux d’auteurs, c’est pas moi qui le dit ! (mais j’en avais aussi entendu parler :-)) Au sujet du choix de l’auto-édition AVANT celui de l’édition, je dirais que c’est l’une des craintes des éditeurs face aux auteurs. Plus il sera facile de se publier (et le numérique rend l’opération plus facile) plus les auteurs risquent de le faire ! Cf : JK Rowling et Pottermore si j’ai bien suivi !

  4. Whoups, passé à côté de ça. Merci pour la promo 😉

    D’ailleurs, on accueille bien volontiers les critiques négatives, pour peu qu’elles soient construites. Les critiques sont malheureusement trop rares, les auteurs US y sont également confrontés, on doit tourner à 2% de lecteurs qui notent et 0.5% de lecteurs qui font une critique rédigée. Ce n’est pas propre au livre pour autant, les mêmes proportions s’appliquent à peu près aux articles de sites et blogs. Donc, toujours bienvenues, bonnes ou mauvaises, car le lecteur aura fait l’effort de prendre le temps de donner son ressenti et d’aider auteur à savoir ce qu’on pense de son travail 🙂 Après, si d’autres critiquent (de façon grossière) pour faire la promo de leur bouquin, tant mieux. Pense qu’un bon bouquin, tout du moins un bouquin correct, n’a pas besoin d’un « bouquin-ennemi » pour exister. Personnellement, je pense même que c’est contre-productif comme promotion.

    D’ailleurs, vous venez de me rappeler qu’il faudrait que je bosse dessus ^^

    Plus sérieusement, ça bosse assez dur :

    – pas mal d’adaptations, dont ce fameux plan marketing de lancement,

    – des interventions diverses ( une intervention de Paumadou serait-elle possible, du coup ? Si oui, je te contacterai par mail),

    – des bonnes nouvelles à annoncer pour les prochains mois,

    – une analyse encore un peu plus affinée,

    – peut-être des conseils de promotion plus nombreux ou plus précis et travaillés… même si, honnêtement, je pense qu’elles ne sont pas applicables généralement et que l’auteur auto-publié doit trouver sa stratégie à lui,

    – des parties supplémentaires, dont un tutoriel ePub, des corrections stratégiques par rapport au Prix Unique, un passage sur l’évangélisation numérique (ce qui a été fait par les indés US au départ et qu’ils n’ont plus à faire aujourd’hui)

    – plein d’autres choses encore secrètes.

    Bon, maintenant, reste à voir quand publier ça pour avoir quelque chose de simple à mettre en place et stable (donc pas de mise à jour un mois après). Si certaines rumeurs sont fondées, ça devrait arriver courant Octobre.
    On sait déjà à qui il s’adresse, on sait à peu près comment viser le lectorat-cible, on va faire en sorte qu’il soit pratique tout en gardant la philosophie de base : auto-publication est un choix, il faut l’assumer.

    PS : pour café / bière / coke, voir avec mon agent, Monsieur l’Enfoiré 😉

    • @JBB et Panoz : C’est clair qu’il fait doucement monter la sauce le Panoz, à chaque nouveau commentaire il ajoute un détail ou deux sur la version française. Bientôt il va nous révéler qu’elle sera livrée avec des photos de charme ! En plus il manie bien les mots clefs, il sait que parler de Coke va ramener tous les fans de Beigbeder dans le coin !

      @Paumadou et encore Panoz : En plus, sans vouloir faire mon fayot une énième fois, Paumadou a plein de trucs intéressants à dire sur l’auto-publication ! Ravi que cet article ait pu jouer l’entremetteur entre vous ! 😀

  5. @Jiminy Panoz : elle n’en finit plus d’arriver cette édition en Français 😉 tu maitrises bien le teasing en tout cas ! 😀

    De la coke ? C’est Beigbeder ton agent ? L’auteur-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-non avait raison : tu es à la solde des éditeurs papiers et ton seul but est de détruire le numérique de l’intérieur !

  6. @Jiminy Panoz: Je souhaiterais acheter l’une puis l’autre version du livre, mais aime beaucoup (trop ?) Smashwords comme distributeur. C’est envisageable une diffusion chez eux ?

  7. Hum, je te cache pas qu’on cherche aussi simplicité et rentabilité sur la distribution. Smashwords étant basé aux USA, ça engendre pas mal de nécessités administratives dont on a pas forcément besoin en ce moment vu le retard accumulé jusqu’ici (pour info, on a près de 3 mois et demi de retard sur un projet important).

    Grosso modo, la distribution, on a beaucoup à en dire. Reçu un mail d’un autrichien mécontent il y a quelques heures, parce que le guide n’était pas dispo sur iBookStore chez eux. Les livres sont pourtant disponibles en Italie (chez pas mal de revendeurs en plus) mais avec 15% d’augmentation… « Génération Enragée » est dispo au Canada mais pas gratuit (il est vendu 1 dollar sans qu’on sache pourquoi) !

    Bref, je ne te cache pas que c’est un gros bordel et que nous ne sommes même pas maîtres de la situation :/ Et le temps perdu à trouver des solutions aux problèmes de diffusion qu’on rencontre, on ne peut pas nous occuper des autres revendeurs / distributeurs.
    Maintenant, concernant Smashwords, on a un autre gros problème, et il est quand même très important : ils n’acceptent pas ePub en format source. Du coup, ça réduit énormément la pertinence de Smashwords comme distributeur, d’autant qu’on fait en plus de l’enrichi. Du coup, on a aucune maîtrise sur la distribution niveau technique et c’est ça qui nous embête un peu. Ça n’enlève rien aux qualités de la plateforme (elles sont nombreuses et tu les connais aussi bien que moi 😉 ) mais y’a juste cet aspect technique qui fait que malheureusement, ça bloque. Pour eux également, c’est un choix assumé et ils l’annoncent clairement. Je ne connais pas leurs intentions sur l’accueil de cette niche (l’enrichi) et des éditeurs indés pas auto-publiés (même s’ils les accueillent déjà sur du livre textuel), mais ça ne veut pas dire que la situation ne changera pas. Et t’inquiète pas que je ferai remonter l’info à Ju si les choses changent 😉

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