Hadopi versus Licence globale : Première partie

Hadopi versus Licence globale, voici le titre du débat organisé hier soir à la Médiathèque Musicale de Paris, rien que ça ! Cet article de Libre accès pourrait d’ailleurs vous éclairer sur le sujet. Histoire de quitter un peu les écrans et de changer les habitudes, moi qui ai justement l’immense « privilège » de fréquenter la ville lumière ces derniers temps, c’est avec plaisir que j’ai assisté à ce débat (surpris de constater qu’un débat était l’équivalent des commentaires de blogs, mais dans la vraie vie : un concept qui a sans doute de l’avenir !). Cette expérience fut riche d’intérêt, non pas grâce à la valeur du débat, mais plutôt grâce à celle des idées apportées par chacun des intervenants.

Ces intervenants : qui étaient-ils ? Rien de tel pour les présenter que de les séparer en deux camps à peine caricaturaux. D’un côté, les grands méchants : à savoir Bruno Lion, administrateur de la SACEM, et Eric Walter, secrétaire général de l’Hadopi  (je sais que pour la plupart de mes lecteurs, cela revient un peu à entendre « Dark Vador, second de l’Empereur, et Saruman, suppôt de Sauron », mais il serait dommage de s’arrêter à cela !). De l’autre côté, les gentils :  Benjamin Bayart, président de French Data Network, Jeremy Zimmermann, fondateur de la quadrature du net,  et enfin Maxime Rouquet, Président du Parti Pirate.

Je ne citerai pas les deux derniers participants, représentants respectifs du PS et de l’UMP, qui jouaient un peu le rôle de Laurel et Hardy du débat -que dis-je de Pif et Hercule !- et n’ont finalement apporté, à mon sens, que la vision déjà parodique que j’avais de la politique française actuelle : UMP super démago et PS « tout est beau, tout est gentil », le tout sans apport d’idées ni connaissance apparente du sujet. Je pense qu’ils n’avaient tout simplement pas leur place dans ce débat, car je n’ai pas l’impression que qui que ce soit dans le public était venu pour affiner son vote de 2012…

Bref, concernant la tenue du débat, il s’est passé exactement ce qu’on aurait pu attendre. Les méchants ont avancé leurs propos… pas toujours raisonnables, ce à quoi les gentils ont rétorqué par d’amusantes répliques « trollesques » (du mot des participants) et quelques arguments… pas toujours raisonnables. Les gentils ont recueilli rires et applaudissements -je suis le premier à m’y être laissé aller (surtout face aux remarques fort pertinentes de Benjamin Bayart, et aux amusantes répliques d’un Jérémy Zimmermann à la joyeuse répartie), et les méchants n’ont recueilli que le silence.

Au final, ce débat m’a surtout permis de découvrir des personnalités  phares du numérique -moi qui me cantonnais jusque là à l’édition, sans particulièrement m’attarder sur le traitement de la musique, des films, des jeux vidéos,…- et d’entendre leurs idées, qui reprenaient foncièrement une grande partie des enjeux du traitement du « numérique culturel » en France. Benjamin Bayart était celui qui, selon moi, apportait le plus de grain à moudre au débat, lui qui avait une vision relativement objective de la chose et un point de vue tout à fait intéressant (j’y reviendrais ultérieurement). On retrouvait ensuite un Jeremy Zimmermann fort charismatique, qui se faisait un peu l’idéologiste révolté du débat, et m’aurait presque convaincu à prôner ici la libéralisation de l’échange gratuit sur Internet. Puis, Eric Walter, qui souffrait malheureusement de la mauvaise réputation de l’Hadopi, si bien qu’il était une cible facile qu’il aurait peut-être fallu laisser parler un peu plus. Reste un Maxime Rouquet, du parti pirate, qui avait certainement des idées plus concrètes à apporter que notre cher Jérémy, mais bien moins de verve et d’éloquence pour les présenter, malheureusement pour le débat. Bruno Lion m’a paru être, tout comme Eric Walter, un intervenant ouvert, quoique forcément sur la défensive, qui ne s’est pas montré démagogue et a su apporter lui-aussi quelques  remarques enrichissantes.

Voilà pour mon ressenti général sur chacun des participants, qui, je le réalise à l’instant, ne vous aura sans doute rien appris de concret chers lecteurs ! Pour être franc, ce débat m’a apporté trop de contenu (moi qui ne me promène jamais sans stylo ni bloc notes !) pour n’en faire qu’un seul article, si bien que celui-ci fera office de simple introduction (vous comprenez mieux le «première partie » du titre à présent ?). Mais pour ne pas vous laisser sur votre faim, j’ai décidé de vous offrir quelques phrases bien tassées de chacun des participants, qu’il serait  dommage de louper ! L’imperfection de mes notes déformera sans doute un peu les phrases originales, mais l’important est que vous saisissiez l’idée ! Au passage, il m’en reste quelques unes sous le coude, alors restez à l’écoute !

« Le droit d’auteur à été créé pour protéger l’artiste contre les intermédiaires [producteurs, majors, etc.]. Aujourd’hui, il protège les intermédiaires contre le public ! » Jérémy Zimmermann
« Libéraliser le partage ? Alors cela revient à autoriser la contrefaçon. Il faudrait donc autoriser la contrefaçon des sacs Louis Vuitton ?! » Représentant de l’UMP
« Le partage n’est pas un crime, en conséquence il n’a rien de nuisible, en soi : le partage est bon ». Maxime Rouquet
« Mon filleul, grâce au Peer to Peer, m’a surpris à me poser des colles sur Bob Dylan, moi qui croyais tout savoir sur lui. Le piratage, il a pourtant arrêté quand son père a reçu un avertissement de l’Hadopi ! »  Bruno Lion
« Les droits d’auteur, ce n’est pas mon domaine, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est d’assurer la liberté du réseau Internet, et accessoirement de garder une  culture ! » Benjamin Bayart
« Je suis sous Linux, je n’ai jamais acheté de musique, non pas car je ne le veux pas, mais parce qu’ils ne veulent pas m’en vendre ! » Benjamin Bayart
« Il faut cesser de stimuler les peurs et les craintes, en criant au ‘Hadopi liberticide’, en parlant de ‘répression’, ce genre d’attitude tue le débat ! » Eric Walter
« Le problème du mécénat global est son côté idéologique. Concrètement, ce type de solution n’apporte pas une rémunération aux artistes, ne leur permet pas de vivre. » Bruno Lion
« Le gratuit ne tue pas le payant ! Pour prendre une comparaison fine et distinguée, le sexe gratuit n’a jamais empêché le commerce du sexe rémunéré ! » Benjamin Bayart
« Internet est le plus bel outil de diffusion de la culture depuis l’imprimerie. » Benjamin Bayart

Une réflexion sur “Hadopi versus Licence globale : Première partie

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