Une destination de rêve – Sham Makdessi

Difficile de ne pas rougir de honte quand je vois le temps depuis lequel je n’avais pas partagé ici une lecture numérique. Le pire est que je n’ai même pas d’excuse à vous présenter : cela fait tout simplement très longtemps que je n’avais pas lu de textes de fiction.

Et croyez-moi : c’est loin d’être une riche idée ! Si vous aimez écrire des livres, je vous conseille d’en lire régulièrement. Il n’y a rien de tel pour stimuler sa créativité et titiller son imagination.

Ces derniers mois, mes dernières tentatives de lecture ont été plus que décourageantes (le fait de décrocher certains textes après quelques paragraphes à peine m’a rappelé l’importance du début d’un roman).

Il fallait donc que je trouve au moins une petite pépite pour me remettre à la lecture… Et c’est chose faite, à travers Une destination de rêve, le premier roman de Sham Makdessi.

Laissez-moi donc vous faire les présentations !

Couverture Destination de rêve

Une destination de rêve : synopsis

Pour commencer, précisons d’emblée qu’Une destination de rêve est un roman assez court, composé d’une centaine de pages. Mais cela ne l’empêche pas d’être très intéressant.

À travers ce roman, vous suivez Emilio, un assassin italien dont les missions n’ont jamais dérapé… jusqu’à aujourd’hui. Car Emilio se retrouve à présent à l’aéroport Charles de Gaulle, prêt à quitter la France au plus vite pour fuir les lieux d’un crime qui a mal tourné.

Comme la couverture du roman le laisse présager, Une destination de rêve va davantage s’attarder sur le voyage que sur la destination. Car si Emilio s’apprête à rejoindre un village monastique pour mettre un terme définitif à sa carrière, le roman va uniquement s’intéresser à son voyage -tumultueux- jusqu’à destination.

Il faut dire qu’Emilio, par crainte d’être attrapé par la police française, est contraint de monter à bord d’un avion de la Lenvers Airlines, une compagnie aussi inconnue qu’inquiétante. Sans compter qu’il ne peut trouver aucune place en première classe ni en classe affaires, ce qui le change de ses habitudes.

Un voyage spirituel ?

Il se peut que vous ne soyez pas forcément attiré par un roman qui se déroule uniquement dans un avion. Mais rassurez-vous, ce voyage d’Emilio tient plus de l’introspection que du guide vacances.

Si le narrateur passe effectivement la majeure partie du récit dans son avion de la Lenvers Airline, il en profite pour réfléchir à son train de vie (restons dans le lexique des transports en commun), si peu moral.

Le lecteur découvre alors la curieuse organisation mafieuse pour laquelle Emilio travaille. Une sorte de « famille du crime« , regroupée dans un village italien paisible et religieux, où nul n’a le droit de poser les pieds à part les membres de la Famille eux-mêmes. Et où un prêtre absout chaque semaine les pêchés si nombreux d’Emilio et de ses collègues.

Cela suffira-t-il à les préserver de l’Enfer ? Rien n’est moins sûr.

Découvrir ce livre

En bref, Une destination de rêve est un récit passionnant, teinté de fantastique (soyez prévenus !), et qui vous place dans la peau d’un homme né pour tuer, qui vit dans une communauté de criminels professionnels.

Au fil du récit, vous n’aurez aucun mal à apprécier Emilio, qui reste un personnage assez attachant, bien que relativement détestable sous certains angles. Les descriptions du Village et de sa Famille ne manqueront sûrement pas de vous captiver, tant le concept est riche.

S’il n’est pas difficile de voir venir le twist, qui arrive en milieu de roman, cela ne gâche en rien l’expérience de lecture qui, il me semble, n’était pas concentrée sur cela.

Bref, au risque de vous en avoir déjà trop dit, je vous propose de découvrir ce roman sur le site de son éditeur, NéoWood éditions, pour la modique somme de 3,99€. Et j’en profite pour féliciter son auteur Sham Makdessi, qui je l’espère nous proposera d’autres fictions à l’avenir…

3 réflexions sur “Une destination de rêve – Sham Makdessi

  1. Bonjour.

    Tout d’abord, je tiens a vous dire que vous avez raison de souligner « lin portance » de l’intro d’un bouquin, bien que l’essentiel ne soit, selon une mouette tel que mouette, pas là. C’est l’engagement dans l’écriture, son implication personnel, son vécu qui transparaît ou pas, au travers de… qui fait la  »diff errance ». Et si la forme que prends le texte est essentiel, la lecture qu’on en fait l’est tout autant.

    En effet, de nos jours, bien que techniquement parlant, la plupart d’entre nous (sauf moi qui ne sais ni lire, ni écrire…) soit capable de lecture tout a fait fluide, il me semble que cette performance technique, n’empêche pas l’incapacité de tout un chacun d’analyser, de ressentir les émotions qui se dégagent d’un texte. Tout se passe comme si l’évolution technique devançait, et de loin, l’évolution sensoriel, émotionnel, psychologique, voir même philosophique des individus. Comme si sur ces plans, nous étions rester a l’âge des « tavernes… oups… des cavernes ».

    Bref, nos moyens techniques ne reflètent que très mal, voir camoufle, nos réelles capacités à saisir le sens « craché » d’un texte. A lire entre les lignes en quelque sorte. Sans oublier que l’interprétation d’un texte, est forcément plus ou moins lier a notre propres vécu.

    Si pour vous, la plupart des romans sont médiocres et que de temps à autre, une pépite sort du lot, c’est que vous n’arrivez sans doute pas a saisir l’essence de l’écriture de la plupart des individus en questions, puisque chaque texte, chaque écrit, chaque romans est déjà un engagement en soit par le simple faite d’exister. D’être présent au réelle qui nous entoure.

    En d’autres termes, il n’existe pas d’écrit médiocres, se ne sont que les interprétations qu’on en fait, l’intérêt qu’on porte ou non à tel ou tel sujet, nos préjugés, idées reçu… qui nous les faits déterminés ainsi.

    C’est pourquoi je m’insurge comme un singe, devant ce que vous qualifiez de médiocre. La médiocrité n’étant que votre impuissance a comprendre l’univers des autres… Je sais, cette façon de procéder est parfois difficile d’accès, voir labyrinthique… Mais l’humain n’est-il pas constituer d’une montagne de paradoxe… Au point que si nous nous contentons de faire dans le simple, voir le simpliste, nous finissons pas nous couper du monde qui nous entoure, pour nous réfugier dans un univers que nous comprenons parfaitement certes, mais tellement étriqué, qu’il en devient ridicule.

    Pour celui ou celle qui écrit, à moins de vouloir écrire pour ne rien dire, voir pour meubler le vide sidéral qui nous entoure, l’écriture est son combat, sa raison de vivre, son engagement. Et donc en temps que tel, forcément précieux.

    Oui, dans tout texte, comme dans tout film où toute musique, il y a une part de positif à en retirer, même si cette vérité là, ne nous convient pas forcément.

    Bien à vous.

    Kris

    • Bonjour Pierre,

      Merci de répondre si vivement aux deux lignes de cet article qui vous ont déplu.

      J’ai un peu de mal à saisir votre indignation. Pour rappel, je n’ai jamais parlé de textes médiocres mais de tentatives de lecture décourageantes (comme quoi chaque lecteur interprète les mots à sa façon 😉 ).

      Effectivement, il m’arrive de décrocher un livre après quelques pages, tout simplement car j’arrive à identifier rapidement un style qui ne me plaît pas. Pour exemple, je n’aime pas les styles trop ampoulés, ou les auteurs qui disent peu de choses avec beaucoup de mots. C’est quelque chose qui me tire rapidement du texte.

      Naturellement, cela ne veut pas dire que ce style est à jeter, car d’autres lecteurs vont l’adorer. Certains des livres que je n’ai pas terminé ces derniers temps étaient écrits par des auteurs reconnus. Il s’agit simplement d’œuvres qui ne sont pas pour moi, qui ne me parlent pas.

      Bien évidemment, la beauté est dans l’œil de celui qui la voit, et chacun a sa propre sensibilité de lecteur. Si vous accueillez chaque texte avec le même enthousiasme, c’est que vous êtes probablement d’une tolérance extrême ou d’une grande démagogie.

      Pour finir, je tiens à rappeler que je n’ai jamais parlé ici de textes qui ne m’avaient pas plu. Quand je partage mes lectures, c’est uniquement celles qui m’ont enthousiasmé. Tout simplement car je trouve inutile de parler d’un livre pour en dire du mal, et que je n’ai pas cette prétention.

      Alors non, je n’ai jamais qualifié aucun texte de médiocre.

      Bien à vous,

      Pierrick

    • Bonjour Kris,
      Je me permets de répondre à votre commentaire, car celui-ci m’a beaucoup surpris.
      Dire que la médiocrité ne serait jamais que le produit de notre incapacité à saisir une beauté ou un sens caché me semble un point de vue absolument impossible à défendre. Cela reviendrait à dire qu’aucune œuvre n’est meilleurs qu’une autre. Cela reviendrait à dire qu’il n’y a pas de chef d’œuvres, et qu’il n’y a pas de génies.
      Il y a bien sûr autant de manières différentes de recevoir un texte qu’il y a de lecteurs, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existe aucune hiérarchie entre les œuvres.
      Certains créateurs sont parvenus à une telle maîtrise de leur art qu’ils s’élèvent naturellement au dessus des autres. Je ne parle pas ici de ce qui peut relever du goût de chacun, mais des solutions objectives que les génies sont parvenus à mettre en œuvre au cours des siècles, chacun dans son domaine artistique respectif. Si vous jetez un œil sur les écrits autobiographiques des artistes qui ont laissé une trace dans l’histoire, vous verrez que c’est ainsi qu’ils raisonnaient : leur problème était de faire fructifier les solutions trouvées par leurs ainés et de les enrichir de solutions nouvelles. Je vous recommande en particulier à ce sujet la lecture des ouvrages du sculpteur Auguste Rodin, qui exprime ces idées avec beaucoup plus de verve et de précision que je ne saurais le faire…

      Amitiés,
      Sham

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