Avant de débuter cet article, je me dois de vous avouer qu’il a été écrit il y a quelques semaines de cela. Force est de constater que les DRM vivent leurs derniers mois dans l’édition numérique, cet article sera donc le dernier à traiter de ce délicat sujet, déjà presque révolu !
Je pense qu’il est inutile de le rappeler sur ce blog, le sujet a déjà été largement abordé : le DRM est une protection. Mais une protection contre quoi ? Voici la véritable question ! Pour se la poser, on peut prendre le point de vue initial d’un éditeur tenté de saler ses productions au DRM, et dire : « contre les pirates ! ». Seulement ce point de vue est déjà trop exposé et passé de mode, ce pourquoi nous pourrons adopter un point de vue plus innovant, plus inventif, ou surtout plus logique, en examinant simplement la réalité des choses. Contre quoi protège le DRM ? La seule réponse vraie à l’heure actuelle est la suivante : « contre le consommateur ».
Perdons une phrase à détruire aimablement les illusions des éditeurs : n’importe quel pirate un tant soit peu expérimenté peut passer outre un DRM placé sur un ebook. Revenons-en donc au rôle primordial du DRM : chasser le consommateur. Car force est de constater que tout ebook parfumé au DRM voit ses ventes plombées. Le DRM, pour un ebook, c’est donc avant tout une protection contre le vilain consommateur/lecteur. Mais qui est-il vraiment ce consommateur ? C’est très simple : c’est celui qui achète ses livres numériques (et qui n’ose même pas les pirater le pleutre !). Celui là messieurs dames, il faut s’en protéger car c’est un monstre sans âme !
Le consommateur a cela d’horrible qu’il ose parfois considérer l’ebook qu’il achète comme sien, sous prétexte d’avoir dépensé quelques uns de ses deniers ! Pire encore, il arrive au lecteur de vouloir disposer de son ebook comme bon lui semble, de le passer d’un ordinateur à l’autre (car le consommateur peut avoir deux ordinateurs figurez-vous), d’un ordinateur à une liseuse/tablette (car le consommateur peut vouloir lire sur plusieurs supports figurez-vous), voire d’une liseuse/tablette à une autre (il arrive même au consommateur de changer son équipement figurez-vous). Comble de l’horreur, le consommateur peut oser aller jusqu’à vouloir prêter son ebook à un ami, ami qui ne l’achètera donc pas ! – c’est généralement à ce moment là que les éditeurs, larmes aux yeux, martèlent leur notion de « manque à gagner » et de « mort de l’art »-
Heureusement, les éditeurs ont pensé à tout, et sont bien déterminés à faire cesser les pratiques malhonnêtes du consommateur. Pour cela, leur arme secrète n’est autre que le DRM : protection efficace contre de telles pratiques. Un seul détail que les éditeurs ont négligé : le DRM rend l’expérience d’achat plus désagréable que l’expérience de piratage. Plutôt que de formater le consommateur comme ils le voudraient, les éditeurs se contentent d’en faire des pirates…
Sage décision ?
C’est bien malheureux, mais les DRMs et prix prohibitifs semblent effectivement fait pour tuer le livre numérique et protéger le livre papier
Je pense que ton analyse est d’autant plus vraie en ce qui concerne les ebooks que les éditeurs utilisant ces DRMs n’ont AUCUN intérêt à attirer les lecteurs vers le livre numérique :
ils ont bien plus d’intérêt à un Status-Quo (ou même un retour en arrière) qui leur garde la main-mise sur la barrière de péage que constitue l’ensemble de la « chaine du livre » papier.
A elle seule, cette barrière de péage liée au papier justifie la plus grande partie de leur rémunération.
Dans ce cas, tout frein à l’adoption du livre numérique est autant de retard sur l’arrivée du livre numérique. Tout client « dégouté » du livre numérique est pour eux un client de moins chez la concurrence. (cf http://www.non-droit.org/2011/10/24/ebook/)
Que celui-ci rejoigne les pirates ne les gène pas tant que ça : ils sont aussi très facilement instrumentalisés en épouvantail, servant bien sûr à renforcer leur emprise sur les auteurs :
« N’ayez pas peur des loups pirates : Grace à ma Houlette DRM et mes chiens de berger Hadopi je vous protège d’eux. »
Et finalement, ce sont toujours les auteurs qui se font tondre (quand ils ne finissent pas en côtelettes).