Ecrire n’a jamais été aussi simple que sur ordinateur. Le texte est rédigé facilement, on peut y naviguer rapidement, les corrections sont immédiates, le papier n’est pas gaspillé. Seulement, ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’un document informatique n’est pas à l’abri d’un bug, voire d’une suppression pure et simple ! Que ce soit dans la rédaction d’un roman, d’un rapport, d’un mémoire ou de n’importe quel document qui demande des semaines de travail, la perte de données peut être très délicate. Pour un auteur, la perte d’un document est d’autant plus douloureuse qu’en plus de mois de rédaction acharnée, l’écrivain perd une partie de lui, dans laquelle il s’est grandement investi, et qu’il ne pourra jamais retranscrire avec la même verve, ni à l’identique.
Avant de donner quelques conseils pour une sauvegarde efficace de vos œuvres, je vais balayer les doutes des sceptiques en énumérant les différentes situations qui pourraient leur faire perdre leurs documents !
- Virus informatique, défaillance matérielle : La première tuile qui pourrait vous faire perdre vos données est évidente : il s’agit d’un bon vieux « plantage » d’ordinateur. Votre machine n’est pas à l’abri de griller, et avec elle toutes les données que contient son disque dur. Risque nettement plus grand, de nombreux virus peuvent rendre votre ordinateur inutilisable, ou simplement vous imposer le nettoyage complet du disque dur, ce qui implique une fois de plus la perte de vos données.
- Vol ou perte de votre ordinateur : Il y a de fortes possibilités, en bon Mobo que vous êtes, que vous vous serviez d’un ordinateur portable. Comme tout objet « mobile », un ordinateur n’est pas à l’abri du vol ou de la perte, et sa disparition tragique entrainera également celle de vos données.
- Corruption de fichier : Dernière joyeuse façon -peut-être plus rare- de perdre des mois de travail acharné. Votre fichier (Word, Open office ou que sais-je encore) n’est pas si stable que vous pourriez le penser. Un bug, une mauvaise manipulation, et vous pourriez vous retrouver avec un fichier inutilisable, et ne plus retrouver votre précieux texte.
Les sceptiques me diront naturellement que ces situations ont très peu de chances de se produire, mais il est aussi peu probable de gagner au loto, pourtant des millions de personne y jouent chaque année. Convaincus ? Bien, à présent que je vous sens concentré et que je lis dans vos yeux la peur panique de voir votre ordinateur planter à l’instant, voici les quelques méthodes que j’applique pour être sûr de ne jamais avoir à m’arracher, de rage ou de désespoir, les quelques cheveux qu’il me reste !
Avant de commencer, une petite précision : ces méthodes sont purement manuelles. Pour parer aux bugs et aux plantages, votre ordinateur permet logiquement quelques méthodes de récupération de données, mais je n’ai pas les capacités techniques nécessaires pour vous en parler avec assurance. Par ailleurs, mieux vaut envisager toutes les effrayantes possibilités évoquées ci-dessus, avec la ferveur d’un paranoïaque.
- La clef USB : En voilà un conseil inattendu ! La première méthode n’a rien de sorcier : achetez une clef USB ou un disque dur, et stockez-y régulièrement vos données. Pour ne pas rendre ce geste inutile, évitez de transporter ladite clef USB dans la pochette de votre ordinateur. En cas de perte du tout, la précaution aura été inutile. Evitez également de transporter la clef USB, ça se perd facilement ces petites choses ! L’idéal est de garder une clef chez soi, et d’en avoir une seconde sur soi, car ceci peut parfois s’avérer bien pratique. Nous parlons ici de fichiers de traitement de texte, qui sont légers au possible, il ne sera donc pas nécessaire d’investir dans des disques durs aux capacités (et aux prix) pharaoniques !
- L’archivage malin : Je parle ici d’archivage car je ne trouve pas d’autre mot, mais la méthode n’est pas si technique qu’elle pourrait paraître. Il s’agit simplement d’enregistrer régulièrement son texte sur un nouveau fichier. Plutôt que de reprendre le document en cours, copiez-le et continuez à écrire sur la copie. Nommez chaque fichier en fonction de la date d’écriture. Vous vous retrouverez avec des documents nommés «’Titre de votre œuvre’08-11 » (pour le 8 novembre), « ‘Titre de votre œuvre’08-12 » (pour le 8 décembre), et ainsi de suite. En cas de corruption de votre fichier, vous pourrez au moins reprendre sa version précédente. Par ailleurs, cela vous permettra de voir l’avancement de votre œuvre, mais aussi de pouvoir consulter les anciennes versions si besoin. Je vous conseille également de garder la même forme d’archivage dans votre clef USB/disque dur.
- Le mail : Dernière solution qui est ma petite préférée : vous envoyer des emails ! D’une car ça fait toujours plaisir de recevoir un email de la part de quelqu’un qu’on apprécie, de deux car c’est une bonne manière de conserver vos données. La meilleure solution est de se créer une adresse email dédiée à cet usage, et de s’envoyer régulièrement son œuvre sous forme de pièce jointe. En cas de perte ou de destruction de l’ordinateur (et/ou de la clef USB !), il sera aisé de retrouver son œuvre sur cette fameuse adresse mail. Naturellement, nous parlons ici d’œuvres littéraires. Cette méthode n’est sans doute pas recommandée à ceux qui écriraient des dossiers ultraconfidentiels !
A présent, et grâce à ces trois méthodes qui vous prendront à peine quelques minutes, vous voilà paré pour continuer à écrire sereinement votre œuvre, sans crainte de voir vos écrits brillamment anéantis par une panne matérielle.
Dernière question à poser avant de s’en aller d’un pas serein : à quelle fréquence appliquer ces méthodes ? Pour faire simple : le plus souvent sera le mieux. Considérez que la fréquence que vous choisirez sera celle à rattraper en cas de perte du document. Enregistrez vos textes toutes les semaines, et vous aurez une semaine d’écriture à rattraper, faites-le tous les mois, et ce sera un mois, ainsi de suite…
Une fois n’est pas coutume, ton article me semble incomplet ! Il faut absolument signaler deux méthodes (pour moi complémentaires car je suis un paranoïaque des backups) :
– Le disque dur qui sauvegarde en temps réel et qui permet de manière automatique de garder plusieurs versions d’un fichier. Sur Mac c’est Time Machine, fourni avec le système, qui assure cela mais je pense que sous Windows, il existe des logiciels pour faire à peu près pareil (en moins pratique et en moins beau sans doute…).
– Les solutions de sauvegarde en ligne automatique sont incontournables. Pour ceux qui ont peur de se faire voler le manuscrit de leur prochain bestseller, il y a moins de chance de se faire pirater ses données chez ces professionnels que chez soi, directement sur son ordi ou via un emprunt/vol de sa clé usb. Tous les experts en sécurité vous diront que ces deux solutions de vol de données sont les plus courantes. J’en signalerai deux : 1/ dropbox (http://db.tt/3pMGnpp) qui offre 2Go gratuit 2/Backblaze (http://www.backblaze.com/) qui pour 50$ par an offre un espace de sauvegarde illimité. Ces deux solutions gardent également plusieurs versions de chaque fichier.
La règle pour les sauvegardes est de les faire :
– régulièrement ;
– sur plusieurs supports différent ;
– supports stockés à des endroits différents.
La sauvegarde sur clé + sur le pc est très insuffisante ! Vous avez le droit de ne pas me croire mais ne venez pas pleurer ensuite.
Syven a créé un post sur le même sujet sur Cocyclics.
Je comptais bien sur un auteur informaticien tel que toi pour compléter un peu tout ça ! 😉
Ce ne sont que mes méthodes, et je me doute qu’elles sont imparfaites !
Ensuite, radin que je suis, je ne recommanderai pas des moyens payants pour archiver quelques documents word. Pour éviter le vol de document, c’est davantage au niveau de la loi qu’il faut se protéger. Et je doute qu’un pirate soit intéressé par le vol du manuscrit d’un parfait inconnu. Seul les Marc Lévy et autres Beigbeder doivent avoir peur des hackers !
Merci pour tes précieux conseils !
Dropbox (le lien plus haut me fait gagner de l’espace gratuit si vous vous inscrivez via ce lien) offre 2 Go gratuitement. C’est largement suffisant pour sauvegarder son répertoire de manuscrits ! Pour ma part, j’ai un peu plus de 2 Go car j’ai eu de l’espace supplémentaire via des parrainages, mais je suis toujours sur la version gratuite, avec laquelle je sauvegarde les fichiers les plus importants (i.e mes manuscrits et beaucoup plus : factures, etc.). Les offres payantes sont un peu trop chère je trouve et démesuré pour mes besoins, d’autant que j’ai aussi backblaze pour sauvegarder tout mon disque dur en ligne.
La différence entre backblaze et dropbox, c’est que ce dernier peut synchroniser les dossiers sur plusieurs ordinateurs (pratique si on a un portable et un fixe) tandis que l’autre permet simplement de faire un backup.
Tu as raison, les seuls qui pourraient craindre un vol de données seraient des auteurs reconnus. Personne ne va s’amuser à fouiller des millions de fichiers d’inconnus, lire le manuscrit, juger si il est bon et le voler… D’autant que ces prestataires de services de sauvegarde en ligne font de la sécurité des données une priorité absolue. Le jour où il y a une affaire qui traite de vol de données chez eux, ils mettent la clé sous la porte.
Ah, si je peux d’un seul coup suivre tes bons conseils et sécuriser mes fichiers, tout en te permettant d’avoir un peu d’espace gratuit, je m’inscris via ton lien dès que je trouve le temps ! 😉
Merci. Très utile de rappeler tout ceci.
Et voilà, tu vas encore me faire baliser… Tain, à chaque fois que je fais des sauvegardes, ça me prend des plombes (j’écris beaucoup trop, et puis y’a les photos, les vidéos aussi… tout en HD depuis que j’ai mon nouvel APN) et en plus, j’ai perdu la tête de la vache-usb ! T_T
(commentaire totalement inutile, je sais)
D’où mes différentes solutions, qui sont complètement automatisées 🙂 J’ai oublié une quatrième règle pour les sauvegardes : automatique !
Perso, j’utilise la clé USB..Mais la méthode du mail me plaît bien, d’autant qu’effectivement la clé peut planter comme la bécane..Une fois, il y a pas mal de temps, j’ai perdu un manus dans le métro, à Paris. J’écrivais à ce moment-là au stylo. Ce fut un grand moment de culpabilité. Je suis passé à un autre roman.
Oui, le risque de la clef USB est surtout la perte ou l’usure. Au moins, le mail ne risque pas de ne plus fonctionner !
Perdre un manuscrit, écrit ou dactylographié, reste toujours un grand moment de solitude. Je comprends que vous soyez passé à un autre roman, ça me paraît difficile de recommencer un roman déjà écrit sans faire ressentir la lassitude de devoir réecrire une seconde fois ce qui a déjà été fait auparavant.
Je le répète, l’important pour les sauvegardes est de multiplier les supports 🙂 Un fournisseur de mail n’est pas infaillible !
Très bons conseils, auxquels je rajouterai celui de ne pas copier/remplacer ses archives/sauvegardes,mais de ré-archiver autant que possible !
J’approuve aussi l’idée de toujours reprendre l’écriture dans un fichier-copie pour multiplier les sauvegardes, suivre son évolution et pouvoir repartir mettre de côté des ajouts en repartant d’une ancienne version. Des outils de comparaison de fichiers tels que WinMerge ou Meld sont vraiment très pratiques pour dégager rapidement les ajouts et suppressions subies successivement par un texte lors de la relecture du récit final.
Il y a quelques années, ayant l’intention de changer d’ordinateur, j’ai fait un backup complet de mes textes avec un logiciel de sauvegarde à forte compression de données pour gagner de l’espace sur mon disque dur externe (un super-zip si vous voulez). Puis j’ai remplacé les sauvegardes précédentes de mes textes par ce fichier, qui s’est également retrouvé sur mon nouvel ordinateur, et ainsi de suite d’années en années et de support en support, jusqu’au jour où je me suis aperçue qu’une partie du contenu de ce fichier de sauvegarde était corrompue !
Parmi tous mes dossiers de texte, l’un d’entre eux, qui concernait une histoire en suspens depuis plusieurs années – bien qu’assez avancée – avait vu le contenu de tous ses fichiers mélangés ! Et je parle bien des données binaires, pas des paragraphes ou autre ! En d’autre termes, j’avais un dossier (un seul heureusement !) rempli de fichiers que l’ordinateur était incapable d’interpréter. Et voici toute une histoire bien avancée de perdue, car j’avais peu à peu remplacé mes anciennes sauvegardes par de nouvelles basées sur celle contenant le dossier corrompu. Il m’a fallu deux années de plus pour m’y remettre et repartir de très vieilles versions manuscrites ou envoyée par email pour avis. Autant dire qu’il n’a pas été facile de vaincre le découragement apparu juste après avoir trouvé la clé qui allait dénouer la situation dans laquelle se trouvait mes protagonistes…
Désormais informaticienne et un peu plus maline, j’utilise maintenant les mêmes outils pour sauvegarder le code de mes programmes et leurs modifications que mes textes et leurs évolutions, mais cela n’est pas à la portée de tous. J’approuve ceci dit l’utilisation de Dropbox, malgré les polémiques sur la confidentialité des fichiers, ou du service de Cloud que vous préférez, avec l’option gestion de versions (pour les « rétro-sauvegardes ») activée.
Merci pour ces ajouts au sujet ! Il est effectivement très décourageant de devoir ré-écrire un texte déjà entamé, et je ne suis pas surpris que vous ayez attendu deux ans pour revenir sur ledit texte. J’irai jeter un oeil sur WinMerge et Meld, qui m’ont l’air ma foi assez intéressant.
Je viens d’avoir le même problème avec des CD et DVD d’archives gravés au début des années 2000. Certains ne sont lisibles qu’avec difficulté (sur un lecteur précis, avec tel logiciel et encore !) et d’autres sont tout bonnement et définitivement fichus !
Ils étaient pourtant restés sagement rangés dans leurs boîtes sans que je m’en occupe pendant tout ce temps.
Du coup, maintenant, je sauvegarde un peu partout : Disque dur portable, SD, ubs, cloud… et régulièrement, je vérifie que tout va bien.
Effectivement, les supports physiques nous donnent l’illusion d’être éternels, et pourtant ils s’abîment très vite. Les CD sont particulièrement mauvais en termes de conservation, et je ne trouve pas ça étonnant qu’ils soient en train de disparaître.