Crédits photos : Massimo Barbieri
La lecture, c’est devenu ringard. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les jeunes ! Lire dans son coin est devenu has been (au même titre que l’expression « has been » d’ailleurs…) à l’ère où tout le monde reste connecté en permanence à des milliers de personnes plus ou moins virtuelles. Qui voudrait perdre son temps à lire un bouquin quand il peut poker l’un de ses potes tout en checkant sa grand-mère sur Foursquare, après avoir nourri ses poules sur Farmville ?
Difficile de déterminer ce qui rend la lecture si ringarde. Le livre est peut-être devenu une trop grande perte de temps, à l’heure où nous recevons des centaines d’informations à la seconde. Ou peut-être est-ce simplement mal vu de s’isoler de la communauté ?
Dans ce cas, il se pourrait bien qu’apparaissent de nouveaux modes de lecture, moins désuets puisque plus « 2.0 ». La question du jour sera donc de savoir si l’homme de demain (qui est l’enfant d’aujourd’hui) pourra se tourner vers une lecture sociale plutôt que d’abandonner à tout jamais le livre ?
La lecture sociale, pour ceux qui ne l’auraient pas compris, c’est un joli mix entre les réseaux sociaux et la lecture « traditionnelle ». C’est exactement le genre d’extravagances que pourrait amener la lecture numérique de demain. En effet, avec le livre au format numérique, consulté sur un support relié à Internet, on pourrait facilement envisager une lecture « connectée ».
Je vois d’ailleurs d’ici l’encart en haut de page, à la manière des sites Internet des années 2000 qui affichaient leur nombre de visiteurs : « Il y a 16 personnes en train de lire ce livre ». J’imagine déjà les interactions que nous pourrions avoir avec ces autres lecteurs, durant nos lectures connectées. Si je lis un Harlequin, je pourrais envoyer une rose virtuelle à la mystérieuse lectrice plongée dans les mêmes lignes que moi. Si je suis plutôt perdu dans un roman d’horreur, j’enverrais un wizz pour terroriser les autres lecteurs… Enfin, bref !
Loin des suggestions étranges que l’idée de lecture sociale fait naître en moi, j’avais envie d’évoquer quelques plateformes qui fonctionnent déjà sur ce principe, et de montrer les fonctionnalités qu’elles proposent, et qui seront peut-être un jour directement intégrées dans nos livres :
- Babelio : Commençons par Babelio, qui a l’avantage d’être un site francophone. Une fois que vous aurez renseigné votre bibliothèque sur le site (autrement dit que vous aurez livré une liste plus ou moins exhaustive des multiples livres que vous avez lu durant votre longue existence), Babelio vous proposera non seulement de nouvelles lectures, mais aussi des lecteurs de la communauté aux goûts similaires. Vos longues années de lectures ringardes deviennent alors enfin 2.0 puisqu’elles vous permettent de suggérer des lectures ou de rencontrer vos sosies littéraires !
- Shelfari : Autre site de lecture sociale, Shelfari a été racheté il y a quelques années par une petite entreprise américaine du nom d’Amazon, qui pointe décidément le bout de son nez à chaque fois qu’on évoque la lecture numérique ! Le principe est le même que chez Babelio, puisque vous pouvez y créer votre petite bibliothèque numérique, la valeur ajoutée étant que le site dispose de la base de données d’Amazon, et qu’il peut même retrouver les livres que vous avez acheté chez le géant américain pour construire lui-même votre bibliothèque ! Sur Shelfari, les lecteurs peuvent s’organiser en petits groupes et échanger à propos de leurs œuvres préférées. Pour le reste, la communauté fait du site une encyclopédie pour les amoureux du livres (tout du moins, c’est ce que dit la home page !).
- Bookglutton : Un dernier exemple pour la route ! Bookglutton, autre site anglophone, va plus loin que nos deux plateformes précédentes. Ici aussi, vous pouvez vous créer un groupe d’amis lecteurs et discuter de vos livres, mais ce n’est pas tout ! La lecture sociale à proprement parler est directement intégrée sur Bookglutton, puisque le site propose des chats à l’intérieur même des chapitres ! Vous ne vous contentez plus de noter le livre, ou de rédiger un avis, mais vous pouvez commenter directement les lignes qui vous intéressent, et recevoir les réponses éclairées de vos amis lecteurs. Cette fois-ci on y est : vous ne lisez plus seul !
Ces trois sites ne sont bien sûr que des exemples, il en existe bien d’autres qui leur sont similaires. Mais à travers ces différentes plateformes, qui ne sont finalement que des sites communautaires orientés autour de la lecture, nous pouvons avoir une brève idée de ce que pourrait être la lecture sociale. Imaginons un instant que les différentes fonctionnalités de ces sites soient directement accessibles depuis les « machines de lecture » (liseuses, tablettes ou autres), et nous avons une brève idée de ce que pourrait être la lecture sociale.
Quant à savoir si cela apportera quelque chose à la lecture ou non, ce n’est pas de mon ressort !
Au passage cher lecteur, si tu es un adepte de l’un des sites évoqués dans cet article (ou d’une plateforme similaire), n’hésite pas à nous en parler dans les commentaires !
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Je me suis inscrite seulement la semaine dernière sur Babelio. Il est donc un peu tôt pour vous dire ce que j’en pense, d’autant plus que je n’ai pas eu le temps d’écrire de critiques sur les livres que j’ai commencé à lister.
Je ne connaissais pas les deux autres sites de lecture que vous mentionnez. J’irai faire un tour quand je le pourrai, probablement cette nuit. Ce que vous décrivez de BookGlutton a éveillé ma curiosité.
J’espère que vos visiteurs feront part ici de ce qu’ils ont aimé ou non.
Concernant l’attitude des jeunes face aux livres, l’expérience que j’ai avec mes petits-fils (17 ans et 11 ans) tend à me faire penser que chaque cas est particulier. L’aîné préfère ses consoles de jeux au livre, mais le plus petit dévore tout ce qui lui tombe sous la main. Il m’a fait découvrir Chérub de Robert Muchamore, que l’un de ses copains lisait cet été.
Ceci étant dit, je suppose que l’enquête de Actualitté reflète une réelle désaffection pour la lecture. Mon avis est que l’important est que les jeunes – et les moins jeunes -continuent à lire, sous quelle que forme que ce soit, sociale ou individuelle, .
Merci pour la substance de cet article qui, comme toujours, donne à réfléchir.
Tipram Poivre
Bonjour à tous,
Pour ma part, je me suis inscrit sur http://www.myboox.fr. Il s’agit d’une communauté active de lecteurs qui font vivre le site par des critiques et des conseils de romans, BDs…Le site est également alimenté quotidiennement en informations sur les nouveaux livres à sortir, les livres relatifs à des sujets d’actualités..Je vous le conseille réellement si vous voulez partager vos expériences de lecture, et découvrir de petites pépites inconnues !
Merci pour ce… partage, même si je soupçonne le staff de MyBoox de ne pas y être totalement étranger. 😉
Pierrick,
Que pensez-vous de myboox.fr, par rapport aux 3 autres sites mentionnés dans votre article ?
Titi00233,
Savez-vous si les rédacteurs souhaitent recevoir des livres à chroniquer ?
Cordialement à tous,
Tipram
Je ne connais MyBoox que de nom, Titi sera donc peut-être une meilleure source dinformations. Concernant Shelfari et BookGlutton, il faut juste noter que ce sont des sites anglophones donc peut-être plus difficiles d’approche pour des lecteurs français.
Oui, Pierrick, j’avais noté que ces deux sites étaient anglophones. Mais comme mon conte pour la paix et mon essai sur le Cambodge sont aussi en anglais, j’ai pensé que je pourrais peut-être les présenter aux lecteurs anglophones.
Pour MyBoox, j’espère que Titi nous en dira plus, surtout si ce site se démarque des autres.
Merci pour votre réactivité.
Absolument pas, je n’ai strictement rien à voir avec l’équipe de Myboox. Simple utilisateur-participant de ce site depuis 1an, je trouve qu’il m’a aidé dans mon choix de lecture. Passionné de livres, je n’avais pas trouver mieux (mis à part les amis évidemment!) pour me conseiller objectivement dans mes choix. La dernière phrase de votre article n’était-il pas un appel à l’échange d’expériences sur le sujet? Ceci dit je m’étonne un peu que vous ne citiez que Babelio en site francophone : à l’époque j’avais trouvé pléthore d’autres sites de « lecture sociale » bien mieux construit et alimenté.
Inutile d’être à ce point sur la défensive ! 😉 Votre discours me semblait simplement un peu trop marketing pour être sincère, mais tout le monde peut se tromper n’est-ce pas ? Pour le reste, jai précisé dans l’article que ce n’étaient que des exemples (ceux que je connais le mieux) et qu’il en existait bien d’autres. Merci pour ces précisions !
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Je suis étonné de trouver vraiment TOUT les livres sur Babelio. Vraiment très rare de devoir en signaler un.
Je fréquente occasionnellement http://www.critiqueslibres.com/ afin de connaître l’avis général sur un livre. Moins couru que Babelio, mais bien fréquenté (aussi), il me semble une bonne référence pour les lecteurs.
Bonnes lectures numériques à tous.
Christw,
Je suis allée faire un tour sur le site que vous mentionnez, et ma première impression est positive. Je vais sans doute faire un essai en postant une critique. Merci pour l’info.
Tipram Poivre