Interview de Davy Athuil – éditions le Peuple de Mu

Aujourd’hui, j’ai le plaisir interviewer Davy Athuil, créateur d’une maison d’édition numérique très prometteuse et que je n’avais pas le plaisir de connaître : le peuple de Mü. Il a accepté de répondre à mes questions sans rechigner, et vous parle donc de son parcours d’éditeur numérique, du fonctionnement de sa maison d’édition et de sa vision du livre numérique sur le marché français. J’espère que vous apprécierez ses réponses autant que j’ai apprécié l’interviewer !

En route !Logo le peuple de Mü

LSN : Bonjour Davy, et merci de prendre le temps de répondre à mes questions. Pour commencer, et si vous nous présentiez votre maison d’édition, le peuple de Mü, et son nom si énigmatique ?

Davy Athuil : Bonjour Pierrick et, tout d’abord, merci pour votre invitation à répondre à cette interview. Le peuple de Mü (ou lepeupledemu.fr) est une maison d’édition créée en 2013 et, avant tout, un découvreur d’écrivains francophones débordant d’idées et de talents. Notre catalogue se situe dans le registre de l’imaginaire et en particulier la science-fiction, le fantastique, l’anticipation et l’uchronie. Nous avons à notre actif quatre romans originaux et un cinquième est prévu pour le 16 juin prochain.

Pourquoi le peuple de Mü ? Parce que Mü est un continent perdu, fantasmé, mythique et aujourd’hui présent dans l’imaginaire collectif de la génération des années 70/80 avec des séries animées comme Les mystérieuses cités d’or ou encore Saint Seiya. Une maison d’édition fondée par un trentenaire (bien tassé) ne pouvait avoir un autre nom… qu’en pensez-vous ?

Mu

LSN : Je pense en tout cas que le chevalier d’or du Bélier serait tout à fait d’accord avec vous ! Pourquoi avoir choisi la littérature de genre ? À moins que ce ne soit elle qui vous ait choisi…

Davy Athuil : C’est elle qui m’a choisi… percuté, devrai-je dire ! Je fais partie de ceux qu’on appelle les enfants de la télé, la fin de la génération X. Mes premières lectures ont donc été faites d’images grâce, entre autres, à la mythique maison d’édition Lug et la découverte des Comics américains. Est venu ensuite le film de René Laloux : « Les Maîtres du temps » ; une claque visuelle pour l’enfant que j’étais et la découverte d’un auteur : Stefan Wull. Dès lors, le fantastique et la science-fiction sont devenus des compagnons de route indispensables.

LSN : Une vraie histoire passionnelle, donc ! Et pensez-vous que les amateurs de littérature de genre tels que vous sont plus à même de lire numérique que les autres ?

Davy Athuil : Lorsque nous avons commencé l’aventure avec lepeupledemu.fr, l’atmosphère éditoriale nous engageait à choisir un camp : numérique ou papier. Mais, à vrai dire, nous n’avons jamais cru à la question du support. « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ? », reprenant ainsi Alfred de Musset, serait plutôt notre credo. Je crois que les amateurs de littérature de genre sont avant tout des lecteurs avec les mêmes envies et les mêmes préoccupations : ils aiment le numérique pour la possibilité d’avoir leur bibliothèque en déplacement et le papier pour lire confortablement installé dans leur salon.

LSN : Quels ont été les retours de vos lecteurs depuis 2013 ?

Davy Athuil : Qu’il nous faut, tous les éditeurs, changer de paradigme, faire un pas de côté ! Le numérique n’est pas un ennemi. Il est, au contraire, la solution complémentaire indispensable au papier. Ce n’est pas une idée innovante ou révolutionnaire. Nos confrères Nord-Américains ont compris cela depuis très longtemps. À notre petite échelle, nous ne pouvons pas faire bouger la chaîne du livre pour justement proposer que le lecteur paie pour l’histoire qu’il va lire et non le format qu’il achète. En revanche, nous pouvons essayer d’être à la pointe sur la question de l’achat multiplateforme. Si tout se passe bien, le mois de juin sera celui du lecteur 3.0 ou cross-media sur lepeupledemu.fr.

LSN : A propos des lecteurs justement, sentez-vous la lecture numérique se développer en France, ou pensez-vous qu’il y a encore tout un marché à conquérir ?

Davy Athuil : Les deux mon capitaine ! La lecture numérique se développe indubitablement. Elle est pratique, facile à transporter et surtout adaptable aux personnes ayant des problèmes de vue. Le marché, quant à lui, ne pourra se développer qu’avec ses lecteurs et non contre eux. Ainsi, il nous faut sans cesse les écouter, non pour modifier notre ligne éditoriale, mais pour comprendre les évolutions de la lecture multisupport. Notre réflexion doit porter essentiellement sur cette question aujourd’hui.

belphegor

LSN : A propos de votre ligne éditoriale, parlons des livres numériques que vous publiez. Dans votre collection « Immortelle », vous avez décidé de publier des romans libres de droit, à l’instar de Belphegor ou 20 000 lieues sous les mers, que vous proposez gratuitement. Pourquoi avoir fait ce choix quand les éditeurs sont nombreux à proposer leurs éditions numériques de romans libres de droits de manière payante ?

Davy Athuil : Parce qu’il s’agit pour nous de la notion même de « libre de droits » ! C’est un cadeau d’éditeur que nous faisons à celles et ceux qui n’ont peut-être pas les moyens de les acheter. Et si certains imaginent que cela permet de vendre plus de livres numériques des autres collections, ils se trompent : l’effet est parfaitement nul. Nous le savions déjà en lançant cette collection et nous en avons confirmation aujourd’hui. La question, pour nous, n’ayant jamais été celle-là, nous continuerons à publier gratuitement des œuvres libres de droits : le prochain ouvrage, prévu pour l’été, sera sans doute un Edgar Allan Poe

LSN : Mis à part la collection « Immortelle », vous publiez avant tout des œuvres originales. Comment sélectionnez-vous les œuvres ? Recevez-vous beaucoup de manuscrits ?

Davy Athuil : Notre maison d’édition est encore jeune mais a réussi à se faire un petit nom semble-t-il. Nous recevons, selon les mois, entre deux et dix manuscrits. Nous sélectionnons ceux correspondant à notre ligne éditoriale et les lisons avec attention. Pour ma part, j’aime qu’on me raconte des histoires, qu’importe la véracité technique ou scientifique des faits utilisés (même si elle reste intéressante), tant que l’écrivain me transporte dans un monde inconnu.

Fury JLDetcherry

LSN : Auriez-vous un conseil à donner aux auteurs qui souhaiteraient être publiés chez le peuple de Mü ? Chez un éditeur en général ?

Davy Athuil : Oh que oui ! Si vous devez envoyer un manuscrit chez le peuple de Mü ou un confrère :

  • 1/ vérifiez, avant tout, que la ligne éditoriale correspond à votre création ;
  • 2/ corrigez et corrigez encore ;
  • 3/ n’envoyez pas de courrier de présentation au nom d’une autre maison d’édition (c’est du vécu – pas qu’une fois – et heureusement nous ne sommes pas susceptibles) ;
  • 4/ soyez patients.

De plus, lorsque nous créons une œuvre de l’esprit (musique, vidéo, écrit), nous avons toutes et tous l’impression d’avoir bâti une nouvelle merveille du monde et dans 99 % des cas… nous nous trompons. L’éditeur est justement là pour vous permettre de sortir le meilleur de vous-même grâce à l’exploration d’autres chemins que ceux que vous empruntez habituellement. Outre la diffusion de votre travail, il se doit de vous conseiller tout en vous écoutant. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour avec nos auteurs.

 LSN : Merci pour ces conseils. En contrepartie : petit instant de promotion ! Si vous deviez recommander l’un des livres du peuple de Mü aux lecteurs du Souffle Numérique. Lequel serait-ce et comment feriez-vous ?

Davy Athuil : C’est une mission impossible ! Si j’ai fait le choix de les éditer (et pour des raisons parfaitement différentes), c’est qu’ils m’ont tous plu ! Des vampires voyageant à travers l’Europe du XIXe siècle dans le diptyque Le Sang de Robespierre d’Alfred Boudry à la course-poursuite haletante pour la survie d’une humanité face à ses monstres dans Fury de JL Detcherry, en passant par la quête d’une vérité cachée à bord d’un vaisseau monde dans la première partie de Néagè de Nicolas Cartelet… du fantastique, de l’anticipation, de la science-fiction… je laisse vos lecteurs choisir ! Moi, je n’en suis pas capable… Cela pourrait passer pour de la coquetterie marketing mais ça n’en est pas. J’aime ces romans qui, chacun à leur manière, m’ont fait vivre de grands moments.

Le sang de Robespierre

LSN : Un dernier mot pour la fin ? (peut être est-ce enfin le moment de nous révéler si, oui ou non, le continent perdu de Mü a jamais existé !)

Davy Athuil : Les continents perdus font partie de l’histoire de nombreux peuples à travers le monde. Peut-être que la naissance de ces mythes est à chercher du côté de Gaius Baltar et de Caprica 6… qui sait ? De notre côté, nous savons que sans imaginaire il n’y a pas d’humanité ; et c’est cet imaginaire que nous cherchons chez nos auteurs. Et puisqu’il faut un dernier mot pour la fin, il y en aura deux : « Exploration Totale »… mais pas avant le 16 juin ! Merci à vous pour cette interview et à vos lecteurs d’avoir pris le temps de découvrir le peuple de Mü.

LSN : Et merci à vous  de vous êtres prêté au jeu !

Si cette interview vous a intrigué, chers lecteurs, il ne vous reste plus qu’à parcourir le site internet des éditions du peuple de Mü pour en savoir plus sur leurs textes et leurs auteurs. Qui sait, si vous n’avez pas encore trouvé le temps de partir à la recherche de continents perdus, peut-être aurez vous au moins celui de dévorer leurs romans !

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