Epilogue, d’Anne Bert

Epilogue Anne Bert

Aujourd’hui, je suis assez pressé de vous faire partager une lecture qui m’a réellement emballé, celle du livre numérique Épilogue, écrit par Anne Bert, auteur que je ne connaissais pas auparavant. Pour être franc, ce livre, qui vient de paraître, m’a été gracieusement envoyé par les éditions Edicool. Je dois donc avouer que je l’ai débuté sans même savoir ce dont il parlait, honteux lecteur que je suis. Pour être encore plus franc, j’ai hésité à arrêter la lecture au bout des premières pages car j’ai eu beaucoup de mal à accrocher au début et que je ne voyais pas forcément vers quoi allait s’orienter ce livre. Mais je peux vous dire que ça aurait été très idiot de ma part de ne pas poursuivre cette lecture !

Épilogue, ce qu’il m’a fallu un peu de temps avant de découvrir, est le nom d’une maison de retraite. Ce premier détail m’a paru tout à fait délicieux et illustre assez bien le propos de ce livre. Ici, Anne Bert parle de la vieillesse, ou plus particulièrement de la manière dont nous, civilisés occidentaux, traitons notre vieillesse. Et avouez qu’Épilogue pourrait être un nom de toute beauté pour une maison de retraite qui s’assume, tout comme pourrait d’ailleurs l’être Le Parc à Vieux ou  L’Antichambre de la morgue. Bref, pardonnez-moi ces traits d’humour douteux et continuons notre revue.

Épilogue nous confronte donc à Marguerite Nourdi, une veuve octogénaire gentiment éconduite de sa maison de retraite, car pas suffisamment « rentable » comme le cite aimablement la directrice de l’établissement. La tutrice de Marguerite, Line Passage, se retrouve donc avec ce problème sur les bras : que faire de cette vieille dame sans aucune famille, qu’elle connaît assez peu et qui n’a plus suffisamment d’argent pour continuer à vivre dignement ?

Emportée par la fraîcheur d’esprit de Marguerite, ancienne campagnarde qui n’a jamais vécu loin de son village ni de son mari alcoolique, Line se décide à lui faire voir pour la première fois la mer. Prise d’un grain de folie, la tutrice décide de placer les dernières économies de la vieille dame dans la location d’une chambre d’hôtel en bord de mer, pendant six semaines. Pour ne pas laisser Marguerite seule, elle passe ces six semaines à ses côtés, sans même savoir ce qu’il adviendra d’elle par la suite. S’ensuit une relation touchante entre cette vieille dame dont la société ne veut plus, et cette tutrice confrontée à l’hypocrisie grotesque de sa situation.

Le sujet principal du roman reste donc le rapport de notre société avec cette vieillesse, la manière dont nous traitons ces vieux que la médecine parvient à garder en vie mais sans que nous leur accordions pour autant la moindre utilité… Là où Épilogue frappe fort, c’est qu’il parvient à dresser ce portrait sombre au possible sans jamais tomber dans le misérabilisme. Les deux personnages sont attachantes, et loin des clichés. Rien n’est tout noir ou tout blanc, et les choses sont simplement présentées telles qu’elles sont.

Ne vous attendez donc pas à un texte glauque ou moraliste, vous verrez uniquement deux personnages très humains, confrontés à la vie, confrontés à la vieillesse et confrontés à une société individualiste. Anne Bert en profite pour aborder, toujours très subtilement, la vie en maisons de retraite, l’infantilisation des personnes âgées, le droit à la mort, mais aussi et tout simplement la vieillesse, à travers la vie de Marguerite, présentée non pas comme « la vieille de service » mais juste comme une femme.

Pour conclure, je pense que vous l’aurez compris, cette histoire m’a vraiment touché, en grande partie pour sa simplicité à aborder un sujet si délicat, et pour la richesse de ces deux personnages principaux.

Si la thématique de ce livre vous intéresse, je vous invite vraiment à le découvrir ! Vous pouvez vous le procurer sur le site de l’éditeur pour la somme de 3,99€. Notez qu’il s’agit d’un livre assez court : une cinquantaine de pages environ, ce qui ne le rend pas moins intéressant pour autant ! Bonne lecture !

5 réflexions sur “Epilogue, d’Anne Bert

  1. Pas sûre que j’oserai le lire, car j’ai atteint un âge où ce genre d’épilogue devient chaque jour une hypothèse de plus en plus probable, puisque la France n’autorise pas la mort volontaire comme ses voisins suisse et belge. C’est à grands pas que je m’achemine vers l’un de ces « Parcs à Vieux ». Brr.

    La façon dont vous parlez du livre donne envie de découvrir comment Anne Bert traite ce douloureux sujet de société. Dommage que je n’aie pas une vingtaine d’années de moins…

    Merci pour cette nouvelle critique, Pierrick.

    • Ne vous faites pas passer pour plus vieille que vous n’êtes, Tipram ! :-p

      Je ne saurais pas vraiment dire si ce roman est triste ou non, d’où sa force certainement. L’idée n’est pas, quoi qu’il arrive, de s’apitoyer sur le sort de Marguerite ou de dépeindre l’horreur des maisons de retraite. Le sujet de la mort volontaire reste effectivement le fil conducteur du récit, à l’origine même d’une grande hypocrisie.

      Merci pour votre commentaire !

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