Vous revoilà mes chers élèves, et comme je vous trouve beaux aujourd’hui, tous venus assister au cours qui clôturera ce module dédié à l’inspiration. Même si je devine que vos regards béats ne reflètent que votre satisfaction de vous rapprocher inévitablement du week-end, je vais faire comme s’ils représentaient votre satisfaction d’être ici avec votre professeur préféré : et une bonne note à tous ceux qui ne me contrediront pas !
Je ne vais pas faire un résumé des deux cours précédents (je veux bien sûr parler des deux séances de lundi et de mercredi pour ceux qui n’auront pas suivi), mais j’invite les absentéistes à les consulter avant tout. Non seulement car cela leur permettra d’avoir un meilleur éclairage sur le cours d’aujourd’hui, mais aussi car ce sera l’occasion de perdre un peu de temps, et donc de faire s’approcher le week-end à grand pas ! Mais reprenons plutôt le fil de nos idées, et terminons enfin ce cours !
Slide 7 : Inspiration, ou plagiat ?
Brutal de reprendre déjà à la prochaine slide n’est-ce pas ? Inspiration ou plagiat, voilà une étape incontournable de ce cours, étape pour laquelle ont spécialement été conviés quelques auteurs de Gallimard, non pas pour donner des leçons, mais pour en prendre cette fois-ci ! Car chacun sait qu’il est difficile de reconnaître cette imperceptible limite entre l’inspiration et le plagiat, surtout à cette époque ou le copier-coller peut être considéré comme un hommage officieux.
Souvenez-vous, je vous disais dans le slide précédent qu’il était de bon ton de vous inspirer de toutes les œuvres que vous pourrez assimiler. C’est mal ! Car j’aurais dû instantanément vous parler du plagiat. Car si d’autres œuvres pourront nécessairement vous inspirer, il faut veiller à ce que l’inspiration ne soit pas une pâle copie. Le brief ci-dessous vous montre ainsi comme James Cameron a habilement transformé Pocahantas en Avatar, en modifiant notamment le lieu, l’espèce et la technologie des différents personnages : un travail de génie !
Plus sérieusement, ce sera à vous de déterminer si vous êtes dans le plagiat ou l’inspiration. L’inspiration, ce sera de reprendre le caractère d’un personnage car il vous inspire, ce sera prolonger un concept que vous trouvez trop peu abouti dans telle ou telle œuvre, ce sera utiliser différents éléments glanés ça et là pour créer une œuvre originale. Le plagiat, ce sera reprendre point par point n’importe quelle œuvre, et la maquiller pour donner l’illusion d’une nouvelle. Le plagiat stupide, ce sera copier-coller des passages d’autres œuvres pour palier son propre manque de talent…
Le plagiat mis à part, il n’y a aucune honte à s’inspirer d’autres livres et d’autres œuvres. D’une, car les idées -contrairement à ce que certains exigeraient- ne sont la propriété de personne, et gagnent souvent à être développées, et de deux car c’est ainsi que la création s’est toujours faite : en partant de choses déjà inventées, déjà créées. Comme dirait mon prof de philo de l’époque, l’imagination humaine est incapable de partir de l’inconnu, tout ce qui est inventé par l’homme vient de choses réelles. Si bien que si des espèces extra-terrestres existent dans un monde lointain mille fois différent du nôtre, il y a de fortes chances que notre esprit soit tout simplement incapable de les imaginer. Ça vous en bouche un coin non ?!
Euh… Reprenons le fil du cours !
Slie 8 : Etude de cas
Vous avez donc cru y échapper ? C’était peine perdue ! Nous y voilà : la fin du module. Et comme tout module qui se respecte, nous finissons par une étude de cas, ce qui vous permettra non seulement d’appliquer les connaissances pratiques assimilées tout au long de cette semaine dans un environnement réel, mais me permettra également de vérifier que vous avez acquis les enseignements nécessaires à la validation de votre diplôme imaginaire d’auteur.
Et pour votre cas pratique, nous nous intéresserons à… l’affiche du film John Carter, récemment sorti dans les salles !… Je peux lire le désarroi de certains d’entre vous. Comment ? S’intéresser à une affiche de film pour un cours sur l’inspiration des auteurs ?! Et le présenter avec un superbe powerpoint vintage ? Et bien ce choix d’étude est aisément justifiable ! D’une, étudier une affiche vous permet à tous de comprendre instantanément de quoi il est question sans avoir à vous farcir une œuvre de trois-cents pages. De deux, John Carter est inspiré d’un livre, donc c’est vaguement livresque comme histoire. De trois, je viens de vous parler d’Avatar, et comme c’est pratiquement le même film ça ne devrait pas vous décontenancer. De quatre, j’ai vu ce film cette semaine, et je n’avais pas d’inspiration pour vous trouver un cas pratique !
L’affiche, la-voilà :
Magnifique isnt’it ? Nous y voyons une sorte de gladiateur bodybuildé à la tignasse flamboyante et au corps huilé, qui vous rappellera peut-être ces vieux films mythologiques comme Jason et les argonautes (oh, première source d’inspiration ?!), qui attaché à une imposante chaîne essaie de s’échapper de deux monstres titanesques sans doute décidés à lui faire un énorme câlin. A première vue, et si on ne sait pas qu’il s’agit d’une adaptation, la scène est parfaitement originale, en particulier ces deux monstres qu’on aurait difficilement pu voir dans la nature. Mais creusons-un peu…
Commençons par la scène : cet homme torse-nu, dans une sorte d’arène, à la merci d’une paire de monstres sauvages, les chaînes aux poignets. Vous ne remarquez pas de saisir la référence la plus évidente : c’est une inspiration flagrante de l’arène de Géonosis, dans l’Episode II de Star Wars ! Ne croirait-on pas voir Obi-wan, prêt à chevaucher le monstre de l’arène ? Bon, les plus vieux cinéphiles d’entre vous diront que l’inspiration vient davantage d’anciens péplum, et qu’on aura simplement remplacé les lions par des… choses plus grosses ! J’entends déjà les puritains prétendre que les péplum étaient eux-mêmes inspirés de l’Antiquité et de ses jeux d’Arène, mais nous n’avons aucune bobine pour le prouver, nous en resterons donc là.
Un homme acculé dans une arène, prêt à être mangé par les bêtes sauvages, rien de révolutionnaire donc. Mais ces monstres, ces monstres mes aïeux : comment un esprit humain a-t-il pu les imaginer ?! Assez facilement au final. Leur silhouette ne laisse pas planer le doute quant à leur origine simiesque. Ces grands membres élancés, ces pattes vaguement humaines : nous sommes face à des gorilles bourrés aux amphétamines. Leur gueule pourtant, est loin d’être celle d’un singe ! Création magnifique et originale ? Pas vraiment : ces plis au niveau des yeux sont ceux d’un éléphant, comme leur peau en général. Ces défenses hors de leurs gueules sont celles d’un hippopotame plutôt, on reste dans la famille des pachydermes.
L’idée même de faire grandir ces gorilles-éléphants outre-mesure aurait pu être géniale… Si elle n’avait pas été vue mille fois ! Asimov commençait son cycle des robots en précisant qu’Homère lui-même parlait déjà de robots et que l’idée n’avait rien de nouveau. Pareil pour les géants, qui existaient déjà grâce aux bons vieux cyclopes de l’Odyssée, qui eux n’avaient qu’un œil, ce qui était donc une double trouvaille !
Nous nous retrouvons donc non pas face à une image originale comme nous le pensions naïvement, mais face à une accumulation d’inspirations diverses ! Pour autant, est-ce que la sauce passe mal ? Pas vraiment, car cette scène dégage finalement quelque chose de nouveau, et que ces gorilles-éléphants paraissent diablement cools, si bien que leur créateur a dû être rudement inspiré pour les créer !
Sur ce, il est plus que temps de mettre un terme à ce cours qui n’a que trop duré !
Je pense que vous l’aurez compris, chers élèves si attentifs, le but de ce module, l’ensemble du déroulement interne de ce cours, l’intégralité de ce fameux powerpoint évolutif, n’aura eu d’autre intérêt que de me faire discrètement parler de l’affiche de John Carter sans alerter personne. J’ose espérer que cela vous aura au moins appris à ne plus signer pour n’importe quel cours, et à ne plus entrer dans une salle de classe sous le simple prétexte « il y avait de la lumière… » ! Si au passage, le cours aura aidé votre inspiration, cela n’en est que fortuit, mais je m’en réjouis.
Bon week-end les enfants !
Dité… le nom de la cité des enfers… Coool ! 😀
(t’as vraiment été voir John Carter ? Nan, vraiment sérieux, t’as été voir ce film ? Genre sérieux en payant ton billet et les popcorn ?)
En parlant de John Carter et d’inspiration… J’avais vu le trailer lors de ma dernière sortie au ciné, et c’est la musique qui a accaparé toute mon attention: « Nan! Ils n’ont pas osé! » Led Zep à la sauce epic blockbuster soundtrack… LOL (Il y a 2 trailers en fait, c’est le 2 que j’ai vu)
Je pense que mon chum veut aller le voir. Si on arrive à se motiver pour se traîner jusqu’à une salle de ciné. (Pas notre genre.)
@Paumadou : Et oui, j’ai payé pour ça ! Des places à 3€50 pour ma défense ! Mais pour être franc, c’est loin d’être le pire des films que j’ai vu. Bon, ce n’est pas franchement un chef d’oeuvre non plus (trop de princesse et pas assez de morts à mon goût !) mais il y avait des choses intéressantes dans le tout…
@Asia Morela Oui, surtout Led Zep sur du Disney au final ! 🙂 Le côté Disney est d’ailleurs un peu trop prononcé d’ailleurs, donc je ne suis pas sûr qu’il vaille vraiment le déplacement, surtout si vous êtes du genre flemmards avec ton homme ! 😉
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