Ouf, cher lecteur ! Tu arrives à lire ces lignes avant l’inévitable. C’est une bonne chose, car dans quelques jours, je ne suis pas sûr que nous ayons encore Internet, ni même l’électricité. Tu tombes donc sur cet article juste à temps pour profiter de mes derniers conseils pour auteurs, avant que le jugement dernier ne tombe sur nous ! Car tu as certainement pu déjà constater le souffle de terreur qui parcourt nos villes, à quelques jours à peine de la fatidique date du 21 décembre, que les Mayas ont identifiée comme celle de la fin du monde, il y a quelques siècles de cela.
Comme l’être humain est une espèce saine et raisonnée, nous sommes tous intimement convaincus de la véracité de cette prédiction. Après tout, pourquoi faire confiance à nos scientifiques en tous genres ou à l’absence totale de menace immédiate, alors que nous pouvons nous reposer sur les hypothèses religieuses d’une civilisation éteinte depuis des siècles ? C’est vrai ça !
C’est donc dans la panique la plus totale que les gens ne cessent de faire les magasins en ce mois de décembre, certainement dans l’espoir peut-être vain d’amasser suffisamment d’outils et de vivres pour survivre à l’ère post-apocalyptique. Même les commerçants s’alarment en ce moment, allant jusqu’à ouvrir leurs portes chaque dimanche du mois pour canaliser les foules. On trouve d’ailleurs dans certains centres commerciaux quelques prophètes illuminés, vêtus de rouge et portant une longue barbe blanche, qui ne cessent de chuchoter des conseils de survie à l’oreille des plus jeunes générations.
Si nul ne peut s’accorder sur l’origine de la menace, nos œuvres culturelles sont suffisamment fournies pour dresser quelques pistes. Catastrophes naturelles, astéroïdes, guerre nucléaire,… Les possibilités sont vastes, même si, au 21ème siècle, il me paraît aberrant de ne pas pencher pour l’hypothèse de l’Apocalypse Zombie. Mais passons plutôt ! Toutes ces situations ont un point commun : l’existence de quelques survivants. Car il n’y a pas d’Apocalypse sans monde post-apocalyptique !
Sans vouloir être trop positif, je t’annonce donc, cher lecteur, qu’il y a une possibilité pour toi de survivre après le 21 décembre ! Néanmoins, tu te dis certainement que toute cette histoire d’Apocalypse, et que la mort de millions de personnes, risquent de nuire gravement à ta carrière d’auteur. Il n’en est rien ! Grâce à l’article d’aujourd’hui, tu auras toutes les clefs en mains pour écrire et être lu après l’Apocalypse ! Génial non ?! Par contre je t’invite grandement à lire des conseils pour savoir comment survivre et tout ça, car mon article ne sera peut-être pas des plus utiles pour les survivants…
- Conseil n°1 : avoir du matériel d’écriture La première étape, avant même l’Apocalypse, sera de réunir tout ce qu’il vous faut pour écrire. Malheureusement, finis les iPad, ordinateurs et autres traitements de texte, le mieux sera de vous équiper de quelques feuilles et d’autant de crayons et stylos. Comme les survivants seront certainement amenés à être nomades, prévoyez donc un peu de place pour cet attirail dans votre sac. Pour que ledit sac ne soit pas trop lourd, il suffit d’en enlever les choses inutiles, comme les armes, les provisions ou encore les vêtements de rechange. Après tout, ça ne sert même pas à écrire tout ça !
- Conseil n°2 : se ménager un espace d’écriture La post-apocalypse n’est vraiment pas de tout repos pour un auteur. Entre les tirs, les éboulements, les hurlements des zombies et autres cris d’animaux en tout genre, il sera utile de se ménager un petit espace tranquille pour écrire, si possible un bunker insonorisé, ou tout du moins un endroit isolé. S’il vous arrive, dans votre petit havre de tranquillité, d’être dérangé par un autre survivant qui voudrait échapper aux milles horreurs qui le poursuivent, éconduisez-le poliment, et faites-lui comprendre qu’il est très important pour vous d’être au calme pour écrire.
- Conseil n°3 : s’entourer d’autres survivants Si le conseil précédent ne le laissait pas entendre, il vous faudra tout de même vous sociabiliser dans le nouveau monde. En effet, le risque avec l’écriture, c’est qu’elle vous absorbe trop pour prendre conscience des menaces qui vous entourent. Essayez donc si possible de vous entourer de survivants habiles et persévérants, qui surveilleraient les alentours pendant que vous écrirez, et s’occuperaient également de chasser et faire la cuisine. Il se peut qu’un tel groupe émette quelques doutes quant à votre utilité parmi eux, sachez donc préparer quelques arguments pour les convaincre. Par exemple, dites leur qu’un auteur est très pratique pour rédiger des règles de vie commune ou encore des appels à l’aide, deux choses qui pourraient être utiles à tout groupe social formé après l’Apocalypse.
- Conseil n°4 : choisir une ligne éditoriale efficace Après la fin du monde comme avant, il est toujours important d’écrire des choses qui plairont à votre lectorat. Alors qu’avant le 21 décembre, la mode était aux Zombies, aux vampires et aux guerres en tous genres, évitez d’écrire sur ces thèmes qui paraitront bien trop familiers à vos futurs lecteurs. Essayez plutôt de les faire s’évader, ou encore d’écrire des textes qui leur seront utiles. Deux créneaux certainement très populaires après la fin du monde seront le livre de survie qui permettra à chacun de recueillir quelques conseils pour continuer sa difficile existence dans l’après-monde, ou encore le livre de fiction se déroulant au 21ème siècle. Si vos personnages vont sur Facebook, utilisent leur iPhone et mangent des Pizzas, cela rappellera aux survivants les temps meilleurs, et ce créneau nostalgique fera de vous un auteur très populaire.
- Conseil n°5 : fixer un prix abordable Une fois votre texte fini, et recopié plusieurs fois (de manière à ne pas en vendre qu’un exemplaire), tachez de lui fixer un prix convenable. Il n’est pas sûr que les survivants soient prêts à dépenser une fortune en des temps si difficiles. Le mieux est d’opter pour un système de troc, et d’échanger votre livre contre quelques vivres, une poule ou encore un vaccin anti-zombie.
- Conseil n°6 : offrez des services de presse La communication est tout aussi importante après l’Apocalypse. Pour faire parler de votre livre, offrez donc des textes aux influenceurs de la post-apocalypse. Attention ! Il ne s’agit pas de demander aux survivants combien ils avaient de followers sur Twitter, mais de repérer ceux qui se sont fait un réseau dans le nouveau monde. Au choix, les influenceurs seront soit des éclaireurs, qui transmettent les dernières informations connues aux survivants qu’ils croisent, à la manière de crieurs publics, soit des survivants qui auraient réussi à émettre sur les canaux d’une radio quelconque. Sachant qu’ils n’auront pas forcément grand chose à dire sur leur radio, faites leur donc lire à l’antenne quelques passages de votre texte ! Oh, et si vous êtes vous même un peu doué avec les émetteurs, n’hésitez pas à diffuser vous même un extrait qui passerait en continu sur les ondes. Ce sera moins efficace qu’un appel à l’aide pour survivre, mais nettement plus utile pour vendre vos textes !
- Conseil n°7 méfiez vous des militaires Depuis que j’ai joué à Half-life, je me suis toujours méfié des militaires qui prétendent venir sauver les civils, et d’autres intenses expériences de vie (comme le fait d’avoir joué à Fallout) m’ont confirmé cette impression. Vous pouvez donc me faire confiance quand je vous dis de vous méfier des militaires qui viendraient vous sauver avec leur matériel high-tech et leurs bunkers sophistiqués. Néanmoins, s’ils s’avèrent être réellement gentils, n’oubliez pas de leur poser les bonnes questions au moment où ils vous sauveront, comme par exemple « Avez-vous lu mon dernier livre ? ». N’oubliez pas que les militaires sont souvent les plus aisés en période apocalyptique, et qu’ils ont également besoin d’un peu de loisirs durant leurs permissions.
J’espère que ces différents conseils vous auront été utiles et que vous aurez pris le temps de les lire entre l’achat de quelques vivres et la barricade de votre maison. Pour ma part, je ne suis pas absolument sûr de survivre à cette fin du monde, et ne pourrais donc peut-être pas voir à quel point mes conseils étaient efficaces pour un auteur post-apocalyptique. De toutes manières, pour être totalement franc avec vous, je ne suis pas sûr que la fin du monde ait réellement lieu ce 21 décembre. Car même si j’ai une extrême confiance dans le calendrier Maya, je porte également une confiance immense envers mon calendrier de l’avent, et apparemment il ne s’arrête pas le 21…
Génial ! Du second degrès et un peu d’absurde, comme j’aime ! Vive la fin du monde 🙂
Comme le vôtre, mon calendrier ne s’arrête pas au 21.
Merci pour votre humour percutant.
Tipram
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