Aujourd’hui, j’ai décidé de m’écarter des sentiers battus du Souffle Numérique pour m’intéresser à un sujet qui n’a rien à voir avec l’édition, mais reste plein d’intérêt : j’ai nommé la réalité virtuelle ! Mes fidèles lecteurs sauront d’entrée de jeu qu’il s’agit d’un sujet qui me fascine, puisque je lui ai dédié mon premier recueil de nouvelles. A l’heure où les périphériques de réalité virtuelle, comme l’Oculus Rift ci-dessous, sont en voie de démocratisation, il m’a paru intéressant de dédier un article sur ce sujet.
Ce sera l’occasion pour moi d’évoquer mes rapports avec la réalité virtuelle et de donner un point de vue plus direct et moins romancé que dans mon recueil sur cette évolution technologique qui risque de marquer le monde du jeux-vidéo… mais pas que.
Je tiens à rappeler, avant de commencer, que je ne suis en rien un spécialiste de la réalité virtuelle. Je me contenterais donc ici d’exposer mon avis de citoyen lambda. N’hésitez pas à réagir dans les commentaires si j’ai avancé ici quelques erreurs ou tout simplement si mon point de vue ne vous semble pas cohérent !
Qu’est-ce que la réalité virtuelle ?
Comme toujours, il est de bon ton de définir le concept de réalité virtuelle. S’il s’agit d’un terme que toute le monde connaît plus ou moins, il faut reconnaître que le sujet a de quoi dérouter. En effet, la réalité virtuelle part d’un joli oxymore : mélanger le réel (le concret, la chose existante) et le virtuel, qui n’est qu’une chose potentielle et sans effet sur la réalité. On peut donc plus ou moins résumer le concept de la réalité virtuelle à cela : vivre quelque chose qui n’existe pas.
Mon ami Wikipedia m’annonce que le terme réalité virtuelle aurait été trouvé en 1938 par un certain Antonin Arnaud, pour désigner le théâtre. Sans surprise aucune, il me dit également que la notion aurait déjà été évoquée par Platon dès l’Antiquité, dans sa trop célèbre allégorie de la Caverne. Sans surprise car il n’y a finalement aucun concept qui n’ait déjà été abordé dans l’Antiquité. Quand on apprend que Homère évoquait déjà le concept d’androïde dans son oeuvre, on réalise bien vite que l’Homme n’invente plus rien depuis des siècles !
Sans Platon, nous ne parlerions peut-être même pas de réalité virtuelle aujourd’hui !
Au final, il est intéressant de noter que l’esprit humain peut conceptualiser la réalité virtuelle dès lors qu’il s’intéresse au terme de réalité. En effet, nul besoin d’un Oculus Rift ou d’une quelconque interface pour percevoir une réalité virtuelle : un dément qui perdrait tout contact avec la réalité pourrait, d’un certain point de vue, vivre dans une réalité que nous pouvons estimer virtuelle. Sans même parler des consommateurs d’hallucinogènes qui peuvent expérimenter, grâce ou à cause des drogues, une réalité toute autre.
La réalité virtuelle de nos jours
Mais sans entrer plus en avant vers la métaphysique, recentrons-nous sur le terme de réalité virtuelle dans sa signification actuelle. Car si le mot virtuel n’a pas toujours été associé à internet ou aux ordinateurs, il est difficile de parler de réaltié virtuelle sans se concentrer sur ce sujet ! Pour répéter une fois de plus les mots de notre ami Wikipédia, la réalité virtuelle est une simulation informatique interactive immersive. Autrement dit, il s’agit de plonger une personne dans une « fausse » réalité, grâce à une interface. La réalité virtuelle est créée en « trompant » les sens (essentiellement la vue, l’ouïe et le toucher pour le moment) d’une personne.
Tron, un film qui a grandement popularisé le concept de réalité virtuelle
Il existe d’ores et déjà différents types d’interfaces pour simuler une réalité virtuelle. J’utilise dans cet article l’exemple de l’Oculus Rift (j’y reviendrais…), un casque qui permet à un joueur de se plonger dans un jeu vidéo, mais il existe également des salles ou encore des systèmes mobiles qui permettent de simuler la réalité. Je vous invite encore une fois à consulter l’article Wikipédia ou d’autres sources pour creuser le sujet.
On peut ainsi utiliser la réalité virtuelle pour entraîner à la conduite d’un véhicule, pour créer une oeuvre artistique immersive, voire pour guérir une phobie. Naturellement, les possibilités sont multiples et j’ai confiance en l’humanité pour en trouver d’autres à l’avenir, plus ou moins éthiques ou discutables.
L’Oculus Rift
Pour revenir plus en détail sur l’Oculus Rift, il faut savoir qu’il s’agit simplement d’un casque de réalité virtuelle conçu par une filiale de Facebook. Sans entrer dans les détails techniques (encore une fois, ce n’est pas ma spécialité), cet outil permet de capter les mouvements de tête de l’utilisateur, et fait donc défiler l’univers virtuel sous ses yeux en temps réel, pour un effet d’immersion très convaincant.
L’Oculus Rift tel qu’il devrait arriver sur le marché
Encore au stade de développement, l’Oculus Rift est pour le moment uniquement vendu en kit de développement, donc à destination des développeurs de jeux vidéos, pour la somme de 350$ (environ 260€). A terme, il sera bien entendu commercialisé en version finale à l’ensemble des consommateurs. Les amateurs de jeux-vidéo sont pour le moment la cible principale. Nombreux sont d’ailleurs ceux qui voient dans l’Oculus Rift (et donc dans la réalité virtuelle) l’avenir du jeu vidéo.
Si je prends l’exemple de l’Oculus Rift dans cet article, outre ma curiosité vis à vis de ce nouveau gadget, c’est parce qu’il sera probablement l’un des premiers terminaux de réalité virtuelle accessible à un prix abordable, et qu’il a donc le potentiel d’entrer dans la plupart des foyers, au même titre qu’une PlayStation ou une X-Box.
On peut donc dire, dans un sens, que l’Oculus Rift est un premier pas vers une réalité virtuelle généralisée, et qu’il sera peut-être précurseur d’une vraie tendance de la population à plonger dans la réalité virtuelle.
Observez les yeux pétillants et pleins de surprise d’un joueur d’Oculus Rift
Naturellement, il serait un peu précipité de s’alarmer en imagineant d’ores et déjà la société de demain comme un Matrix In Real Life ! Je suppose qu’il y a un pas énorme entre l’arrivée d’une simple console de jeux de réalité virtuelle sur le marché et l’idée d’une société entièrement plongée dans le monde virtuel, comme j’ai pu la décrire dans Réalités Virtuelles. A moins que ?
A-t-on besoin d’une interface de réalité virtuelle ?
J’en viens finalement au point qu’il me tardait d’aborder : ne vit-on pas déjà dans une réalité virtuelle ? Car si, évidemment, des interfaces comme l’Oculus Rift font résonner en moi de nombreuses idées tant ils miroitent de possibilités, je doute qu’ils nous soient nécessaires pour plonger dans une réalité virtuelle. Tout simplement car nous vivons déjà dans une réalité virtuelle.
Toutes les oeuvres de fiction qui traitent du sujet, Réalités Virtuelles y compris, n’ont en effet jamais eu besoin d’interfaces élaborées pour s’intéresser à ce riche thème. Il nous suffit en effet de contempler notre propre réalité pour connaître les dérives et les risques de la réalité virtuelle.
Pour écrire mon recueil de nouvelles (qui, précisons-le, propose une science-fiction très conventionnelle et ne se veut en rien révolutionnaire… tout comme le contenu de cet article d’ailleurs !), je ne me suis inspiré d’aucune machine ou interface, mais simplement d’un outil beaucoup plus contemporain : internet.
S’il y a un « endroit » (virtuel) où les relations et les personnes sont fantasmées, c’est bien internet. Entre les réseaux sociaux qui se veulent refléter des vies rêvées, les relations inter-personnelles sans aucun contact physique, les jeux de rôles et les faux semblants, nous avons déjà fait d’internet une vaste réalité virtuelle. D’autant plus que cette réalité a même fini par rejaillir sur notre activité professionnelle. Vous qui lisez cet article, vous devez être nombreux à travailler de près ou de loin dans le domaine d’internet, et ce média a quoi qu’il en soit certainement modifié votre manière de travailler.
Peut-on considérer les réseaux sociaux comme une partie intégrante de notre réalité ?
L’autre thème et source d’inspiration riche d’intérêt pour le sujet est bien sûr le jeu vidéo (d’où, encore une fois, l’importance de l’Occulus Rift). Là où internet nous permet d’idéaliser nos propres vies, les jeux vidéos nous permettent d’en vivre une seconde, radicalement différente, en incarnant des personnages charismatiques et en accomplissant 1001 exploits qui rendent le quotidien bien terne en comparaison.
La première nouvelle de Réalités Virtuelles, dans laquelle les personnages fréquentent un serveur de rencontre amoureuse où tous se dissimulent derrière des avatars, était ainsi bien entendu un grossier clin d’oeil à Second Life, une source d’inspiration qui mêle à la fois internet et les jeux vidéos.
Second Life était en effet un jeu social en ligne, lancé en 2003, qui a été l’un des premiers fantasmes d’une réalité virtuelle aboutie. Chaque joueur pouvait, dans Second Life, créer son propre avatar et modeler l’univers à sa guise. Le buzz a été tel autour du projet que de nombreux investisseurs, marques ou encore partis politiques y avaient investi de grandes sommes pour figurer dans cet espace purement virtuel. Si le soufflé est bien retombé depuis, Second Life reste un exemple fascinant d’une seconde réalité, qui aurait pu vivre avec son système économique propre, et génerer de grandes sommes d’argent dans notre réalité.
Second Life offre des milliers d’opportunités virtuelles… pas toujours chastes d’ailleurs !
Reste à voir si l’Oculus Rift tentera à nouveau de telles expériences, en misant sur le fait qu’une immersion plus complète poussera davantage les joueurs à fréquenter une autre réalité, voire à rêver à une connexion permanente au virtuel. A ce propos, il est à noter que le même Second Life est désormais jouable avec, je vous le donne en mille, l’Oculus Rift ! Le phénomène Second Life risque-t-il de revenir sur le devant de la scène grâce à la réalité virtuelle ? L’avenir nous le dira !
Second Life ne passera visiblement pas à côté de l’opportunité Oculus Rift !
Conclusion
Je pense avoir suffisamment tergiversé sur le sujet à présent ! Vous l’aurez compris, il s’agissait surtout pour moi de revenir en partie sur la genèse de Réalités Virtuelles et de vous livrer mes impressions sur l’imminence de procédés de réalité virtuelle plus immersifs.
Il s’agit d’un sujet qui touche directement le jeu vidéo, qui a passé ses dernières années à devenir de plus en plus réaliste et impliquant, entre des graphismes de plus en plus proches de la réalité et des procédés de jeu qui impliquent directement le joueur (prenons les exemples connus de la Wiimote ou du Kinect). Mais naturellement, la réalité virtuelle ne se limite pas à cela. Il est d’ailleurs riche de sens de savoir que Facebook, un réseau social qui nous permet de livrer les moindres détails -réels ou fantasmés- de nos vies, a racheté la société productrice de l’Oculus Rift.
Il y a finalement fort à parier que la réalité virtuelle s’intègrera de plus en plus à nos vies quotidiennes, tout comme internet n’a cessé de le faire ces dernières décennies.
Naturellement, il ne faut pas pour autant rejeter en bloc cette nouvelle technologie, et je dois reconnaître que mon article me paraît plus alarmiste que je ne l’aurais voulu. Néanmoins, s’il est bon d’accepter la technologie, il n’est pas vain de garder un peu de recul par rapport à elle, et de l’examiner avec un sens critique.
Pour conclure, j’ai bien conscience que cet article n’a rien de bien profond. Si vous vous intéressiez déjà à la réalité virtuelle, je ne pense pas vous avoir appris quoi que ce soit aujourd’hui. Mais si ce n’est pas le cas, j’espère vous avoir offert quelques pistes de réflexions sur le sujet, et vous avoir donné envie de le creuser un peu de votre côté. Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à partager votre point de vue ou vos impressions dans les commentaires !
Bonjour,
J’ai eu la chance de le tester et c’était juste incroyable ! La première démo était dans un grand huit. Heureusement que deux personnes se trouvaient derrière moi, car je tanguais littéralement sur place. L’immersion est telle que je baissais la tête, ressentais la vitesse et mon estomac s’est soulevé lorsque nous avons plongé !
Pour la seconde simulation, je me trouvais dans un jardin face à la mer tout simplement. Avec une souris je pouvais « me » faire avancer, mais c’était moins sensationnel. Le mieux étant de lever les pieds en marchant sur place pour que l’immersion soit plus crédible. Par contre, ce qui était très étrange, c’était de ne pas voir mes pieds lorsque je baissais la tête !
Une expérience géniale, mais il ne faut ni avoir le vertige ni être cardiaque ^^
Merci pour ce retour d’expérience ! Je n’ai jamais eu cette chance mais j’ai entendu dire qu’il fallait le tester pour comprendre. Effectivement, j’ai entendu dire que l’Oculus Rift pouvait entraîner certains problèmes, notamment au niveau de l’équilibre. Je suppose que, tout comme la 3D, certains seront plus sensibles que d’autres à son effet.
C’est une évolution « logique » de la technologie, et on peut aussi envisager des applications médicales, scientifiques, militaires etc… ce qui, combiné avec les dernières avancées en robotique, peut donner une combinaison inquiétante… ou pas (comme dans tout progrès, quoi !).
J’ai suivi d’assez près l’évolution de cette nouvelle révolution et je trouve ça passionnant. Cela ouvre plein de portes.
Par contre je ne pense pas que ce soit pour moi. Je vois déjà comme je flippe quand je lance un jeu comme Alan Wake, j’ose même pas imaginer avec l’oculus rift. Peut-être pour des jeux de simulation sportives, oui. Quand on voit ce qui est fait avec caméra embarquée, je sens bien le potentiel que l’oculus peut avoir là-dessus.
Effectivement, je pense que les jeux d’horreur risquent d’être éprouvant pour certains en réalité virtuelle ! 😉 Merci pour ce commentaire.
bien vu: il existe une réalité virtuelle. Je viens de l’évoquer sur mon propre blog. A bientôt j’espère
Merci pour ce commentaire. Je vois que vous abordez le virtuel d’une manière bien plus métaphysique que je ne le fais, et cela ne peut que prolonger mon intérêt pour ce sujet. A très bientôt.