Game, la fin d’une ère

GAME

Avant de débuter l’écriture cet article, je me dois de vous faire une grave confession. J’ai une faiblesse dans la vie, voire une honte, c’est que j’aime les jeux vidéos. Il s’agit là d’un loisir bien délicat dans une société qui y est plutôt opposée et lorsqu’on commence à dépasser largement le cap de l’adolescence. Pourtant, je reste convaincu de l’immense intérêt des jeux vidéos. Si j’avais plus de courage et moins de respect pour les conventions sociales, j’irai jusqu’à placer ce loisir dans mon CV. En effet, les jeux vidéos peuvent apporter énormément d’informations utiles. Outre l’apport de l’expérience de jeu et de l’impact d’un scénario ou d’un récit, il s’agit d’une industrie innovante, qui s’appuie sur des modèles économiques d’un grand intérêt et dont les mécanismes gagneraient à être étudiés par de nombreuses plateformes Web, voire physiques. N’importe quel outil qui s’inspirerait des tutoriels de bons jeux vidéos  deviendrait nettement plus intuitif et facile à utiliser. Néanmoins, la simple mention des jeux vidéos me ferait passer pour un imbécile, un fainéant, voire un potentiel tueur en série, ce pourquoi mon CV se contente des loisirs de lecture et d’écriture, plus acceptables socialement.

Ce préambule pour justifier la présence d’un article dédié à Game, enseigne de vente de jeux vidéos neufs et d’occasion, dans ce blog pourtant centré sur l’édition numérique et l’écriture. Certes, on pourrait croire qu’il s’agit là d’une fantaisie de ma part tant les sujets sont opposés, mais le lien entre eux n’est pas si difficile à trouver.

Si j’évoque Game aujourd’hui c’est parce que l’enseigne, qui comptabilise non moins de 157 magasins en France, est en train de faire faillite. L’affaire pourrait être un cas d’école de la mauvaise communication et du mépris total des employés. En effet, sans réelle information envers eux, l’entreprise s’est plus ou moins appuyée sur les soldes pour vider les stocks. Des consoles se sont ainsi retrouvées soldées à 30% (60% pour les jeux vidéos), ce qui a entraîné une arrivée massive de clients, notamment sur Paris, qui ont aussitôt dévalisé les boutiques. Il est aisé de comprendre la détresse de certains vendeurs, qui ont vu leurs stocks vidés en quelques journées sans même savoir si leur poste serait maintenu ou non.

Je me suis moi-même rendu dans les deux magasins Game d’Amiens, déjà amputés d’une grande partie de leurs rayons et de leurs produits, pour assister au phénomène. Fouiller parmi les quelques dizaines de jeux encore disponibles m’a donné l’impression de dépecer la carcasse d’un mammouth, expérience inédite mais pas forcément gratifiante. C’était la première fois que j’assistais à un tel phénomène. N’étant jamais entré dans un Virgin Mégastore (les gens du Nord ne jurent guère que par leur Furet), je peux supposer que l’expérience a dû être similaire dans ces enseignes.

Pourquoi vous dis-je tout ça ? Et bien simplement car on peut dénombrer dans les raisons de faillite de Game quelques facteurs qui peuvent nous intéresser. On remarque notamment que Steam, plateforme numérique de jeux vidéos sur laquelle j’écrirais un article prochainement, rencontre un grand succès en ce moment. Les sites de e-commerce (qui a dit Amazon ?) sont également très portés sur le jeu vidéo, et proposent ma foi bien souvent des prix plus attractifs que dans la plupart des enseignes physiques. A eux seuls, ces deux facteurs n’expliquent pas tout, loin de là, mais on remarque néanmoins que ce sont les mêmes qui menacent nos chères librairies.

J’imaginais alors les librairies de France subir le même sort que Game, voir leurs étagères dévalisées à grand coup de -70% pour un destockage massif et définitif. Étonnamment, je pense que cette situation soulèverait des vents de protestation énormes, alors que la liquidation de Game relève finalement d’une petite anecdote dans les médias. Je suppose qu’il s’agit là de l’exception culturelle française, à voir si elle résistera à la loi marché…

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3 réflexions sur “Game, la fin d’une ère

  1. C’est amusant, ce que tu dis en introduction. Je milite pour que les gens prennent conscience que les jeux vidéos sont (le plus souvent) des jeux d’adultes. La plus grosse partie des jeux qui sortent aujourd’hui sur PS3/Xbox 360/PC devraient être réservé à des joueurs de plus de 18 ans. Le problème, c’est que les parents n’en ont pas conscience, ou s’en foutent carrément.

    Je pense qu’en ce qui concerne les mentalités, les choses commencent à peine à changer. Il faut dire que ce n’est pas aidé par les articles du genre : « tel tueur jouait à tel jeu ». Un certain nombre d’assassin ont dû lire aussi les trois mousquetaires… Aucun article n’a jamais prouvé le lien de cause à effet. Je pense même que le jeu vidéo chez ces gens là retarde le passage à l’acte. Parfois, ça a dû être salvateur.

    En revanche, des études ont démontré les bienfaits du jeux vidéos (réflexe, vitesse de décision), utilisé à dose raisonnable et lorsque le jeu est adapté à son public.

    Je suis également d’accord sur l’intérêt narratif des jeux vidéos. Certains sont d’une très grande qualité.

    • Merci pour ce commentaire. Le milieu du jeu vidéo est finalement très adulte, parfois très dur. La surveillance des parents est souvent victime d’un manque de connaissance. Pour cela, il y a PEGI, mais encore faut-il être au courant de son existence.

      Au sujet culturel, le jeu vidéo est selon moi représentatif de la « sous-culture », au même titre que les films d’horreur par exemple. Ce sont des choses jugées complètement stupides, mais qui ne sont pas forcément dénués d’intérêt. Il y a du très mauvais certes, mais aussi du très bon.

      • Combien de vendeurs de jeux vidéos ont vu des parents acheter GTA à leur gamin de douze ans, malgré leurs mises en garde répétées…

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