Avec l’édition numérique, les auteurs sont de plus en plus nombreux à fréquenter la toile, et à animer leurs comptes sur les réseaux sociaux. Il faut dire que ces dernières années, les réseaux sociaux sont devenus indissociables de l’internet. Pour toucher un public de lecteurs, côtoyer d’autres auteurs, voire même contacter un éditeur, rien ne vaut les Facebook, Twitter et autre Google +. Mais attention ! Comme tout outil de communication, les réseaux sociaux ne se suffisent pas à eux-même. Encore faut-il savoir bien les utiliser. Aujourd’hui, revenons sur cinq erreurs fatales qui ruinent la communication de bien des auteurs… A ne pas reproduire à la maison !
1 : Croire que le réseau social est à sens unique
Le concept même de réseau social ne peut exister sans la notion d’interactions. Pour fonctionner, un réseau social implique des relations entre plusieurs individus. Chacun envoie des messages, réagit aux messages des autres et se constitue son propre réseau. Ce simple fait, quelques auteurs semblent l’ignorer.
Certains écrivains pensent en effet à tort qu’un réseau social consiste en une foule d’admirateurs béats qui doivent se contenter d’apprécier leurs messages, sans rien attendre en retour. Or, qui dit « réseau social » dit « social ». En créant ses comptes sur les réseaux sociaux, l’écrivain doit s’apprêter à entamer des relations avec d’autres internautes, à les suivre, à porter de l’intérêt à leurs posts et à leur montrer qu’il est ouvert et accessible.
Inutile d’investir les réseaux sociaux sans cette volonté de se tourner vers les autres. Je pense ici à l’exemple d’un auteur sur lequel j’étais tombé sur Twitter qui n’avait même pas pris la peine de suivre d’autres twittos et passait son temps à envoyer des tweets vers la page de son livre. Non seulement cette « communication » grossière ne donne pas du tout envie de s’intéresser à lui, mais elle ne sert strictement à rien puisque, sans personne pour le suivre, l’homme envoie des messages dans le vide !
Ce qui en découle
- Les réseaux sociaux exigent du temps et de l’attention
- Inutile d’espérer de l’intérêt de la part de vos followers et abonnés si vous ne leur en donnez pas en retour
- Ne soyez pas obnubilé par votre personne : partagez les messages des autres et échangez avec eux
2 : Oublier la bienséance
Planqués derrière un écran, les gens ont tendance à être plus expansifs : il suffit de regarder les commentaires de n’importe quel article de journal en ligne pour le comprendre. Mais cela ne doit pas faire oublier que, internet ou non, les réseaux sociaux sont avant tout des espaces d’échanges entre personnes civilisées. Tout comme dans la vraie vie, le contact avec les autres doit se faire avec politesse et courtoisie pour l’effet le plus réussi possible.
J’ai vu plusieurs auteurs contacter naïvement des personnes qu’ils ne connaissaient pas sur les réseaux sociaux par un courtois « Lis mon livre !« . Inutile de préciser que cette approche est aussi désagréable que vaine. Un bonjour et quelques présentations sont toujours les bienvenues. Personne n’imaginerait un écrivain se ruer sur un inconnu, livre en main, pour le pousser à l’achat. Sur les réseaux sociaux, c’est exactement la même chose !
Autre spécialité des auteurs maladroits sur les réseaux sociaux : les coups de gueule. Quand un lecteur poli refusera cordialement l’invitation à lire ledit livre, inutile de l’insulter en retour. J’exagère un peu le trait, mais je tombe parfois sur des auteurs qui vont jusqu’à l’insulte sur les réseaux sociaux. Non seulement il est impoli de laver son linge sale en public, mais cela donne qui plus est une très mauvaise image. Vous l’achèteriez, vous, le livre, à l’auteur qui hurle sur les passants ?
Ce qui en découle
- Évitez les « agressions » commerciales pour écouler vos ouvrages
- N’oubliez jamais qu’un « Bonjour » est toujours le bienvenu
- N’utilisez jamais les réseaux sociaux pour étaler vos coups de gueule : les messages privés sont là pour ça, le self-control aussi !
3 : Partager sa vie
Parler de soi est la chose la plus intéressante qui soit… sauf pour les autres ! En animant un compte sur les réseaux sociaux, l’enjeu est toujours de pouvoir être intéressant et utile pour les gens qui vous suivent. Or, on sait depuis l’invention même de l’autobiographie que les écrivains aiment parler d’eux… et parfois trop ! Rien n’est plus lassant que de devoir suivre un auteur égocentrique dans ses délires personnels.
Entre les poètes qui ne cessent de distiller leurs vers au fil des tweets ou les auteurs maudits qui utilisent chaque post Facebook pour étaler leur misère, il y a de nombreuses raisons d’unfollower un écrivain trop bavard. Par ailleurs, cela aurait tendance à confirmer le cliché selon lequel les écrivains sont tous imbus d’eux-même… ce qui est faux, n’est-ce pas ?
Ce qui en découle
-
Évitez de poster des messages trop personnels ou qui n’intéressent que vous
- Parfois, mieux vaut ne rien dire ! Faites attention à ne pas noyer vos abonnés sous les messages, et sachez rester discret de temps à autres
- Si vous ne savez pas quoi poster sur les réseaux sociaux, n’hésitez pas à lier des articles qui pourront intéresser vos abonnés. Parler des autres est aussi une façon de ne pas (trop) parler de soi
4 : Mélanger communication et publicité
J’en arrive à l’une des erreurs qui entraîne toutes les autres : la mauvaise compréhension de ce que sont les réseaux sociaux. Beaucoup d’auteurs considèrent en effet que leurs comptes Facebook ou Twitter n’ont qu’un seul but : faire vendre leur livre. Rien n’est plus faux ! Si vous partez avec cette démarche, autant abandonner toute de suite, car les réseaux sociaux n’ont pas comme vocation première d’être des outils publicitaires. Certes, ils le sont devenus (je pense ici aux tweets sponsorisés ou aux publicités Facebook), mais leurs utilisateurs ne s’en servent pas pour autant dans le but de recevoir de la publicité.
Si vous utilisez vos comptes de réseaux sociaux dans le seul but de faire votre promotion, vous suivre n’aura aucun intérêt pour les internautes, et votre démarche sera une fois de plus vaine. En effet, c’est toujours à l’internaute de choisir qui il veut suivre ou non. Suivre un auteur qui utiliserait Facebook comme moyen promotionnel uniquement reviendrait à s’abonner à une chaîne de télévision qui ne diffuserait que de la publicité : c’est impensable !
N’oubliez donc pas que les réseaux sociaux sont avant tout un outil de communication, qui vous permet de partager votre actualité, d’échanger avec d’autres internautes et de vous informer sur les sujets qui vous intéressent.
Ce qui en découle
- Ne vous contentez pas d’un amoncellement de liens vers vos livres
- N’attendez pas de vos abonnés qu’ils achètent systématiquement vos ouvrages
- Ne passez pas votre temps à démarcher les lecteurs
5 : Vouloir vendre son livre à tout prix
Terminons sur une dernière erreur très liée à la précédente : la volonté absolue d’écouler ses livres. Nombreux sont les auteurs à ne fréquenter les réseaux sociaux que dans ce seul but… Et très souvent, cela se voit ! Ne le cachons pas, tous les écrivains présents sur les réseaux sociaux ont bien entendu envie de vendre leurs livres, et c’est une très bonne chose s’ils y parviennent grâce à cela. Mais la vente ne doit pas être la finalité d’une animation sur les réseaux sociaux.
Très honnêtement, animer vos comptes sur les réseaux sociaux exige un temps fou et beaucoup d’efforts, pour un impact assez limité sur les ventes. Si votre seul but est de vendre, épargnez vous des tracas et engagez un agent ! Au contraire, si vous êtes ouvert à l’échange et aux rencontres, les réseaux sociaux vous seront très utiles.
Certes, ils vous permettront de toucher des lecteurs, mais aussi d’autres auteurs indépendants ou non, mais aussi des libraires, des éditeurs et bien d’autres gens ! Inutile de considérer les autres écrivains présents sur les réseaux sociaux comme des concurrents, mais libre à vous de gagner en expériences et en idée à leur contact, de voir comment ils font pour animer leur communauté et de vous inspirer des bonnes ou des mauvaises pratiques pour améliorer votre communication. Bref, profitez des réseaux sociaux pour quitter votre statut d’auteur solitaire et reclus !
Ce qui en découle
- Soyez ouvert à l’échange
- Utilisez les réseaux sociaux pour découvrir d’autres auteurs et éditeurs
- Vous faire connaître est aussi important que vendre vos livres
Pingback: Réflexions sur les réseaux sociaux | Pearltrees
« Vous faire connaître est aussi important que vendre vos livres »
Mais comme le dit très bien Neil Jomunsi dans un billet aujourd’hui :
(http://actualitte.com/blog/projetbradbury/piege-reseaux-sociaux/)
Les deux sont moins importants qu’écrire le livre suivant…
Très bonne remarque ! Je devrais peut-être m’en inspirer d’ailleurs ! :-p
A reblogué ceci sur rhizomiques.
Hélas, de nombreux auteurs ne lisent pas (encore ?) ton blog. Je ne compte plus le nombre de « followers » qui me suivent pour me vendre leur livre, leurs tweets ne faisant que la promo de leur oeuvre, ce qui ne suscite ni intérêt ni empathie…
Oui, le plus dommage c’est qu’ils ne comprennent pas toujours pourquoi leur « communication » ne porte pas ses fruits et qu’ils perdent donc leur temps dans une démarche qui ne leur rend pas toujours service. Merci pour ton commentaire !
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en résumé, le réseau social ne sert à rien, restez chez vous éteignez tout et partez faire un tour… 🙂
Il est vrai qu’il vaut mieux parfois profiter du soleil ! 😉