Crédit photo : Cayusa
Aujourd’hui, j’avais bien envie de commencer la semaine par l’analyse d’un mot. J’avais au départ pensé à étudier le mot « accordéon », qui a bien des choses à nous apprendre, puis je me suis rappelé que ce n’était pas exactement le sujet du blog, ce pourquoi je me suis aussitôt rabattu vers le champ lexical de l’autoédition. Bon, si jamais vous êtes professeur de Français, n’attendez pas vraiment une analyse dans les règles, car mes études littéraires sont un peu derrière moi (oui, messieurs dames, j’ai fait des études littéraires avant de trahir la cause pour une vilaine école de commerce). Non, j’avais plutôt l’intention d’étudier le fond de ces termes, et ce qu’ils peuvent faire raisonner dans l’esprit des gens. Car après tout, si jamais vous décidez de vous lancer dans l’auto-édition, il faudrait savoir comment vous présenter en société !
Autoédition ou auto-édition ?
Avant tout, commençons par un petit cours d’orthographe ! Faut-il écrire le terme et ses dérivés avec un tiret ou non ? Et bien c’est assez difficile à dire ! A une époque, j’aurais juré qu’il ne fallait ô grand jamais placer ce tiret entre l’auto et l’édition, mais le correcteur orthographique de Word (que l’on sait si efficace…) a fini par me convaincre du contraire. En fait, comme souvent en cas de mésentente entre deux orthographes du même mot, les deux termes sont admis. Je pense que le premier à voir le jour était l’autoédition, mais que le tiret a fini par pointer le bout de son nez. Je me rassure en me disant que les anglais ne sont pas mieux lotis, eux qui ne savent pas s’il faut écrire self publishing ou self-publishing. Au moins, personne n’écrit selfpublishing, c’est déjà ça !
Mais d’où vient cet affreux tiret ? Je dois avouer que je n’en sais rien, mais je pense qu’il s’agit là d’une vaste et insoupçonnable machination qui vise à dissocier pleinement l’autoédition de l’édition, et à jeter l’opprobre sur les autoéditeurs (exactement ! Je viens d’employer l’expression « jeter l’opprobre » sans même que vous ne le remarquiez, ça faisait bien, hein ?). Par simplicité ou par lâcheté, j’ai finalement adopté le tiret malgré tout, parce qu’il fait quand même un super effet !
Qu’est-ce que l’auto-édition ?
Attention, je vais mener une complexe analyse du terme, pour que nous le comprenions mieux. Auto-édition est un savant mélange entre les mots auto et édition (étonnant, n’est-ce pas ?!). Inutile de définir le terme « édition », connu de tous. Le terme « auto » quant à lui, rappelle la notion de « faire soi-même ». Ainsi, un autostoppeur est, comme chacun sait, quelqu’un qui se stoppe lui-même. L’auto-éditeur est par extension celui qui s’édite lui-même. On ne va pas revenir ici sur une critique du concept, qui pourrait dire qu’il est impossible de mener un travail éditorial sur son propre texte, ce n’est pas le sujet de cet article.
Est-on auto-édité ou auto-éditeur ?
Question plus métaphysique, comment appeler un auteur qui pratique l’auto-édition ? En effet, en tant que personne qui est auto-éditée on pourrait dire auto-édité, mais en tant que personne qui s’édite on pourrait également dire auto-éditeur. Le choix est complexe, car l’auto-édité rappelle l’édité, cet écrivain plein de prestige qui a su trouver une maison d’édition pour supporter ses textes et les défendre, mais l’auto-éditeur rappelle le génial éditeur, celui qui sélectionne les textes, les sublime et fait un travail d’exception sur les lignes brutes de l’auteur.
Tout se joue finalement dans l’action : l’auto-édité est passif mais voit ses textes défendus, l’auto-éditeur est actif mais n’est pas un écrivain. Tout dépend finalement de la vision que l’auteur a de lui-même. A-t-il l’impression d’avoir été édité, même si cette action dépend en grande partie de lui ? Il sera alors l’auto-édité. A-t-il l’impression d’avoir mené un complexe travail sur son texte de manière à pouvoir le vendre ? Il sera alors l’auto-éditeur.
Avouons ici que cet article n’a d’autre but que de vous embrouiller sur les mots et que je n’ai aucune idée du meilleur terme à adopter. Si j’aime bien la sonorité de l’auto-éditeur, la notion d’auto-édité peut, très discrètement, rappeler le fait que l’auteur n’a pas travaillé seul sur son texte et que certains l’ont aidé de manière à ce qu’il devienne auto-édité. Mais finalement, l’analyse du mot peut aussi faire croire le contraire.
Mais y a-t-il d’autres termes ?
Et si nous coupions la poire en deux en choisissant un tout autre terme ? Car il en existe… Mais pas forcément des plus glorieux. Les anglophones surnomment volontiers l’autoédition comme « Vanity-Publishing ». Nous pourrions peut-être l’adapter en Français, et faire des auto-édit…eurs (ou ..tés, vous m’avez compris !) les « auteurs vaniteux ». Mais je ne suis pas certain que cela passe très bien au moment des présentations.
« Salut ! Je suis un auteur vaniteux depuis maintenant 15 ans, et toi ? » (photo : SalFako)
Autrement, un terme français et nettement plus glorieux peut être celui d’auteur indépendant. Pour le coup, c’est clairement plus ambitieux car on imagine déjà l’auteur fier et pimpant rouler le long de la Road 66 en moto, libre comme le vent ! D’autant plus que l’expression peut se contracter en « Auteur indé », ce qui est encore plus cool ! Parce qu’avouez que dire « Je suis un auto-éd ! » ne parlera pas à grand monde… Mais si cette expression fondée sur l’indépendance est plaisante, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle est peut-être un peu trop agressive. Cette « indépendance » jetée à la face du monde sous-entendrait que les auteurs édités sont des dépendants, des esclaves à la solde des grands méchants éditeurs. Est-ce vraiment le propos ?
Pour le reste, il se peut que de nouvelles appellations de l’auto-éditeur soient inventées progressivement, comme c’est le cas pour le terme auteur. On voit par exemple apparaître le terme délicieusement marketing de « storytellers ». Méfiez-vous des conteurs d’histoires !
Et vous, comment appelez-vous les auteurs indépendants ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires, mais restez polis bien sûr !
Auteur indépendant… Rien que pour ce terme, j’ai bien envi d’opter pour l’auto-édition de façon un peu plus poussée.
Encore merci pour l’article, une nouvelle fois très intéressant.
N’importe quoi !! La seule appellation possible est auto-publieur, et ce, même si le mot publieur n’est pas français.
De toute façon, s’il n’existe pas, il faut l’inventer. J’en parlerais à Bernard Pivot un de ces jours.
Pourquoi préférer « publieur » à « éditeur » ? Parce que là où l’anglais utilise 2 mots différents, le français utilise un mot unique pour deux catégories de métiers bien distincts : 1) le conseil/relecture/correction etc d’un texte (editor), et 2) la commercialisation de ce texte (publisher).
Evidemment, il y a des recoupements entre les deux, qui « justifient » si besoin l’agglomération sous le terme « éditeur » en Français, Mais quand on parle d’auto-édition, on suggère que l’auteur se relit-corrige lui-même, sans regard extérieur critique.
Or il est de la responsabilité du « publieur » (qui commercialise le texte) de l’assurer de la qualité du produit qu’il met sur le marché, et cela implique au moins quelques relectures extérieures (pas forcément pro, mais nécessairement critiques).
Voilà donc pourquoi je préfère l’utilisation d’auto-publieur à celle d’auto-éditeur : le premier revendique clairement une approche professionnelle, ne pas confondre avec commerciale (même si c’est parfois conjoint), de la publication (et donc une qualité au moins commercialisable), alors que le second privilégie son égo et sa conception peut-être de l’art ou de la littérature.
Pierrick,
J’aurais tendance à écrire auto-éditeur avec un trait d’union pour la simple raison que les mots longs sont plus ardus à déchiffrer. Mais comme il s’agit d’un néologisme, toutes les fantaisies sont permises.
Outre-Atlantique, je crois qu’il y a une distinction entre « vanity-author » et « vanity-publisher ». Le premier publie ses propres écrits, tandis que le second fait payer l’auteur pour être publié, c’est-à-dire une édition à compte d’auteur.
Une remarque au sujet de « vanity ». Dans l’expression « vanity publishing », je ne crois pas que « vanity » se traduise par « vanité ». Ainsi, « vanity case » n’est pas une valise de vanités, mais une mallette qui contient des produits de beauté. Je ne trouve rien de satisfaisant pour rendre « vanity publishing » ou « vanity author » en français…
Je constate que le printemps hésitant ne tarit pas votre verve et votre sens de l’humour. Pour ma part, je n’ai pas votre imagination pétillante, et je serais bien incapable de répondre à votre dernière question autrement qu’en disant que je me définis comme une scribouillarde.
Tipram
Merci de bloguer sur le sujet ! On dit aussi les indés ! Une contraction d’indépendants. Contraction qui existe en anglais sur le mot « independents » et qui donne indies ! Cette expression est née d’un mouvement du cinéma américain, né hors Hollywood.
Le vocabulaire est important, tu as raison, car indés va correspondre de mieux en mieux à la réalité dans la mesure ou de plus en plus d’auteurs vont publier leurs oeuvres dans des cadres et circonstances très différents. Les auteurs qui n’ont jamais publié avant le numérique, les auteurs qui publient déjà en papier mais qui choississent de tenter en solo le numérique, et les auteurs qui ont des oeuvres indisponnibles et qui les publient en numérique au lieu de se les faire spolier par la BNF. On voit qu’indés permet de regrouper des auteurs aux parcours différents. Bonne journée.
Bonjour, mis en ligne sur notre page fan : AutoEditeursUnissonsnous !
Ben là, il n’y a ni tiret, ni espace nulle part…
https://www.facebook.com/AutoEditeursUnissonsNous
Heureux de voir que vous êtes vous aussi passionnés par ce problème orthographique ! On dirait que plusieurs voix s’élèvent en faveur de l’indépendant. Il est vrai qu’il peut englober la plupart des profils, comme le dit Chris, et qu’il a le mérite de dégager quelque chose ! Les indies, ça fait toujours rêver !
@TheSFreader Ta notion d’autopublieur vient encore complexifier le problème, je ne te félicite pas ! 🙂 Car dans un sens, je pense qu’il peut y avoir deux types d’auteurs indépendants : ceux qui font plus attention au travail du texte, et ceux qui font plus attention à la commercialisation. Donc, selon les talents de chacun, nous devrions déterminer à l’avance s’ils autoéditent ou autopublient ! Voilà qui va encore ajouter un peu de piment…
@Tipram J’aime assez le mot scribouillard pour l’humilité qu’il dégage ! Mais les lecteurs ne vont peut-être pas le trouver assez vendeur… Il faudrait l’essayer !
Merci à tous pour vos commentaires !
« … il peut y avoir deux types d’auteurs indépendants : ceux qui font plus attention au travail du texte, et ceux qui font plus attention à la commercialisation. »
Idéalement, travail du texte et commercialisation ne devraient s’exclure, malheureusement pour des gens comme moi qui rechignent à vanter leurs salades.
T.
Attention, je ne parle pas de vanter ses salades, d’appater le chaland, d’alpaguer Mamie et de faire du gringue à Papie etc, mais déjà de les apporter fraiches et dans une jolie cagette plutôt que défraichies dans une brouette cradingue.
@Pierrick Le problème est complexe, certes. Sur l’appellation, tout dépend aussi de l’ambition de l’auteur. A partir du moment où il commercialise ses textes, il doit nécessairement porter attention à tous les « détails périphériques », le premier étant non pas un détail, mais une montagne, la propreté du texte. S’il s’édite lui même ou non, n’a à priori aucune importance, c’est le résultat qui compte.
Pour moi, le terme auto-édité signifie que l’auteur se fiche de mettre une couverture correcte, des métadonnées intéressantes et correspondant au contenu, bref, au final, de vendre. C’est une vision de l’artiste qui se conçoit. Mais alors à une seule condition : ne pas les vendre, et diffuser gratuitement.
Ton dernier commentaire, ainsi que celui de Tipram, illustrent assez bien la difficulté de l’autoédition… Enfin, de l’autopublication ! :-p
C’est peut-être là que je mettrais un bémol sur la notion d’auteur indépendant. Mettons qu’un auteur veuille travailler avant tout le texte et se moque de la commercialisation (couverture, métadonnées, etc.) ou ne sait tout simplement pas la faire, il sera contraint de passer par une aide ou un service extérieur pour réussir à s’autoéditer correctement, et perdra peut-être par là son « indépendance ».
Enfin bref, je chipote beaucoup sans jamais faire avancer le schmilblick ! 🙂
Passer par une aide ou un service extérieur n’est pas un problème, tant que c’est lui qui dirige la barque. Qu’il fasse appel à un graphiste professionnel, le le rémunère pour la couverture, et écoute ses conseils (pas suive nécessairement, mais décide en les prenant en compte), c’est encore lui qui est indépendant.
Le risque effectivement est qu’il cherche un pseudo-éditeur qui lui promettrait monts et merveilles dans un package tout ficelé à 3000€ en une fois, ou étalé sur 70 ans en reprenant 80% des revenus…
(c’est ce genre de pratiques qu’on appelle vanity-publishing : faire son beurre sur le dos des auteurs en leur faisant miroiter la lune, et en sur-évaluant sa propre valeur-ajoutée).
Mon conseil aux auteurs : si’ils ne sont pas près à prendre et garder cette casquette d’auto-PUBLIEUR, et veulent se cantonner à l’écriture, qu’ils cherchent un éditeur, un vrai.
Très pertinent ! Il faut savoir se mouiller la chemise. Au passage, merci à Tipram et à toi pour cette correction : le vanity publishing désigne en effet l’édition à compte d’auteur et non l’auto-édition en tant que telle, une petite confusion que j’ai honteusement faite dans cet article !
Bonsoir ! Attirée ici par @TheSFReader, quelques réflexions futiles.
Je crois me rappeler avoir appris que l’on aime à séparer deux voyelles dans les noms composés : une certaine idée de l’esthétisme visuel ou la suppression d’une embûche articulatoire ou sonore ?
Le « publieur » c’est celui qui rend publique une œuvre : certes, l’éditeur (dans l’acception moderne du terme) mais en priorité, l’auteur, non ?
L’éditeur, c’est celui qui conduit l’œuvre « hors de » (l’ombre, par exemple), qui la rend publique, qui la… publie ! Et oui ! Donc, l’auteur, en priorité.
À l’origine les termes sont semblables (merveilleuse langue française…), leur différentiation n’est qu’un dévoiement dû aux pratiques contemporaines.
J’ai cependant un petit faible pour la proposition de TheSFReader, parce qu’elle permet d’inventer un nouveau (?) mot (variantes : publiant, publicant, publicateur…). Néanmoins, l’idée originelle est séduisante, en ce sens qu’elle permet un hack du langage perverti et lui donne une noble signification.
Mes 2 F^Wcents
Coucou 🙂
Tout dépend du « public ». S’il s’agit d’un cercle restreint, ta définition de publieur irait à n’importe quel auteur diffusant à ses proches ou à quelques éditeurs à la recherche d’un contrat, et dans ce cas pourquoi pas. S’il s’agit par contre du « Public » avec une diffusion ouverte à l’ensemble, c’est plus mon approche qui se tient…
Je préfère « auto-édité » : ça met l’accent sur l’activité d’écrivain, qui reste quand même la raison pour laquelle les gens achètent des livres (et pas la couverture ou la mise en page, j’espère). De toute façon, auto- ou pas, pour moi l’édition reste au service de l’écrit, et non l’inverse.
En anglais, les mots « editor » et « publisher » permettent de clarifier les étapes, mais l’editor est toujours au service du publisher et engagé par lui ; bref, il n’y a pas de séparation spirituelle (en théorie). C’est un peu comme dire : il y a le savonneur et le rinceur ; oui, mais ensemble on fait une seule chose : la vaisselle. C’est mon problème d’ailleurs avec l’auto-édition (ou plutôt ce que je conçois comme une difficulté souvent éludée) : le travail appelé « editing » n’est pas dissociable, à mon avis, d’une marque, d’un marché, d’une stratégie de vente. Or un auto-édité qui prend cette étape au sérieux (et il a intérêt à le faire) va se retrouver à sous-traiter un « editor » free-lance qui n’aura rien à voir avec (et ne sera pas consulté sur) le reste du processus d’édition (publishing). Car s’il l’est, alors il devient éditeur/publisher, et on n’est plus auto-édité.
Bien sûr, les éditeurs aussi emploient des gens en free-lance. Je ne dis pas ça pour cracher sur l’auto-édition, je parle au contraire d’expérience en tant que pure éditrice qui a analysé que certains problèmes proviennent du système et pas seulement des personnes. Mais ce qui n’est qu’une mauvaise tendance dans l’édition (et que l’on peut, j’espère, dénoncer) est pratiquement inévitable en auto-édition (donc comment la dénoncer sans dénoncer l’auto-édition elle-même ?).
Enfin, pour moi, l’indépendance est une question d’argent, pas de service. Je me considère comme une éditrice indépendante parce que je ne reçois aucune subvention ni publique, ni privée (ce qui est plus rare qu’on ne le pense dans l’édition). Pour un auteur, ce serait pareil : il ne reçoit aucune aide financière de la part d’un gouvernement ou d’une compagnie pour lancer son bouquin.
Absolument, l’editor est au service du publisher, deux rôles nécessaires pour la commercialisation du « produit ». A partir de là, s’arrêter à auto-éditeur, c’est au mieux délaisser les responsabilités du publieur. Et si l’auteur ne les gère pas, à qui va t’il les confier ?
Si ce n’est à personne et qu’il distribue directement ses livres via une e-librairie (la sienne ou une autre), t’inquiètes pas que ça va lui revenir très vite dans les dents. Le lecteur est ici dans un rôle de consommateur, et si le « produit » n’est pas pro, l’auteur va le sentir passer.
C’est pour cela justement que je rejette cette étape intermédiaire : un auteur auto-édité (et non pas auto-édité+publié) vend un produit non commercialisable. Une impasse à mon sens
A mon avis, si un auteur veut adopter cette démarche d’auto-« truc », il est obligé d’aller jusqu’au bout et effectivement, comme tu le dis, devenir publisher, et gérer son livre non plus comme une oeuvre d’art, mais comme un projet, un produit, quitte à sous-traiter (sous sa direction et responsabilité totale) les aspects techniques sur lesquels il n’est pas le plus efficace.
Sinon, un point sur lequel je suis plutôt d’accord avec toi, c’est sur l’indépendance. Par contre, au delà de l’aspect financier, je me baserai sur le contrôle et la responsabilité du produit fini.
J’aime bien le terme « auteur indé » utilisé par @Chris Simon. Ça a le mérite d’être plus valorisant qu’autoédité. Utilisé dans le cinéma, ce terme souligne la différence entre grosses machines et productions plus modestes, c’est à dire celles où le réalisateur aura suivi jusqu’au bout son idée sans pression d’une production préoccupée de marchandisation. Des films donc souvent plus créatifs où de vrais risques sont pris !
A mon sens, les auteurs autoédités, les auteurs indés constituent le vivier littéraire de demain. Encore faut-il trouver un moyen de valoriser ces livres…leur donner visibilité et audience. C’est autour de cette préoccupation que le site monBestSeller.com a été crée. Aujourd’hui, nous avons nombre d’auteurs autoédités, autopubliés, indés…qui publie leur texte sur le site afin de se faire connaître…parfois même juste quelques extraits pour donner un aperçu au futur lecteur.
Et puis, c’est gratuit des deux cotés, auteur et lecteur !
http://www.monbestseller.com/wallofbooks/newness
Merci pour votre commentaire Rachel. Je souhaite à monbestseller d’atteindre ses objectifs et de combler les auteurs ! 😉
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Auto édition donne auto éditeur, avec ou sans trait d’union, ce qui souligne la prééminence de l’édition, soit l’impression, la publication et la diffusion d’une œuvre artistique selon la première définition de Wiktionary. Ici, on insiste sur l’étape finale du travail d’un auteur auto édité , donc on abandonne presque totalement l’étape créative, la notion même d’auteur. Auto-édité ou auto-éditeur sont donc des termes réducteurs de ce qu’ils représentent en réalité.
J’aime bien auteur indépendant, mais pourquoi pas auteur auto-publié ?
Ce qui m’amène à m’intéresser à la terminologie, c’est que je ne retrouve pas l’origine, les motivations, les arguments qui font d’un auteur auto-publié devienne ipso facto un « commerçant ! » Il en résulte qu’un auteur qui choisit à un moment de se publier perd son statut d’auteur pour celui d’entrepreneur, ce qui est une sacrée métamorphose. J’ai subi cette mutation imposée par les services fiscaux et j’ai bien du mal à m’en remettre. Ma quête actuelle est de retrouver la jurisprudence ou les discussions des législateurs, mais aussi les interventions de groupes de pression (SNE ?), qui ont dicté cette attitude aux services fiscaux, eux ne font qu’appliquer des lois et des directives. Si vous avez des informations à ce sujet, je suis preneur, car ce statut d’entrepreneur m’apparaît totalement injustifié.
Druide Antidote, qui est un excellent correcteur orthographique, bien que la dernière version mériterait d’être stabilisée, m’indique qu’un mot formé avec le préfixe Auto s’écrit sans trait d’union, mais il me conseille de placer un trait d’union à Auto édition et il ne connait pas le terme autoédition, bref une histoire similaire au rond-point de Raymond Devos…
P.-S. Je suis avant tout photographe, je suis devenu auteur d’écrits pour les besoins d’un livre.
Merci pour ce complément au sujet ! Et si même Antidote s’y met, il va falloir adopter définitivement une terminologie exacte. 🙂 Si seulement Raymond Devos était encore là pour nous éclairer !
En ce qui concerne la fiscalité, je serais bien incapable de vous aider, car ce n’est pas ma spécialité. Comme toute l’administration française, il s’agit d’un beau mic-mac ! L’auteur en tant que statut (personne qui reçoit des droits d’auteur) ne peut exister sans un éditeur, ce qui ne me parait pas forcément illogique. Un auteur ne peut pas se verser ses propres droits d’auteur. Je suppose qu’à partir du moment où il n’y a pas un intermédiaire pour gérer l’argent, cela fait de l’auto-édité un entrepreneur.
Jean-Luk , je comprends bien votre réticence à mettre de la distance entre le livre publié et son auteur, autrement dit à prendre le livre non plus comme une oeuvre mais comme un produit.
Malheureusement, c’est au final un « produit » qu’attend le lecteur, d’où ma préférence à justement insister sur cette transformation en utilisant le terme auto-publication.
A part quelques mécènes et amateurs d’arts, qui irait acheter un jeu de chaises bancales chez un ébéniste, aussi talentueux soit-il ?
Pierrick MESSIEN, la nuance auto-édité versus auto-éditeur que vous signalez, peut-être la marque d’un égo bien dimensionné, mais c’est avant tout une caractérisation des services fiscaux. Lorsqu’un auteur qui s’édite atteint un minimum de chiffre d’affaires (quel niveau ?), il devient commerçant avec toutes les charges que cela représente, et elles sont lourdes. Pourtant, un artiste peut vendre ses « œuvres » (c’est pompeux !) directement au public comme les peintres, les sculpteurs, etc. Cette possibilité n’est pas admise pour le livre sous prétexte que l’on dépasse le nombre d’exemplaires toléré, 30 pour une photo ou 8 pour une sculpture ! vous voyez éditer un livre en 30 exemplaires ? Par exemple, j’ai édité un livre comprenant 200 photos (plus pas mal de texte), mais il n’est pas question de totaliser 200 fois 30. Il est donc possible pour de nombreux artistes de ne pas être entre les mains d’un éditeur-producteur-mécène… et de vendre directement au public, mais pas pour le livre.
thesfreader, vous parlez de produit, c’est bien triste, on se croirait au supermarché. S’il y a des auteurs, c’est bien parce qu’ils ont une vision, un style, un discours particulier, personnel. C’est cela que le public aime, sinon, autant laisser ce travail aux ordinateurs ou aux personnalités du showbiz ou du sport. La sélection par un éditeur n’est pas une garantie de qualité, loin de là, c’est simplement le fait du prince, de celui qui dispose de l’argent et qui n’en reverse qu’une (très ?) faible partie à l’auteur. J’ai fait parti durant trois ans d’un petit comité d’édition et j’ai vu passé de belles choses, des visions très personnelles, des histoires qui n’avait rien de fabriqué. Toutes n’ont pas été éditées, bien que beaucoup l’auraient mérité.
Ce sujet nécessiterait d’être développé et je pense faire un article à ce sujet, mais ce n’est probablement pas le lieu pour s’étaler sur la chose. La question pourrait-être est-il normal qu’il y est des auteurs qui s’auto-publient ou qu’il y est une industrie culturelle ? La culture peut-elle s’industrialiser ?
Certains auteurs se sont auto-édités, comme Proust…
Je constate que Google qui n’est pas un manchot dans ce domaine, accepte auto-édition, auto édition et autoédition, auto-édité et autoédité, mais pas auto-éditeur ou autoéditeur ! Comme quoi être auto-éditeur, cela ne coule pas de sens et que cela pose un problème de syntaxe.
Merci pour ces détails ! J’étais persuadé qu’un auteur devait déclarer la moindre vente, et pas à partir d’un minimum de ventes. Mais pour le reste, je serais assez curieux de comparer les revenus d’un auteur édité et d’un auteur auto-édité, à succès égal. Sachant qu’un auteur édité ne perçoit en moyenne que 10% de droits d’auteur, tandis qu’un auto-édité touche généralement 70% du prix de ses livres, je doute que la fiscalité rende le deuxième statut moins intéressant financièrement. D’autant plus qu’un auteur peut très bien marcher en auto-entreprise pour éviter d’avoir à payer des charges folles… A moins qu’il ne fasse des milliers d’euros de chiffre d’affaire par mois, ça ne me paraît pas une mauvaise idée.
Sinon, je soutiens complètement TheSFReader dans son commentaire. Il y a une industrie culturelle. Je pense qu’il faut cesser de placer du romantisme là où il n’y en a pas. Quand certaines œuvres d’art peuvent être vendues jusqu’à plusieurs millions d’euros et que l’art peut être considéré comme un investissement, il me paraît assez naïf de penser que l’art échappe aux règles commerciales. Quand vous parlez de « ce que le public aime », vous oubliez que les grands succès commerciaux ne sont pas toujours les grands succès littéraires. Les éditeurs sont des entreprises commerciales, qui doivent réussir à vendre pour payer leurs employés et leurs charges, et bien sûr dégager du bénéfice. Certes, il y a une part de choix artistique, mais cela n’enlève rien au côté commercial de l’entreprise.
A partir du moment où vous vendez un livre, vous êtes en partie commerçant. La version romantique de l’artiste voudrait qu’il offre ses œuvres au grand public sans rien demander en retour. Par ailleurs, même si cela peut être assez vexant pour l’auteur, l’acquéreur d’un livre a la même démarche d’achat que l’acquéreur de papier toilette ou d’une boîte de conserve : son choix est guidé par ses goûts, sa confiance dans la marque, le prix, le packaging…
Mais bien sûr, tout cela reste des perceptions personnelles ! Chacun sa vision des choses.
Quoiqu’il en soit, si vous écrivez un article sur le sujet, n’hésitez pas à poster le lien ici pour que nous ne le manquions pas ! 😉
Oh là ! Toujours tout déclarer, mais le volume, tout au moins quand on touche parallèlement des droits d’auteur, défini le statut d’auteur ou d’entrepreneur. Pour le reste, il faut vraiment que j’écrive quelque chose, Aurélie F. ne m’ayant pas répondu 😉