L’angoisse de la page moche

Je me dois d’être sincère avec vous : voilà un long moment que je n’écris plus (de textes littéraires, tout du moins). La baisse d’activité de ce blog (tout à fait assumée, malgré tout) va en effet de pair avec une cessation pure et simple de la rédaction de nouvelles ou de romans. Il faut dire que j’ai été victime il y a peu d’un mal cruel et obsessif : l’angoisse de la page moche, que je me dois de vous présenter ici.

Crédits photo : Ejecutivoagresivo

Le mythe de l’angoisse de la page blanche

Je pense qu’il est inutile de s’attarder ici des heures sur le principe de l’angoisse de la page blanche, tant ce précepte est connu. Il s’agit simplement pour un auteur de se retrouver les bras ballants et sans idées, face à une page de livre qu’il n’arrive pas à remplir.

Si vous êtes fervent lecteur de ce blog, vous devez déjà avoir lu ici quelques propos un peu secs sur l’angoisse de la page blanche.

Il faut dire que l’arrogance de la jeunesse m’a toujours fait penser que le manque d’inspiration ne pouvait tout simplement pas toucher un écrivain dans l’âme, tant j’ai rencontré d’auteurs prolixes et créatifs, dont le principal problème était l’incapacité à rédiger toutes leurs idées de romans plutôt que de trouver l’inspiration.

Et même si ma jeunesse s’envole à vue d’œil, je dois vous avouer que je maintiens cette position… Selon moi, l’angoisse de la page blanche n’est qu’un mythe, un mensonge, une rigolade.

Pour autant, je n’avais pas tout à fait raison à son propos, car je réalise à présent que je n’avais pas réellement compris l’essence de cette angoisse ni sa signification.

N’allez jamais croire en ce mensonge qu’est l’angoisse de la page blanche ! (crédits photos : Skeletalmess)

L’angoisse de la page moche

Pour en comprendre un peu plus sur l’angoisse de la page blanche, il m’a fallu expérimenter une angoisse bien différente : l’angoisse de la page moche.

Cette maladie m’a rongée alors que je cherchais un nouveau projet d’ouvrage à rédiger, pour me remettre en selle. J’ai donc pioché dans mes projets d’écriture pour trouver un texte intéressant, mais pas trop long à boucler.

Ayant toujours en tête pas mal d’histoires plus ou moins achevées dans l’esprit, cette tâche ne fut pas des plus complexes, et je pus commencer à écrire. C’est alors que le drame s’est déroulé devant mes yeux.

Qu’est-ce que l’angoisse de la page moche ?

Voilà un moment que je n’avais pas écrit de roman, et même si on peut facilement perdre certaines bonnes habitudes d’écriture, cela reste tout de même assez proche du vélo : il suffit de se mettre en selle, et ça devrait avancer tout seul.

J’ai donc sans mal rédigé un premier chapitre, puis le départ d’un second, quand j’ai été pris d’un certain malaise.

Ce projet d’écriture, qui me semblait si intéressant en tête, ne semblait que trop grossièrement retranscrit une fois que je tapais sur mon clavier. Pour en avoir le cœur net, je relus rapidement mes premières pages et fis cet amer constat : tout était plat, laid, sans saveur, sans intérêt. Je me trouvais face à un ramassis de mots mal accordés, face à quelque chose de grossier.

Et j’avais beau parcourir les autres pages, je fis le même constat. J’ai alors compris une chose terrible : j’étais pris de l’angoisse de la page moche. Tout ce que j’écrivais me semblait laid. Et autant vous dire que cela brisa rapidement mon élan de chercher à écrire à nouveau.

Les origines de cette angoisse d’écriture

Il serait bien entendu malhonnête de prétendre que l’angoisse de la page moche m’est tombée dessus sans prévenir. En effet, je pense que j’ai toujours souffert des prémices de cette terrible maladie.

Il faut en effet admettre qu’il est assez simple de définir son origine, que je résumerais en quelques mots : un projet d’écriture est toujours plus intéressant que sa réalisation.

Un projet de roman dépasse systématiquement le simple synopsis. Il s’agit d’une intention, d’une idée. On ne va pas juste raconter une histoire, on va transmettre une (ou des) émotion(s), faire ressentir des choses à son lecteur, et pourquoi pas chercher à lui faire réfléchir à des idées nouvelles.

Or, rien n’est plus beau qu’une idée, et chercher à la retranscrire va forcément lui faire perdre de sa superbe et l’altérer.

L’auteur ayant été directement témoin et créateur de cette idée, il ne peut qu’être déçu lorsqu’il constate à quel point sa retranscription est plate et sans saveurs.

De la difficulté de retranscrire une idée

L’angoisse de la page moche est finalement assez inhérente à l’activité d’écriture. Écrire un roman, c’est en effet chercher à donner forme à une idée, ce qui s’avère plus facile à dire qu’à faire.

C’est d’autant plus vrai que l’écriture d’un livre prend généralement un certain temps, et qu’il faut parfois des mois pour découvrir que son livre est beaucoup moins intéressant qu’il aurait dû l’être, ou qu’il est tout simplement raté. Sans même que le livre soit mauvais, il peut tout simplement arriver qu’il ne reflète pas l’idée originelle de l’auteur.

Et je pense que de nombreux auteurs, même à succès, passent à côté du message qu’ils auraient voulu transmettre, ou découvrent à la lecture des critiques que leur texte n’a pas été compris comme il avait été originellement pensé.

Transformer une idée en roman est loin d’être une tâche aisée… (Crédits photo : Comfreak)

Les 1001 angoisses d’un auteur

Moi qui avais toujours douté de l’existence de l’angoisse de la page blanche, il m’a été difficile de me sentir touché par un mal ô combien similaire.

Et j’en suis venu à réfléchir aux autres angoisses dont pouvaient souffrir les auteurs, au moment de donner naissance à leurs créations littéraires :

  • L’angoisse d’écrire un livre sans intérêt,
  • L’angoisse de plagier un livre sans s’en rendre compte,
  • L’angoisse de faire des fautes d’orthographe,
  • L’angoisse d’en révéler trop sur sa vie personnelle,
  • L’angoisse de créer des personnages vides,
  • L’angoisse de faire des incohérences scénaristiques,
  • L’angoisse d’être compris de travers,
  • L’angoisse de rédiger un livre trop triste,
  • L’angoisse d’écrire une histoire pleine de clichés,
  • L’angoisse de mourir avant de terminer son œuvre,
  • L’angoisse de ne plus rien avoir à raconter au prochain roman, etc.

À trop réfléchir à son œuvre, on finit fatalement par tomber sur une angoisse qui nous ronge les sangs, et peut rendre l’idée de reprendre l’écriture bien plus difficile qu’elle ne devrait l’être.

Mon angoisse, à l’heure actuelle, est tout simplement d’avoir perdu le peu de talent qu’il me restait, et d’être devenu incapable d’écrire quelque chose de cohérent ou d’un tant soit peu digne de lecture.

Les angoisses des auteurs sont innombrables… (Crédits photo : Sizumaru)

De quoi a vraiment peur un écrivain ?

Il est plus que temps que je vienne enfin là où je voulais en venir. Car figurez-vous que cet article ne vise pas à vous présenter l’angoisse de la page moche.

En effet, je n’ai pas suffisamment de mauvaise foi pour vous expliquer en quoi l’angoisse de la page blanche est ridicule, et en quoi mon angoisse à moi est nettement plus logique et justifiable.

Comme je vous le disais plus haut, l’angoisse de la page moche m’a uniquement aidé à mieux comprendre l’angoisse de la page blanche, car elles sont finalement identiques.

La véritable raison de l’angoisse des auteurs

Un écrivain ne souffre d’aucune angoisse, mais cherche uniquement des raisons pour ne pas écrire. Un auteur ne souffre tout simplement jamais de manque d’inspiration, tout comme je ne manque pas de talent (ou pour être plus clair : je n’ai pas plus ou moins de talent que la dernière fois où j’ai écrit).

Se mettre à écrire, chercher à remplir cette page blanche ou à assumer cette page moche, c’est tout simplement prendre le risque d’écrire quelque chose de vain, de donner naissance à un mauvais texte.

Au contraire, se cacher derrière le manque d’inspiration ou de talent, c’est se donner l’opportunité de ne pas avoir à écrire.

C’est se dire « Je pourrais écrire quelque chose de beau… mais je n’ai plus l’inspiration pour cela », « Mon projet était véritablement superbe, dommage que je manque d’inspiration pour l’écrire… ». C’est garder jalousement son idée en tête, car cette idée sera toujours plus belle que le texte qui en découle…

Les angoisses d’écriture doivent-elles nous bloquer ? (crédits photo : Kellepics)

Que faire de ses angoisses d’écriture ?

Finalement, les angoisses de l’écrivain ne sont guère différentes des angoisses de tout un chacun. Il s’agit finalement de chercher à se complaire dans une situation de confort, de se trouver des raisons pour ne pas se pousser à faire ce qui pourrait nous plaire, mais semble si risqué ou si compliqué.

Cela fait trop longtemps que je n’ai pas écrit le moindre texte, et l’angoisse de la page moche a presque suffi à faire s’étioler le peu de courage que j’étais parvenu à rassembler pour me remettre à la tâche.

L’avantage est qu’elle m’a permis de mieux comprendre mes propres limites, mais aussi d’être plus critique vis-à-vis de moi-même.

Certes, il se peut que j’écrive des pages moches, mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? N’ai-je pas déjà écrit des pages moches sans en ressentir la moindre gêne ? Vaut-il mieux ne pas écrire plutôt que d’écrire des pages moches ?

Difficile à dire. Mais j’espère à terme pouvoir vous présenter les quelques pages moches que j’aurai écrites dans les mois à venir. Ou à défaut, si je n’écris plus rien, je ne chercherais plus à me cacher derrière une excuse idiote telle que « J’ai été touché par l’angoisse de la page moche ».

Je me contenterais d’avouer « Je n’ai pas eu le courage ». Point.

30 réflexions sur “L’angoisse de la page moche

  1. Tu n’es pas seul mon ami. C’est un sentiment que j’ai déjà éprouvé, qu’il m’arrive encore de ressentir, et qui reviendra. Ce sont des passages à vide qu’il faut encaisser, en sachant qu’il y a un truc qui coince quelque part mais que ledit truc finira par se décoincer tôt ou tard (subtil, n’est-ce pas ?). En attendant, écris des trucs moches, pour garder souplesse et endurance (nous sommes des sportifs, hein !). Ce que je sais, c’est que l’expérience enseigne l’humilité. Et ça, c’est beaucoup !
    Allez, future bonne année 2018 !

    • Merci pour ce commentaire et pour ces encouragements ! Effectivement, l’écriture exige une discipline proche de celle des sportifs, je suis tout à fait d’accord avec ça ! Heureuse année à toi également. 🙂

  2. C’est un dilemme assez compliqué… Écrire des trucs moches (moi, je dis nuls ^^) ou ne pas écrire du tout… ?
    Pour moi, toutes ces choses rejoignent un seul et unique truc : le manque d’estime de soi.
    Si on souffre de la page blanche, c’est sans doute qu’on a peur d’écrire des trucs moches car on pourrait juste coucher des mots. Et toutes les autres angoisses que tu cites rejoignent ce chemin tortueux.
    Humble avis personnel, bien sûr ^^ …

    • Merci pour ce commentaire ! 🙂 À la vérité, je ne suis pas entièrement sûr que cela vienne véritablement d’un manque d’estime personnelle. Plutôt un manque de motivation, ou une difficulté à trouver du sens à l’écriture.

      Mais je suppose que l’origine des blocages peut varier en fonction de l’individu et de la période… L’essentiel est de réussir à débloquer le blocage… 😀

  3. Quel plaisir de lire sous votre plume ce que je n’osais pas admettre ! Un peur de clarté dans mon « disque dur » (mon stockage d’idées et d’émotions), une mise à jour de mon « logiciel » (nettoyer les mauvais outils d’écriture) et après un regard objectif, sincère et volontaire… cela devrait le faire… comme ils disent aujourd’hui !
    Merci pour ce rafraîchissant avertissement.
    Cordialement.
    PHG

  4. Bonjour Pierrick, Je ne sais pas comment sont vos « pages moches » mais cet article est magnifique, vous avez tout dit ! Vous êtes incontestablement doué pour l’écriture, j’aime beaucoup votre style teinté d’ironie.
    J’avais, pour moi-même, résumé toutes ces angoisses (que je ne connais que trop) par un seul mot : le trac. Mais à en croire tous ceux qui en souffrent, c’est un mal nécessaire, malheureusement.
    Et puis les choses trop parfaites sont vides d’humanité et le lecteur s’en lasse, non ?
    Bien à vous tous,
    Isabelle

    • Bonjour Isabelle, merci pour ce commentaire et pour vos compliments ! 🙂 Je ne m’attendais pas à ce que sujet touche autant de personnes.

      Je pense effectivement que ces angoisses peuvent s’apparenter au trac. C’est même une comparaison intéressante puisque le trac se ressent généralement face à d’autres personnes (une représentation théâtrale, un entretien d’embauche, etc.). Le ressentir seul est donc un comble dont seul peut se targuer un auteur.

      Et votre conclusion est finalement bien vraie : une chose moche est parfois plus attachante qu’une chose parfaite ! 😉

  5. Ce blog m’a beaucoup aidé à démarrer mon premier roman (dans ma liste des trucs à faire avant de mourir, position n°1 !). Il est assez creux, plat, et vu et revu, mais tant pis, grâce à cet article, j’ai bien envie de le finir. Même s’il est mauvais, que je le sais, je pourrai au moins dire dans quelques temps, j’ai essayé et je suis allée jusqu’au bout ! Donc merci Pierrick, écrivons tous des trucs moches, si à nous ça nous fait du bien, on oblige personne à les lire !

    • Merci pour ce témoignage. Si ce modeste blog a pu vous pousser à l’écriture, j’en suis ravi ! C’est justement son rôle, et je suis encore surpris qu’il l’atteigne ! 🙂 Et qui sait, nous pourrons tous former un collectif d’auteurs de livres moches ! 😉

  6. Bonjour,
    Je suis un petit éditeur. Personnellement en ayant perdu une partie de ma petite personne suite à une opération chirurgicale qui ampute déjà largement votre libido, j’ai également perdu le goût d’écrire. Je n’ai pas d’angoisse puisque je n’écris plus. Mais je pense qu’écrire, c’est certes une gymnastique à ne pas trop longtemps délaisser, mais ça correspond sans doute aussi à un âge ou à un moment de sa vie et qu’à moins d’être payé pour ça, on peut avoir à passer à d’autres joies de l’existence. J’en profite pour dire aux quelques uns qui liront ce texte que ce blog est passionnant pour les auteurs, qu’on y apprend des choses toutes pertinentes qui sont d’une véritable aide à bien écrire.

    • Bonjour Pédro. Merci pour ce gentil commentaire (et pour votre fidélité ici et pour vos commentaires toujours pleins d’intérêt ! 😉 ).

      Je suis désolé d’apprendre cette opération, et j’espère que cette « amputation » de la volonté d’écrire n’est en rien définitive. Parler « d’être payé pour ça » me semble loin d’être anodin à présent que vous m’y faites penser. Cela fait des années que j’envisage d’écrire un article sur « vivre de sa plume » et sur le rapport entre l’écriture et l’argent (sujet ô combien délicat, en particulier en France)… Ce sera peut-être l’occasion d’y revenir.

      Une excellente année à vous ! 😉

  7. L’angoisse de la page moche telle qu’elle est décrite ici me semble correspondre à un excès de hâte vis-à-vis de l’écriture. Ce n’est pas au moment d’entamer le roman qu’il faut se méjuger, se décourager, douter de soi ou de son texte. Il est bien trop tôt. C’est lors des relectures que le vrai roman apparaît et que les idées du départ prennent leur relief. Jeter l’éponge avant ça, ça serait comme un sculpteur qui trouve son œuvre moche alors qu’il a à peine entamé le bloc de marbre.

    • Oui, ce n’est pas forcément faux d’un point de vue général ! 🙂 Pour mon cas, je pense que c’est plus proche du découragement (ou tout simplement du manque de courage) que de la hâte, mais j’imagine que la hâte produira les mêmes effets ! 😉

  8. Je me retrouve beaucoup dans toutes ces angoisses, dont je suis une grande spécialiste… 😉 On peut dire que c’est ce qui m’a empêché de terminer le moindre roman pendant 20 ans (eh oui! 20! ça fait un sacré paquet d’années à échouer coup sur coup!). Pour autant, je ne suis pas d’accord avec ta conclusion. Certes, il faut réussir à surmonter le sentiment d’angoisse si celui-ci devient paralysant… Mais je crois également profondément dans mon intuition et dans mon jugement. Quand j’écris quelque chose de moche (ou de bancal ou d’inintéressant), je le sais. Quand j’écris quelque chose de chouette, je le sais aussi. Alors, quand cette angoisse me vient, au lieu de la prendre à la légère et de considérer qu’elle est « fausse », je l’écoute au contraire avec attention, car c’est dans le problème que se trouve la solution… Si j’ignore le problème, je ne trouverai jamais sa solution. Pour moi, c’est cela au contraire (cette volonté d’ignorer la page moche) qui est la voie de la facilité, du confort. Et ce qui distingue l’écrivain-e de la personne lambda, c’est le courage d’affronter cette vérité et celui d’y remédier.
    Je ne crois pas non plus que cela ait le moindre lien avec une faible estime de soi (comme l’a suggéré une des commentatrices); c’est plutôt l’inverse… Comme je suis persuadée d’être un génie, je n’accepte pas que quelque chose de médiocre sorte de ma plume (j’exagère un peu, mais je le pense vraiment!). Et, pour ma part, j’estime qu’il vaut mille fois mieux ne rien écrire que d’écrire quelque chose qu’on trouve soi-même nul… Mais cela a peut-être aussi à voir avec ma façon d’écrire. Certain-e-s supportent un premier jet médiocre parce qu’ils le retravaillent beaucoup par la suite. Moi, non. Une fois que j’ai mis le point final, je déteste revenir sur ce que j’ai écrit et je le fais donc le moins possible.
    J’avais écrit il y a quelque temps un article qui touche un peu à cette question : https://romanceville.net/2017/04/21/eloge-de-linacheve/ (Éloge de l’inachevé, où je contredis J. K. Rowling parce que j’aime contredire les gens… :-P).

    • Bonjour Jeanne, et merci de ce commentaire. C’est un plaisir de te retrouver ici. 20 ans ? Dans ce cas on peut dire que j’ai encore le temps avant de m’inquiéter réellement ! :-p

      J’aime beaucoup ton interprétation. Peut-être y a-t-il une part de vrai. Pour le moment, je me suis enfin décidé à reprendre un nouveau projet, qui ne me paraît pas trop moche… jusqu’ici ! 🙂

      Je pense malgré tout que c’est un raisonnement à double tranchant. Imaginons un auteur qui trouve tous ses textes laids. Est-il perfectionniste ? Insatisfait ? Ou tout simplement mauvais ?

      Et cela veut-il dire que tous tes textes sont des premiers jets ? Je pense que c’est une pression que je ne parviendrais pas à tenir, celle de devoir forcément être bon à la première écriture.

    • je ne suis pas auteure mais je n’écris pas de la même manière moi je pense qu’il vaut mieux écrire que de ne rien écrire et quelque chose de mauvais au départ peut se révéler être bon par la suite, je le compare au dessin car j’adore dessiner depuis petite et il est mieux pour savoir dessiner que d’essayer de dessiner c’est la meilleure méthode pour apprendre, faire des erreurs et se corriger et je pense qu’il faut persévérer que ça soit dans le dessin comme l’écriture car le premier jet d’un dessin peut être aussi mauvais pour le dessinateur mais il peut en ressortir un bon dessin en recommençant le dessin parfois même de zéro pour arriver à ce qu’on veut et être ensuite satisfait! Par contre si on arrête d’écrire et de dessiner, c’est plus difficile, personnellement j’ai arrêté de dessiner par manque de temps et j’ai perdu les bases de dessin que j’avais et pour un croquis de 2 têtes de personnages seulement il m’aura fallu 1h pour arriver à un résultat qui me satisfaisait du coup c’est mieux de dessiner et d’écrire un peu régulièrement que de stopper et de ne rien écrire et dessiner! Après pour votre cas, j’ai l’impression que vous avez une haute estime de vous et que vous êtes un peu beaucoup perfectionniste mais ce perfectionnisme peut bloquer et ne pas arriver à faire les choses et ne pas écrire! Je suis un peu perfectionniste mais dans le sens que j’aime bien contrôler et faire mon mieux possible mais je fais les choses ça ne m’a pas vraiment bloqué car je sais que la perfection n’existe pas et si on n’a pas peur de faire les choses, peur de mal faire, peur de pas faire assez bien, aussi bien, on peut être bloqué! après c’est sans doute chacun ses méthodes pour écrire mais je ne pense pas comme ça

  9. Je connais ce sentiment et pour cause j’ai mis 15 années à pour enfin laisser mes mots être lus par d’autres. J’écris de façon peut être inhabituelle, d’abord dans ma tête. J’avoue ça peut paraître bizarre, mais c’est une fois le mot fin trouvé que je couche mes mots sur le papier. Mes mots seront peut être pas au goût de tous, mais qu’importe ils sont miens. Il n’y a rien de moche dans les mots. ils peuvent parfois nous paraître ainsi, mais nous ne pouvons pas être juge et parti. Aussi je n’aurais pas de conseil à vous donner. Juste vous dire qu’il faut continuer, même si ce n’est que pour vous. Laissez donc vos mots glisser sous votre plume.

  10. Je ne suis pas auteure mais j’adore écrire depuis petite mais je n’ai pas souffert de ça, moi au contraire j’ai un trop plein d’idées d’histoire que je note après certaines quand je réfléchis ne sont pas si bonnes pour une histoire j’en garde certaines et peut-être pas d’autres mais écrire mes idées c’est déjà bien mais du coup moi c’est l’inverse ce n’est pas coucher son histoire à l’écrit que je ne trouve pas beau mais certaines de mes idées que je ne trouve pas bonnes mais j’écris toutes mes idées au cas où. Je n’ai jamais souffert de la page blanche pour l’instant par contre avant je souffrais du manque de temps et certaines de mes histoires écrites je ne les ai jamais fini et sinon je souffre plus de feignantise et de procrastination mais j’arrive plus à finir des petites nouvelles avec peu de pages qu’un roman qui est trop long pour moi encore. Je me demande si les angoisses cités ne sont pas à cause d’une forme de perfectionnisme, si tu cherches la perfection dans les mots que tu écris, tu peux arriver à n’être jamais content. Personnellement je suis un peu perfectionniste dans le sens que je veux faire les choses bien en contrôlant et en vérifiant etc mais pas perfectionniste au point de ne pas arriver à écrire ou à faire les choses non ça, ça ne m’est jamais arrivé. Je pense que c’est bien de contrôler et de vouloir faire de son mieux mais il faut aussi lâcher prise pour arriver à faire les choses sinon on ne fait pas les choses et la perfection n’existe pas du coup à un moment il faut faire les choses! Et comme je l’ai dit, toutes les angoisses cités, ça ne m’est pas arrivé car j’ai un trop plein d’imagination et je pense que oui ce sont des excuses pour ne pas écrire, des excuses qui ne nous motivent pas mais nous démotivent dans le genre que « je ne vais pas y arriver, je ne vais pas y arriver », avec des pensées négatives, on n’arrive pas à faire les choses mais avec des pensées positives on peut être beaucoup plus motivée! Il faut pour ça une confiance en soi et une assurance et essayer de penser positivement

    • Je suis 1000 fois d’accord avec toi sur ta conclusion. Je ne pense pas être perfectionniste, mais bien me chercher des excuses. Le lâcher prise est effectivement une bonne chose. Depuis la rédaction de cet article, j’ai repris doucettement un projet, que je décide d’écrire quand bon me semble. Merci beaucoup pour ton commentaire !

  11. La page moche n’est-elle pas destinée à être retravaillée autant de fois qu’il le faudra pour devenir une page belle? On ne fait pas la Joconde d’un seul coup de pinceau.

  12. Bonjour,
    Je traîne sur votre blog depuis quelques temps mais je n’ai jamais commenté. J’en profite donc pour vous remercier pour vos articles !
    Comme certains l’ont déjà souligné, cette angoisse est également à l’estime qu’on a de soi.
    Personnellement, j’ai commencé à écrire en étant persuadée que ce que j’écrivais était moche. Je n’ai toujours pas de preuve du contraire^^. Donc j’ai commencé avec cette angoisse de la page moche et je me contentais de lire et notais des idées d’histoires sans problème. Puis arriva une période de ma vie où j’habitais loin des bibliothèques, sans connexion internet et je voulais lire une histoire donc je l’ai écrite.
    Partir avec ce postulat peut être vu comme assez déprimant, mais c’est surtout que ça ouvre un territoire où je ne peux que progresser, même si ça prend 10, 15 ans ou plus.
    La seule angoisse qu’on ne peut pas vraiment maîtrisé, c’est celle de mourir avant d’avoir fini, mais cela concerne bien plus de domaine que la littérature…
    Bonne journée

    • Bonjour, et merci pour ce commentaire ! 🙂 L’angoisse de ne pas finir son œuvre est effectivement tout autant effrayante ! 😀 Je suis tout à fait d’accord avec vous : continuer d’écrire régulièrement reste le meilleur moyen de progresser… et donc d’arrêter d’écrire des pages moches ?!

  13. Haha, j’aime bien ce concept 🙂 Mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’idée que « un projet d’écriture est toujours plus intéressant que sa réalisation. » ! Oui, c’est vrai qu’un premier jet est souvent décevant. Mais ce n’est que le premier. Pour moi, la partie la plus intéressante dans l’écriture d’un roman, c’est la réécriture. Partir d’une idée, et d’un premier jet qui la matérialise, pour le creuser de fond en comble, le raffiner, en tirer ce qu’il y a de plus beau. C’est en écrivant que mes meilleures idées que viennent, pas juste en rêvassant à ce que je pourrais écrire. Et au final, après tout le travail de corrections, quand je vois le chemin parcouru par mon texte je suis vraiment fière. C’est ça qu’il faut avoir en tête pour se motiver ! La page moche peut très bien être embellie, ce n’est pas une fatalité.

    Bon courage

  14. Cher Monsieur Messien,
    Votre réaction est saine mais que ce ne soit pas une raison pour ne plus écrire !
    Dans « Écrire, guide pratique de l’écriture, avec des exercices » auto-édité en 1977, Jean Guénot disait que pour écrire il faut une certaine détestation de soi.
    Un premier jet est fait pour être décevant. Ce n’est encore qu’un bloc informe qu’il faut triturer pour lui donner la forme recherchée.
    Par exemple, on va travailler à remplacer les lieux communs par des formules de son cru, supprimer les hiatus, retailler des paragraphes trop courts ou trop longs, supprimer les sauts de paragraphes trop fréquents, ajuster les phrases à la respiration mentale du lecteur, remplacer les adjectifs qui ne sont pas irremplaçables par des verbes ou des substantifs, etc.
    C’est la lutte constante sur les deux axes du paradigme et du syntagme ; c’est le boulot de l’écrivain.
    C’est pour ça qu’écrire ne consiste pas, comme beaucoup de gens se l’imaginent, à pisser de la copie.
    « Viens passer le week-end à la maison, tu pourras écrire ». Ben non.
    Il y faut de l’isolement, même de l’emprisonnement avec son manuscrit en cours de gestation.
    Trop de prétendus auteurs qui écrivent en se regardant le nombril, sont persuadés d’avoir du premier coup pondu un chef-d’oeuvre, alors que c’est juste une manifestation de leur vanité.
    Mon éditeur en recevait des dizaines chaque mois. Il les foutait à la poubelle après trois ou quatre pages de lecture.
    Ne vous découragez pas. Restez en union avec votre futur enfant et formez-le jusqu’au point où vous pourrez dire, non pas qu’il est terminé mais « J’arrête là ».
    Bien à vous,
    Gilles Pasquier

  15. Je vis l’angoisse de la page moche depuis plus de 2 ans. C’est horrible, parce que même écrire un simple commentaire me donne envie de m’arracher les cheveux. Cette angoisse est survenue suite à une activité de rédactrice web. La pire idée de ma vie : ça m’a dégoûté de l’écriture et j’ai pris plus d’un an avant de pouvoir me remettre à écrire.

    Malheureusement, dès que je tente de commencer une histoire, je trouve chaque tournure de phrase, chaque dialogue, chaque description extrêmement mauvais. J’ai bien essayé de me forcer, j’ai d’ailleurs beaucoup « d’œuvres » enregistrées dans mon ordinateur depuis ces deux dernières années.

    Mais force est de constater que c’est tout simplement mal écrit. Même après plusieurs mois entre l’acte d’écriture et la lecture, je trouve ces textes toujours aussi… moches ! Il n’y a vraiment pas d’autre mot. C’est moche, insipide, hideux.

    Je ne sais vraiment plus quoi faire. J’ai l’impression qu’une partie de moi-même est morte. Si je ne peux plus écrire, alors ma vie n’a plus aucun sens. Et avec l’arrivée de ChatGPT, et tout l’engouement qu’il y a autour, j’ai de plus en plus l’impression d’être nulle. Il faut savoir que je suis une personne qui n’a pas confiance en elle, j’ai toujours douté de tout chez moi, sauf de mon écriture. On m’a souvent dit que ce que j’écris est bon. Et moi-même j’ai toujours su que c’était vrai. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    J’ai essayé de me rendre à des ateliers d’écriture, et on m’a simplement dit que le blocage vient sûrement de l’intrigue, ou alors que je n’ai qu’à écrire sans réfléchir. Comme si je n’y avais pas pensé moi-même ! Je ne sais vraiment plus quoi faire.

    • Bonjour Miki,

      Merci pour ce commentaire très personnel et riche d’intérêt. J’espère que cet article a pu vous aider d’une manière ou d’une autre.

      Je peux comprendre votre point de vue car il se trouve que je travaille moi même dans le web et que c’est une manière comme une autre que j’ai trouvée d’utiliser ma plume.

      Pour commencer, j’aurai tendance à vous dire que votre commentaire est ma foi bien écrit ! Il retranscrit bien vos émotions et votre état d’esprit du moment. C’est donc toujours ça de pris en matière de qualité d’écriture.

      J’aurai tendance à dire que votre problématique est peut-être plus tournée vers la recherche de sens que vers l’écriture. Si vous considérez ChatGTP comme un adversaire ou si vous regrettez d’avoir pris un temps la voie de rédactrice web, il se peut que vous cherchiez peut-être un sens à travers votre écriture, sens que vous ne retrouvez pas ou plus.

      Je doute que vous soyez bloquée au niveau de l’intrigue, j’ai l’impression que c’est plus profond.

      J’aurai tendance à vous conseiller deux tests si l’envie vous en dit :

      Le premier : rédigez quelque chose de moche ! Fixez-vous l’objectif de terminer un roman, quel qu’il soit, sans aucune ambition qualitative. Ne relisez pas vos textes, contentez-vous de finaliser un récit de A à Z, même s’il ne doit faire que quelques pages. Il est objectivement plus simple de finaliser un roman nul que d’écrire un texte qui vous plaise (en particulier si vous vous sentez dévalorisée en ce moment). Il sera peut-être plus facile d’atteindre cet objectif « simple », et je vous met au défi de ne pas rédiger au moins quelques lignes intéressantes au long d’une nouvelle ou d’un roman.

      Le second : entamez un journal intime, ou un journal intime romancé. Rédigez le texte d’une autrice déchue qui se sent remplacée par ChatGPT, et voyez où cela vous mène, ou contentez-vous d’écrire votre quotidien au jour le jour, ou quand l’envie vous en prend. C’est encore la manière la plus simple de renouer avec l’écriture.

      Pour le reste, si le blocage persiste et qu’il vous pose un problème profond, il n’est pas inutile d’en parler avec un(e) psychologue, qui pourrait à priori aider sur des thématiques telles que la confiance en soi ou le recherche de sens.

      J’espère que vous parviendrez très rapidement à retrouver la plume !

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