Tout savoir sur la Kindle Owners’ Lending Library

N.B : Initialement persuadé que l’emprunt de livres était illimité pour les clients Amazon Premium (ce qui n’est pas le cas), j’avais livré un article « à charge » sur la Kindle Owners’ Lending Library. Les remarques des plus lucides TheSFReader, J.P Vest et Chris Simon m’auront permis de rectifier le tir !

Continuons à disséquer la plateforme d’édition numérique Kindle ! Après l’article dédié à la présentation du KDP Select, plusieurs d’entre vous se sont essayés à ce programme proposé par Amazon aux auteurs indépendants et aux éditeurs. En échange d’une exclusivité temporaire d’un ebook sur Amazon, le programme KDP Select offre différents moyens de promotion, parmi lesquels la possibilité pour le livre numérique d’être emprunté par les clients Amazon Premium.

Il y a peu, Tipram Poivre, notamment auteur de Trois hommes de ma vie dont je vous parlais ici, a eu la bonne surprise de voir son livre numérique emprunté dans le cadre du KDP Select. Elle s’interrogeait, dans les commentaires de mon premier article, sur la rémunération qu’elle pouvait espérer de ce emprunt, tout à fait consciente que cette rémunération serait minime. J’ai décidé de profiter de cette question pour approfondir le sujet du programme d’emprunt du KDP Select d’Amazon (la Kindle Owners’ Lending Library).

Prêt Livre numérique

Crédits photo

Le Kindle Owners’ Lending Library 

Commençons par dire quelques mots sur le programme Kindle Owners’ Lending Library (ou programme KOLL, pour les intimes). Comme très souvent, c’est aux Etats-Unis d’Amérique qu’il faut aller se renseigner pour en savoir plus, c’est à dire là où l’édition numérique a au moins deux ans d’avance (à moins que ce ne soit la France qui ait au moins deux ans de retard, je ne sais plus…). En effet, Amazon y fait nettement plus de publicité pour ce fameux programme d’emprunt de livres numériques. Et pour cause, le catalogue d’emprunt du programme KOLL est bien mieux fourni en anglais que dans la belle langue de Molière.

La Kindle Owners’ Lending Library (qui n’a pas encore trouvé son nom en français, ce qui ne devrait pas tarder) est donc un programme d’emprunt de livres numériques à destination des clients Amazon Premium. Pour ceux qui ne connaîtraient pas les offres de notre site de e-commerce préféré, Amazon Premium est un service facturé à 49€ par an et qui permet notamment la livraison des articles commandés en 1 jour ouvré. Profiter de sa position de leader sur le marché du livre numérique pour mettre en avant ses services de e-commerce, c’est là tout le génie de la marque au sourire sur la boîte !

Contre ses 49 euros d’adhésion annuelle, le client Amazon Premium armé de sa liseuse Kindle aura la possibilité d’emprunter gratuitement plus de 350 000 livres numériques aux USA, à raison d’un livre par mois maximum. La publicité française parle quant à elle de « milliers d’ebooks », ce qui laisse une fois encore deviner que peu de livres français sont disponibles à l’emprunt pour le moment. En partant du principe que le catalogue du programme Kindle Owners’ Lending Library est vaste et fourni, l’offre permet aux lecteurs d’essayer un livre à moindre risque, ou de faire l’économie de l’achat de douze livres chaque année.

Kindle Owner's Lending Library

Les arguments commerciaux de la Kindle Owners’ Lending Library aux Etats-Unis ? L’emprunt gratuit de 100 « New York Times Best Sellers » et de toute la saga Harry Potter !

Rendre son livre numérique disponible à l’emprunt sur Amazon

Si l’offre d’emprunt via Kindle paraît intéressante pour le lecteur, il convient désormais de s’intéresser au cas de l’éditeur ou de l’auteur indépendant. Là où le lecteur doit passer par la case Amazon Premium pour accéder à l’emprunt gratuit, l’éditeur/auteur doit passer par la case KDP Select pour que son livre devienne accessible à l’emprunt via la Kindle Owners’ Lending Library. Cette possibilité n’est effectivement proposée qu’aux ouvrages parus dans le cadre de KDP Select. Amazon considère donc cette possibilité de faire emprunter son livre comme l’un des bénéfices du KDP Select…

Naturellement, il est évident que les détenteurs des droits de la saga Harry Potter et des 100 « New York Times Best Sellers » ne sont pas gentiment passés par la plateforme KDP ! Amazon a certainement dû signer un contrat juteux avec eux et payer de sa poche pour pouvoir vendre comme argument à ses clients premium la présence de livres aussi réputés dans sa Lending Library. Il y a d’ailleurs fort à parier que des éditeurs français réputés proposeront bientôt certains de leurs ouvrages dans le programme. Dès lors, il me paraît curieux de présenter aux auteurs et éditeurs la possibilité de faire emprunter leur livre comme un privilège.

En effet, l’auteur indépendant qui fait adhérer son ouvrage à la Lending Library rend l’offre Amazon Premium plus attractive en augmentant le catalogue du programme d’emprunt. Ledit auteur devrait donc être récompensé par Amazon pour son geste, et non pas considérer cette possibilité comme un service « Select ». A moins que l’emprunt via Kindle Owners’ Lending Library soit particulièrement intéressant pour l’auteur ?

La rémunération du prêt de livre numérique

Parlons donc du sujet qui fâche : l’argent ! Comme toujours, c’est dans la FAQ de Kindle Direct Publishing que je suis allé chercher des informations au sujet de la rémunération des auteurs dont les livres sont empruntés. Malheureusement, les réponses d’Amazon sur le sujet restent plus qu’évasives, lisez plutôt :

Votre part du fonds mondial KDP Select sera calculée sur la base d’une part du nombre d’emprunts comptés pour tous les livres KDP inscrits au programme. Par exemple, si le montant du fonds global mensuel est de $1,000,000, si le nombre d’emprunts satisfaisant aux conditions de l’ensemble des titres KDP est de 300 000, et si votre livre a été emprunté pour la première fois par 1500  utilisateurs différents, vous percevrez 0,5 % (1 500/300 000 = 0,5 %), soit $5,000 pour le mois concerné.

Cette réponse m’a plutôt amusé, elle qui repose en partie sur le conditionnel et sur un simple exemple, donc autant dire sur aucune donnée concrète. L’auteur naïf imaginera déjà les 5000 $ qu’il va encaisser, alors que cette réponse d’Amazon n’éclaire pas vraiment sur le paiement effectif. En effet, la rémunération des emprunts est calculée en fonction du « fonds global mensuel » (une sorte d’entité mystique mondiale constituée à l’heure où j’écris ces lignes de 800 000$) et du « nombre d’emprunts satisfaisant aux conditions de l’ensemble des titres KDP » (un facteur apparemment assez arbitraire établi par Amazon).

Quand je pensais, à tort, que les clients Amazon Premium pouvaient emprunter les livres à volonté, j’étais plus que sceptique sur le réalisme de ce calcul. A présent qu’on m’a fait comprendre que les clients ne pouvaient emprunter qu’un livre chaque mois, ce qui est plus que raisonnable, je commence à penser qu’il peut effectivement être assez intéressant pour l’auteur d’avoir un livre emprunté plutôt qu’un livre vendu.

Reprenons le cas de notre amie Tipram Poivre et de son exemplaire emprunté. Avec un fonds global actuellement à 800 000$, cela donne : (1/300000)*800000=2,66$. Avec un livre vendu à 4€59, Tipram Poivre doit gagner un peu plus de 3€ par vente. Un emprunt est donc moins intéressant qu’une vente pour elle, mais sa rémunération reste tout à fait respectable. D’autant plus que, comme le dit JP Vest dans les commentaires, un lecteur peut être plus enclin à emprunter un livre inconnu plutôt qu’à le vendre. Chris Simon, auteur du récit à épisode Lacan et la boîte de mouchoirs, ajoute que l’emprunt est financièrement plus intéressant pour l’auteur lorsque son livre a un prix bas (rappelons que les ebooks à 0,99€ chez Amazon offrent une rémunération à 35% et non pas à 75% pour l’auteur).

Que penser de la Kindle Owners’ Lending Library ?

Les arguments de la première version de cet article sont totalement balayés par l’information que les clients Amazon Premium ne peuvent emprunter qu’un livre par mois. Initialement, je rejetais en bloc l’idée de la Kindle Owners’ Lending Library, puisque je la considérais comme un abonnement en illimité, idée qui me déplaît pour plusieurs raisons, que j’aborderai certainement dans un futur article sur les différents modes d’achat du livre numérique.

Désormais conscient que les emprunts via la Lending Library restent limités, je ne peux que m’incliner face à ce programme qui a tout pour plaire. A condition qu’Amazon maintienne son fameux fonds global pour que l’offre reste attractive pour les auteurs, on peut effectivement dire que ce programme d’emprunt reste une bonne opportunité de faire découvrir ses livres sans faire une croix sur sa rémunération, voire en gagnant plus sur une vente !

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17 réflexions sur “Tout savoir sur la Kindle Owners’ Lending Library

  1. Attention, les clients Premium ne peuvent « emprunter » qu’un livre par mois dans ce programme.
    De plus, de ce que j’ai vu, Amazon augmente parfois la « cagnotte » pour conserver les auteurs intéressés.

  2. Bonjour Pierrick, excellente initiative ce billet. Seulement tes informations ne sont pas très réalistes. En fait, il faudrait pour être juste et réaliste sur ce programme, prendre des auteurs qui vendent et comparer les ventes et les emprunts au cas par cas. Par exemple sur un livre à 1,29Eur ce qui est le prix de chaque épisode de Lacan et la boîte de mouchoirs, chaque livre me rapporte plus en emprunt que sur la vente. À la vente, je gagne 35% du prix du livre moins 3% de taxes en Europe soit 0.45Eur. À l’emprunt, le livre me rapporte 1,75Eur. On voit tout de suite que sur des livres en-dessous de 2,99Eur, l’emprunt est plus avantageux puisque les livres au prix compris entre 0,89 et 2,99 ne peuvent recevoir qu’un pourcentage de 35%. Donc pour un auteur indépendant qui se lance et qui pratique des prix de lancement bas, l’emprunt reste avantageux et c’est pourquoi ma série figure au programme de l’emprunt. Il est aussi avantageux pour les lecteurs dans la mesure où pour 49Eur par an, ils peuvent s’aventurer sur de nouveaux auteurs ou se procurer les bestSellers. Je te l’accorde le catalogue de amazon.com (us) est bien plus intéressant.
    http://www.ebookbychrisimon.com/

  3. Bonjour Pierrick,

    Cet article laisse croire, à tort, que les adhérents Premium d’Amzon peuvent emprunter des milliers de livres chaque mois. Or, il est bien précisé, par Amazon, que l’on peut emprunter UN livre par mois, pas plus ! Ou alors, dans le même mois, il faut rendre le livre emprunté pour pouvoir en choisir un autre.

    Cet article se base aussi sur les problèmes de rémunération. Les auteurs autopubliés ne doivent pas se focaliser là-dessus. Permettre l’emprunt de son livre est une opportunité de se faire connaître. Lorsqu’on a plusieurs livres, l’intérêt est d’en proposer un qu’on laisse emprunter gratuitement et si les lecteurs aiment, ils iront acheter les autres…

    Enfin, là je parle en tant que lecteur, j’utilise ma possibilité d’emprunter un livre par mois pour télécharger gratuitement un livre dont je ne suis pas sûr, que je ne suis pas certain d’apprécier. Il vaut mieux cela que d’acheter un livre, de lire quelques pages, de ne pas aimer et de le retourner, ce qui revient aussi à un revenu nul pour l’auteur…

    Pour ce qui est de la France, mis à part les auteurs indépendants, les grandes maisons d’édition ne jouent pas encore le jeu. C’est bien dommage puisque leurs livres numériques à 15 euros je ne les achète pas, je ne peux pas les emprunter, donc je ne les lis pas. Nous en sommes encore à zéro euro pour l’auteur…

      • Et pour Amazon c’est l’occasion de pousser la lecture numérique vers les clients premium, leur donner un petit « plus » produit pour pas trop cher

        C’est aussi augmenter l’attrait aux auteurs auto-publiés du programme KDP Select, et donc de continuer de se démarquer de la concurrence avec un catalogue exclusif.

  4. Super ! Très bonne réactivité de ta part pour les modifications 😉 Les gardiens du temple Amazon veillent 😉 Quand on choisi de faire entrer son livre dans le programme KDP Select, on s’engage, comme tu le soulignes, à vendre la version numérique exclusivement sur Amazon pendant 3 mois (il n’est pas possible de sortir du programme pendant cette période). Aussi, lorsqu’on choisit la redevance à 70%, le livre entre obligatoirement dans le programme KDP Select et on ne peut pas en sortir.
    En fait, en tant que lecteur, je n’utilise même pas mon droit à 1 emprunt tous les mois, tant que la version numérique est à un prix raisonnable.
    Dans un prochain article j’aimerais bien que tu parles du droit à retourner un livre numérique pendant les 7 jours qui suivent l’achat. Je constate que de plus en plus, les lectrices et lecteurs utilisent cette méthode pour acheter un livre, le lire rapidement et le retourner pour se faire rembourser. Je pense qu’il y a matière à écrire un article sur ce sujet, mais c’est ton blog 😉 (demande si tu veux que je développe ma pensée sur ce thème).
    Allez, je retweet une nouvelle fois cet article puisqu’il a été modifié…

    • Quitte à écrire des bêtises, autant les corriger rapidement ! 🙂

      Pour ce qui est des 7 jours, je pense que tu parles du droit de rétractation, qui permet à un client ayant acheté un produit en vente à distance de le retourner et d’être remboursé jusqu’à 7 jours après réception. A ma connaissance (mais je ne suis pas expert juridique) ce droit de rétractation ne s’applique pas aux livres numériques, puisqu’on peut considérer la vente de livre numérique comme une vente de service et non pas une vente de biens. Néanmoins, cela ne m’étonnerait pas de voir Amazon rembourser les ebooks des clients qui le demandent. En tant que site de e-commerce, Amazon a toujours mis un point d’honneur à la satisfaction client.

      Es-tu sûr que cette pratique est répandue parmi les lecteurs numériques les moins scrupuleux ? Je ferai quelques recherches pour voir s’il y a matière à écrire un article ! 😉

      • Je me suis déjà fait rembouser des ebooks sur amazon.com parce que j’avais cliqué par erreur sur le buy it now d’ebooks dont je lisais un extrait. Le livre est remboursé automatiquement. Donc oui cette clause existe. En tant qu’auteurs j’ai eu quelques ventes annulées aussi.

      • Vu régulièrement sur un forum d’auteurs ENG, oui, c’est une pratique douteuse qui existe, et signalée régulièrement.

        Amazon pratique en effet le remboursement sous 7 jours des ebooks sans poser de questions. (cependant, je crois qu’ils ont aussi un système qui cherche à limiter les abuseurs).

        Le but serait encore une fois de diminuer au maximum la « friction » pour les acheteurs, quitte à rembourser les clients qui ont fait une fausse manip. , ou laisser certains abuser à la marge.

        Du point de vue des auteurs auto-publiés, c’est encore une fois la même question : faut-il verrouiller au maximum autour de ses livres pour les « protéger » du piratage ou des abus, ou au contraire laisser un peu diffuser sans se prendre la tête.

        Chacun se fera son opinion, mais la mienne est que déjà les auto-pubs et indés ont des problèmes de « visibilité ». Sans aller jusqu’à plebisciter une diffusion à gogo, la restreindre encore en verrouillant un max me semble un non-sens.

      • Oui oui j’en suis sûr 😉 J’ai vu faire les lecteurs avec mes livres et du coup je l’ai déjà aussi fait avec des bouquins que je trouvais nuls dès les premières pages. Amazon ne demande pas d’explication, tu es remboursé intégralement et le livre est supprimé du Kindle. Il me semble qu’on ne fait pas ce genre de chose avec un livre papier: le lire puis le retourner pour remboursement…

  5. Je pense continuer à chercher autour de ce sujet, on dirait effectivement qu’il y a matière à en faire un article ! 😉

    Je ne suis pas choqué par le remboursement immédiat, car c’est une politique d’Amazon tout à fait appréciable, d’autant plus qu’une fausse manip’ est vite arrivée. Après, j’espère qu’il y a vraiment une manière de limiter les abus, comme l’indique TheSFReader, car il serait facile de lire gratos toute l’année ! :-p

    @JP-Veste : Cet article revient sur la même pratique en livres papier : http://www.cgv-expert.fr/article/droit-retractation-vente-livres-internet_7.htm Pour résumer : dans la pratique, le droit de rétractation s’applique sur la vente de livres à distance/en ligne, mais certains revendeurs essaient de limiter ce droit (le livre n’est accepté en retour que s’il est encore dans son film plastique par exemple).

    Personnellement, je suis assez pour une diffusion la plus vaste possible, je considère que le DRM est un non-sens et j’encourage mes lecteurs à partager mes livres numériques à leurs proches s’ils le veulent.

    Néanmoins rien n’est bon dans l’excès, ni la protection, ni le libre partage, car l’enjeu actuel reste selon moi de montrer au consommateur qu’un livre numérique a une certaine valeur

  6. Je n’ai vu aucun n’abus sur la vente de mes livres et je trouve cette politique de remboursement plutôt bonne. Cela donne une expérience positive pour le lecteur. Au stade où nous en sommes encore beaucoup de gens ne savent pas bien utiliser leur liseuse ou tablette et l’erreur est commune. Je fais confiance aux plateformes pour repérer les abus car elles ont une trace de tout ce qu’achète et se fait rembourser chaque lecteur ! 😉 Je ne me fais donc pas se souci de ce côté là. 😉 !

  7. Encore un article intéressant qui suscite des interventions non moins intéressantes grâce aux lecteurs de votre blog. Merci à vous, Pierrick, et aux participants.

    T.

  8. Pour juillet 2014, le fond mondial de KDP Select vient d’être porté à 1 400 000 €… Cela mérite de reprendre tes précédents calculs pour mettre en lumière que la perspective est encore meilleure… pour ceux qui voient leurs livres numériques empruntés.

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